Kenya: La qualité des chèvres laitières est remise en question (The Organic Farmer)

| novembre 8, 2010

Téléchargez cette nouvelle

Ruth Wambui était une éleveuse bien heureuse quand elle a acheté sa première chèvre laitière. C’était une chèvre de haute qualité, donnant jusqu’à quatre litres de lait par jour. Mais maintenant, elle ne parvient pas à trouver de boucs de bonne qualité pour servir ses femelles. Durant les trois dernières années, elle a dû compter sur des boucs d’origine inconnue.

Mme Wambui vit à Wanyororo, à Nakuru (au Kenya). Les chèvres laitières ont été sa principale source de revenus pendant les dix dernières années. Mais maintenant, des centaines de gardiens de chèvres laitières kenyans voient leur rendement de lait diminuer. La qualité des chèvres est inférieure à cause de la consanguinité, d’un manque de race pure, et de fausses informations.

Il y a seize ans, des chèvres laitières exotiques ont été introduites au Kenya. Elles produisent jusqu’à six litres de lait par jour. Elles sont faciles à entretenir, et fournissent un bon revenu et une certaine sécurité pour de nombreux petits agriculteurs. Mais de plus en plus, les agriculteurs signalent des cas où ils croyaient avoir acheté des chèvres de race croisée de bonne qualité, pour ensuite découvrir qu’elles ne sont pas aussi performantes que promis.

Jennifer Nyambura a acheté trois chèvres laitières, il y a quelques années. Elle s’était assurée que les chèvres produisaient quatre litres de lait par jour. Mais même si elle leur fournissait suffisamment de nourriture et un logement adéquat, chaque chèvre ne produisait qu’un litre ou moins.

Lorsque le projet de chèvres laitières exotiques a été introduit, la qualité des chèvres était contrôlée. La Dairy Goats Association of Kenya (Association des éleveurs de chèvres laitières) formait les agriculteurs et tenait des registres d’élevage. Toutes les chèvres étaient enregistrées dans le Kenya Stud Book pour veiller à ce que les agriculteurs utilisent des pratiques d’élevage appropriées. Cela assurait également que l’historique de la chèvre laitière était bien connu. Les agriculteurs pouvaient se baser sur ces dossiers pour identifier les chèvres de bonne qualité lorsqu’ils voulaient en acheter.

Récemment, cependant, la demande pour les chèvres a été énorme. L’Association des éleveurs de chèvres laitières a eu du mal à surveiller la reproduction. L’association affirme que certains agriculteurs se rendent aux bureaux de la Kenya Stud Book et déclarent faussement leurs chèvres comme étant des chèvres ayant un bon pedigree. Avec une carte indiquant que la chèvre a un bon pedigree, la chèvre se vend à un prix plus élevé sur le marché.

Seulement onze chèvres ont été importées pour la reproduction en 1994. Laurian Nambubi est l’agent du diocèse catholique de Nakuru. Il dit: « Jusqu’à présent, le pays s’appuie toujours sur ces 11 races de chèvres pour l’élevage, dans tout le pays. Il s’agit d’une crise parce que la possibilité de consanguinité ne peut pas être évitée. »

Quand les pays européens ont été touchés par la maladie de la vache folle dans les années 1990, le gouvernement kenyan a imposé une interdiction d’importation sur tous les animaux vivants. Cette interdiction n’a pas encore été levée. Il n’est actuellement pas possible de remédier à la situation en important des boucs de races pures.

L’Association des éleveurs de chèvres laitières dit qu’elle a mis en place des mesures strictes de contrôle de qualité. À trois mois, les chèvres sont tatouées et on leur attribue une carte d’enregistrement. Les chèvres qui ont des dossiers appropriés de pedigree sont enregistrées dans le Kenya Stud Book. L’association appose un sceau sur toutes les cartes avant que les chèvres ne soient mises sur le marché.

L’Association des éleveurs de chèvres laitières a remarqué que certains fournisseurs de services malhonnêtes ont donné de fausses cartes. Ces fournisseurs de services ne sont plus sollicités. Un fonctionnaire est maintenant chargé de signer et d’écrire leur propre numéro de téléphone sur la carte d’enregistrement pour assurer qualité et transparence.

Les agriculteurs comme Ruth Wambui font maintenant appel au gouvernement et à des ONG internationales pour résoudre le problème. Leurs moyens de subsistance en dépendent.