Libéria : Les parents jouent un rôle important en aidant les filles à faire face aux stéréotypes de genre

| mars 1, 2021

Téléchargez cette nouvelle

Il est 8 h du matin, et les élèves de la maternelle sont déjà assis sur leurs petites chaises en classe attendant patiemment. Vêtue de son étoffe africaine colorée, Kemah Kollie se tient devant eux et écrit au tableau. Elle se retourne souriante et dit aux élèves ce que la leçon du jour sera.

Madame Kollie affirme que n’eusse été le soutien de son père, elle ne serait pas là, aujourd’hui, à enseigner des élèves. Elle explique : « Ce n’était pas facile pour moi en tant que fille de surmonter les stéréotypes de gens auxquels je faisais face dans ma société et à l’école. Mon père m’a encouragée en me disant que je pourrai réussir en classe mieux que les garçons. Cela m’a beaucoup inspirée. »

Madame Kollie enseigne au Victory Outreach Institute à Gbarnga, la capitale du comté de Bong, au nord du Libéria. Selon elle, c’est son père qui l’a motivée et encouragée à devenir enseignante.

Au Libéria, comme dans beaucoup de pays africains, les filles sont sujettes aux stéréotypes de genre qui font qu’il est difficile pour elles de réussir aussi bien que les garçons à l’école.

Nyanpu Yakpawolo vit à Gbarnga et a deux enfants, dont un garçon et une fille. Selon elle, les rôles attribués par la société aux hommes et aux femmes forgent l’apparence et les comportements des hommes et des femmes.

Elle ajoute que l’apprentissage de ces rôles commence dès le berceau. Madame Yakpawolo déclare : « À mesure que nous grandissons, notre entourage nous apprend comment nous comporter. Les enfants découvrent certains rôles qu’ils associent éventuellement à leur sexe. Par exemple : les rôles masculins sont généralement associés à la vigueur, l’agression et la domination, tandis que les rôles féminins sont associés à l’obéissance, l’éducation et la soumission. »

Amos Togbah est père de quatre enfants. Il réside également à Gbarnga. À ses dires, pour éliminer les stéréotypes de genre et abattre les barrières traditionnelles relatives aux carrières et aux aspirations professionnelles des filles, les parents doivent faire attention lorsqu’ils donnent des articles à leurs enfants parce que les garçons et les filles apprennent également les rôles de genre à travers les jeux.

Il explique : « Les parents offrent aux garçons des choses différents de ceux qu’ils offrent aux filles et cela influence l’éducation des filles. Par exemple : les parents donnent aux garçons des camions-jouets, des fusils-jouets et des objets de superhéros, tandis que les filles reçoivent souvent des poupées et des vêtements de déguisement qui permettent de différencier leurs rôles sociaux de ceux des garçons. »

Madame Anita Rennie milite pour les droits des femmes au Libéria. Elle soutient que c’est dommage que les rôles que les filles jouent dans leurs familles lorsqu’elles se marient résultent souvent des stéréotypes de genre.

Madame Rennie déclare : « La femme sacrifie son plaisir et ses ambitions personnels dans la famille comparativement aux hommes. On entend d’elle qu’elle soit une source d’inspiration pour son mari, afin qu’il devienne riche dans sa vie. »

Zenabia Tiangeh Taylor est la directrice générale d’Impact Girls Liberia Incorporated, une organisation qui fait de la sensibilisation sur de nombreuses questions de genre dans le pays. Selon elle, il est très important de surmonter les stéréotypes de genre qui desservent les filles en veillant à une répartition plus équitable des tâches domestiques et communautaires entre les garçons et les filles.

Elle explique : « Les femmes et les filles doivent se battre pour occuper des postes de responsabilité dans la société. Elles doivent s’exprimer pour protester contre la violence, l’exploitation dans les ménages et en milieu de travail, ainsi que d’autres atrocités sociales qu’elles subissent. Elles devraient faire de la sensibilisation par rapport aux droits des petites filles. »

Josiah Kollie dirige l’établissement postsecondaire John Flomo Bakalu de Gbarnga. Il est le père de Kemah qui a suivi ses traces en devenant enseignante de maternelle. Pour lui, il est très important d’encourager et de valoriser les filles dans tous les volets de la vie pour combattre les stéréotypes de genre.

Monsieur Kollie explique : « Valoriser les petites filles leur donne non seulement une estime de soi, une confiance en soi et un amour propre, mais cela procurera également des avantages économiques à leur communauté. Souvent, lorsqu’une fille est scolarisée, il est fort probable qu’elle retourne dans sa communauté pour faire bouger les choses. »

Il ajoute que les parents, surtout les pères, devraient toujours enseigner et encourager les filles tout comme ils le font avec les garçons. Il déclare : « J’ai encouragé ma fille à travailler dur à l’école et elle enseigne maintenant. Au départ, elle hésitait beaucoup à aller à l’école à cause des stéréotypes de genre. Mais grâce aux encouragements, je suis fier d’elle, car elle enseigne maintenant tout en suivant ses études supérieures au Collège technique du comté de Bong. »

Madame Kollie demeure reconnaissante envers son père pour le rôle qu’il a joué dans sa vie. Elle déclare : « J’encourage les jeunes filles à faire des études leur priorité. Il est aussi très important que les parents financent les études de leurs filles. Le soutien que mon père m’a apporté en tant que fille ne saurait être sous-estimé. »

La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. Le projet « L’apprentissage à distance en période de crise » est réalisé en partenariat avec CODE, TALLE et WE-CARE.