Kenya : Les moyens de contraception : une solution pour la réduction du risque de mortalité maternelle chez les adolescentes (InterPress Service)

| août 2, 2020

Téléchargez cette nouvelle

Nouvelle en bref

Ce n’est qu’à la fin de son dernier trimestre que la famille d’Eva Muigai, 17 ans, découvrit qu’elle était enceinte. Elle prévoyait de se faire avorter, mais avait trop peur. Ce n’est que lorsque l’adolescente perdit connaissance que sa mère découvrit la grossesse. Deux semaines avant son accouchement, elle fut transportée rapidement à l’hôpital où elle subit une césarienne. Toutefois, l’enfant ne survécut pas. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les mères adolescentes et leurs bébés encourent plus de risques pour leur santé que les mères plus âgées. Malgré le coût élevé de la contraception et des soins de santé pour les mères et les bébés au Kenya, le fait de ne pas satisfaire ces besoins peut avoir des répercussions plus graves. C’est la situation de madame Muigai, une élève brillante qui rêve de devenir neurochirurgienne, mais qui est pour l’instant hospitalisée dans un hôpital de référence où elle reçoit des soins.

Eva Muigai était à son dernier trimestre quand sa famille découvrit sa grossesse. Madame Muigai, 17 ans, vit avec sa famille à Gachie, au centre du Kenya. Pendant sa grossesse, elle a passé le temps à porter des vêtements qui, espérait-elle, camoufleraient sa bedaine qui poussait.

Elle déclare : « Mon plan était de me faire avorter, mais j’avais trop peur. Ma camarade de classe a eu un avortement l’an dernier et elle a failli mourir, alors j’ai passé le temps à reporter l’avortement. »

Elle explique qu’à cinq mois, elle prit tout son courage pour aller rencontrer un homme au centre commercial, mais que celui-ci refusa de faire l’avortement, car elle était enceinte de plus de trois mois.

Sa mère découvrit la chose lorsqu’elle perdit connaissance un jour, à sept mois de grossesse.

En avril, deux mois avant la date prévue pour l’accouchement, elle fit rapidement transportée à l’hôpital à cause de crampes abdominales sévères. Elle subit d’urgence une césarienne, mais le bébé ne survécut pas. En mi-mai, madame Muigai a été réadmise à l’hôpital après avoir eu des œdèmes au niveau de l’estomac premièrement, et ensuite sur tout le corps.

Les chercheurs(euses) et les intervenant(e)s prônent un meilleur accès des adolescents(e)s aux moyens de contraception modernes. Ils demandent également de meilleurs soins pour les adolescentes enceintes et leurs nouveau-nés afin de réduire le risque que des jeunes comme madame Muigai se retrouvent à l’hôpital.

Angela Nguku est la directrice générale de la White Ribbon Alliance for Safe Motherhood au Kenya. Elle déclare : « Les complications de la grossesse et de l’accouchement sont une cause majeure de décès évitables et de mauvaise santé chez les adolescentes âgées de 15 à 19 ans au Kenya.

Selon l’Organisation mondiale de la Santé, les mères adolescentes risquent plus d’avoir une éclampsie (convulsions pendant la grossesse ou l’accouchement), une infection de l’utérus et des infections systémiques que les mères âgées de 20 à 24 ans. Les bébés des mères adolescentes risquent plus d’avoir un faible poids à la naissance, de naître prématurément et d’avoir de graves problèmes après l’accouchement.

L’Institut Guttmacher est un organisme de recherche de renommée mondiale qui mène des études sur les grossesses chez les adolescentes au Kenya. Les recherches de l’institut montrent qu’en offrant aux adolescent(e)s un accès plus facile aux moyens de contraception, cela entraînerait une baisse de 73 % des grossesses non planifiées. Les recherches révèlent également qu’un meilleur accès aux méthodes contraceptives modernes et aux soins adaptés pour les adolescentes enceintes et leurs nourrissons pourrait réduire le nombre de décès de 76 % chez les mères adolescentes. En moyenne, 450 Kényanes meurent pendant l’accouchement chaque année.

L’utilisation des moyens de contraception a augmenté au Kenya durant la dernière décennie. Actuellement, 61 % des femmes kényanes utilisent la contraception. Toutefois, chez les jeunes, ce chiffre se situe à 40 % seulement. Par conséquent, près d’une adolescente sur cinq a déjà accouché ou est enceinte de son premier enfant, selon le ministère de la Santé.

Pour parer au risque de stigmatisation et discrimination contre les femmes adolescentes, madame Nyambura exhorte le gouvernement et les acteurs(rices) de la santé à réévaluer le système d’accès des adolescent(e)s aux services publics, y compris les informations sur la sexualité.

Cependant, il y a des craintes que la pandémie du coronavirus entrave ces efforts. Le gouvernement a imposé un confinement à l’échelle nationale en avril avec un couvre-feu la nuit. Les écoles et les centres religieux sont fermés.

Grace Kanini est infirmière dans un hôpital de référence du pays. Elle déclare : « Une pandémie telle que le COVID-19 ne fera que priver les adolescentes de tous les services de [santé et de la reproduction] dont elles ont besoin. Les ressources humaines et financières sont actuellement orientées vers la résolution de cette crise humanitaire. »

Elle ajoute que les gens se rendent à l’hôpital que lorsque la situation est très alarmante, ce qui signifie qu’il y a plus de risques pour les adolescentes qui évitent l’hôpital et les contrôles réguliers. Déjà, plusieurs ratent d’importantes visites prénatales.

Pendant les sept premiers mois de sa grossesse, madame Muigai n’a eu aucune visite prénatale. Elle n’est pas seule dans ce cas. Selon le ministère de la Santé, 51 % des adolescentes enceintes effectuent très peu souvent les quatre visites prénatales essentielles, un nombre recommandé par l’Organisation mondiale de la Santé. Un tiers ne se rend pas dans un centre de santé pour accoucher.

Malgré le coût élevé des moyens de contraception et des soins de santé pour les mères et les nourrissons, l’insatisfaction de leurs besoins a des conséquences plus graves. C’est le cas de madame Muigai, une brillante élève qui rêve de devenir neurochirurgienne, mais qui est couchée dans un hôpital de référence où elle reçoit des soins médicaux.

La présente nouvelle est adaptée d’un article écrit par Miriam Gathigah pour InterPress Service, intitulé « Les adolescentes laissées pour compte alors que davantage de femmes mariées ont accès à la contraception. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur http://ipsnews.net/francais/2020/05/25/les-adolescentes-du-kenya-laissees-pour-compte-alors-que-davantage-de-femmes-mariees-ont-acces-a-la-contraception/.

Photo credit: Miriam Gathigah / IPS