Kenya: Des jeunes entrepreneurs prospères sont attirés vers l’agriculture par des médias sociaux (par Adam Bemma, pour Agro Radio Hebdo)

| janvier 20, 2014

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Daniel Kimani n’avait pas trop de considération pour l’agriculture alors qu’il grandissait. Mais il est devenu une personnalité nationale depuis qu’il a commencé à pratiquer la pisciculture. M. Kimani est passé à la radio et à la télévision du Kenya.

Ce jeune homme de 29 ans, originaire du Comté de Nyandurua, au Kenya, à environ 150 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, a obtenu un diplôme universitaire en génie. Frustré par le manque d’emplois disponibles, il a commencé à élever des poissons, après avoir entendu dire que l’agriculture pourrait transformer sa vie.

M. Kimani dit: « Mon rêve est de devenir le meilleur jeune agriculteur d’Afrique et d’être reconnu comme tel par l’Organisation [des Nations Unies] pour l’alimentation et l’agriculture. » On s’adresse déjà à lui en l’appelant Champion Mkulima Young [Jeune agriculteur].

Mkulima Young a été fondé en janvier 2013, sous la forme d’une page Facebook communautaire. C’est devenu la plate-forme d’un média social qui invite les jeunes Kenyans à faire de l’agriculture, par le biais de l’Internet et de la radio. Plus de 26 000 personnes ont aimé cette page Facebook, et on a récemment ajouté Twitter et YouTube à son arsenal de médias sociaux, vu que cette initiative s’adresse aux jeunes ruraux et aux jeunes citadins du Kenya.

Samson Ndung’u vit à Murang’a, une ville située à environ 60 kilomètres au nord-est de Nairobi. Il a vingt-trois ans et était connu pour transporter des passagers à l’arrière de son boda-boda (taxi-moto). Alors qu’il conduisait un client régulier chez lui, l’année dernière, il a allumé la radio de sa moto pour écouter Coro FM. Cette station était en train de diffuser un programme agricole qui mentionnait Mkulima Young.

Le programme a intrigué M. Ndung’u. Il savait reconnaître une bonne opportunité quand on lui en parlait. Alors il a décidé de lancer une entreprise de culture dans son jardin familial. Il récolte des légumes tels que des poivrons, des tomates, des épinards et des concombres, qu’il vend par l’intermédiaire de la page commerciale de Mkulima Young. Lui aussi s’est mérité le statut de Champion Mkulima Young.

Joseph Macharia, trente-sept ans, est le fondateur de Mkulima Young. Il décrit les Champions Mkulima Young comme étant des jeunes gens non seulement prospères en agriculture, mais aussi une source d’inspiration et un modèle pour d’autres.

M. Macharia est expert en agriculture et ancien agent vulgarisateur. Il dit: « Le fait que nous ayons des Champions Mkulima Young (…) a fait changer l’attitude des jeunes [vis-à-vis de l’agriculture]; alors qu’ils la considéraient autrefois comme une activité de vieux, ils la voient désormais comme une profession qui peut faire d’eux des millionnaires. »

M. Macharia utilise les médias sociaux afin de redorer l’image de l’agriculture auprès de milliers de jeunes Kenyans. Mkulima Younga créé un marché virtuel appelé Mkulima Soko [marché de l’agriculteur] où les agriculteurs peuvent vendre leurs production en ligne.

M. Macharia dit: « La culture est en train de changer. Vous seriez surpris de voir combien de jeunes ruraux fréquentent les médias sociaux. » Grâce au site Mkulima Soko, les jeunes agriculteurs ont procédé à 3000 ventes en ligne. Plus de 10 000 nouveaux utilisateurs se sont inscrits à ce site.

Margaret Muchui est agente principale de recherche au Kenya Agricultural Research Institute (KARI). Mme Muchui coordonne les projets du KARI qui impliquent les jeunes d’un bout à l’autre du Kenya, et observe la croissance de Mkulima Young depuis l’année dernière. Elle dit: « Ils ont constaté qu’il était possible de gagner plus d’argent avec l’agriculture qu’avec un emploi formel. »

Pour Mme Muchui, Mkulima Young est un forum où les jeunes gens peuvent se rapprocher les uns des autres et partager inquiétudes et idées. Elle ajoute: « Il connaît un certain succès parce que c’est un forum interactif. Les réponses à de nombreuses questions, ou les solutions concernant une technologie ou des marchés, sont disponibles en ligne. Les jeunes génèrent des profits avec leur entreprise. »

Les techniques de M. Kimani sont une source d’inspiration. Les déchets de ses étangs à poissons sont filtrés à travers des chambres remplies de pierres où se déposent les solides. Ils sont ensuite utilisés comme engrais pour ses fraisiers qu’il irrigue avec l’eau filtrée.

M. Kimani dit: « Grâce à Mkulima Young, je suis devenu consultant en pisciculture et gestionnaire de ferme dans une des plus grosses fermes d’élevages de truites du Kenya. Avant, je gagnais [650$ US] mais maintenant, je gagne plus de [1650$ US] par mois. »