Kenya : L’agriculture régénératrice : une passerelle vers un système alimentaire durable

| novembre 28, 2022

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Nouvelle en bref

Plusieurs spécialistes de l’agriculture et des sciences du sol préviennent qu’au rythme actuel de la destruction des sols, beaucoup d’agriculteurs et d’agricultrices, pourraient ne même plus avoir suffisamment de terres arables pour leur subsistance. L’agriculture régénératrice est une solution à la portée des agriculteurs et des agricultrices, quelles que soient leur région ou leurs cultures. Ce modèle d’agriculture consiste en des pratiques agropastorales qui reconstituent la matière organique du sol et restaurent la biodiversité des sols. Au nombre des pratiques majeures figurent l’utilisation des cultures de couverture, l’application de stratégies de culture sans travail du sol durant la préparation des terres agricoles, l’aménagement de zones tampons ou de « haies vives » pour prévenir l’écoulement de surface et la pratique de l’agriculture et de l’élevage sur la même exploitation. Alice Mwangi pratique l’agriculture régénératrice au Kenya. Selon elle, depuis qu’elle a découvert ces méthodes, son exploitation à un meilleur rendement et ne manque pas de légumes ni d’autres denrées tout au long de l’année.

Les inquiétudes concernant les sols infertiles et la perte de la biodiversité, ainsi que la disparition des semences locales, ne font que s’amplifier. Selon plusieurs spécialistes de l’agriculture et des sciences du sol, au rythme actuel de la destruction des sols, les réserves alimentaires mondiales auront moins de nutriments à offrir dans les 50 prochaines années. À leurs dires, cela aurait de graves implications pour la santé publique et ils préviennent que les agriculteurs et les agricultrices pourraient ne même plus avoir assez de terres arables pour cultiver pour leur propre subsistance.

Selon l’organisation Regeneration International, à moins de protéger et restaurer la fertilité des sols des terres cultivées, des pâturages et des terres forestières, il sera possible de nourrir le monde, de maintenir la hausse des températures au-dessous de deux degrés Celsius, ou d’arrêter la perte de la biodiversité.

C’est la raison pour laquelle d’importants efforts sont consentis en vue de trouver des méthodes agricoles pouvant réduire l’érosion et la dégradation des sols. L’agriculture régénératrice est l’une des solutions qui aux dires des scientifiques sont à la portée des agriculteurs et des agricultrices, quelles que soient leur région ou leurs cultures. Et elle est pratiquée au Kenya.

Alice Mwangi est une Kényane qui pratique ce système agricole et qui milite en faveur de l’agriculture écologique et régénératrice. Elle raconte qu’avant d’adopter les pratiques régénératrices, sa terre était érodée, dégradée, et qu’il était difficile d’y cultiver, malgré l’utilisation d’engrais chimiques.

Lors d’une intervention au Forum mondial sur les paysages, elle a déclaré que depuis qu’elle a découvert les méthodes régénératrices, son exploitation a de meilleurs rendements et ne manque pas de légumes ni d’autres denrées tout au long de l’année.

Elle cultive actuellement un potager d’un quart d’acre à la sortie de Nairobi, et elle est la fondatrice du Hillside Organic Garden Kabete.

L’agriculture régénératrice consiste en des pratiques agropastorales qui reconstituent la matière organique des sols et restaurent la biodiversité des sols. Cette approche a beaucoup d’adeptes dans le monde, et certaines pratiques incluent l’utilisation de cultures de couverture, l’application de stratégies de culture sans travail du sol durant la préparation des terres agricoles, l’aménagement de zones tampons ou de « haies vives » pour prévenir l’écoulement de surface, et la pratique de l’agriculture et de l’élevage sur la même exploitation.

Arohi Sharma est l’analyste de la Politique de l’eau et de l’agriculture au Natural Resources Defence Council (Conseil de défense des ressources naturelles), aux États-Unis. Elle déclare : « Le mouvement pour l’agriculture régénératrice est la prise de conscience par un plus grand nombre de personnes qu’une approche traditionnelle en matière d’agriculture peut aider à restaurer les écologies, lutter contre le changement climatique, rebâtir les relations, stimuler le développement économique et apporter la joie. »

Madame Sharma fait partie de l’équipe du Conseil de défense des ressources naturelles, ou NRDC, qui a interrogé plus de 100 producteurs et productrices qui pratiquent l’agriculture régénératrice aux États-Unis pour renseigner les recommandations sur la création d’un système alimentaire pouvant contribuer à la lutte contre la crise climatique.

Nicodemus Omundo, un chef et agriculteur kényan, est également intervenu au Forum mondial sur les paysages. Monsieur Omundo a relevé l’augmentation et l’urbanisation de la population africaine. Néanmoins, plusieurs personnes auront besoin de terres productives pour cultiver. Monsieur Omundo affirme que la régénération des sols pourrait être un élément clé de l’agriculture urbaine afin de garantir la possibilité de cultiver des produits sains et biologiques, même dans les petits espaces urbains.

Le Kenya fait partie des nombreux pays qui s’apprêtent à renforcer l’utilisation des pratiques agricoles régénératrices. Cela pourrait être une solution aux pénuries alimentaires et aux répercussions du changement climatique sur l’agriculture dans le monde. Cependant, certaines de ces pratiques sont très peu connues.

Ronnie Cummins est membre du comité de pilotage de Regeneration International. Il déclare : « Si vous n’avez jamais entendu parler de l’énorme potentiel qu’offre l’agriculture régénératrice et des méthodes d’utilisation de la terre pour séquestrer naturellement un volume important de gaz carbonique dans le sol et les forêts, vous n’êtes pas seul. »

Il continue : « Un des secrets les mieux gardés dans le monde aujourd’hui est que la solution au réchauffement climatique et à la crise climatique (ainsi qu’à la pauvreté et à la détérioration de la santé publique) gît sous nos pieds, et se trouve au bout de nos couteaux et nos fourchettes. »

Il soutient que l’agriculture régénératrice est une solution, car elle « ne nuit pas » pas à la terre, mais, elle l’améliore plutôt, à l’aide de technologies qui permettent de revitaliser le sol et le milieu environnant.

La présente nouvelle est inspirée de discussions tenues lors de la Conférence numérique Afrique 2022 du Forum mondial sur les paysages organisé en septembre. Pour obtenir plus de renseignements sur le Forum, ou regarder certaines présentations enregistrées, cliquez sur : https://conference.globallandscapesforum.org/africa-2022/sessions

Photo : Alice Mwangi s’exprimant de son jardin où elle pratique l’agriculture régénératrice. Mention de source : Conférence numérique Afrique 2022 du Forum Mondial sur les paysages.