Kenya : Des arbres aident des agriculteurs à restaurer la fertilité de leurs sols et augmenter la production agricole

| juin 24, 2019

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Beatrice Wamalwa sourit en se promenant sur son exploitation entourée d’arbres. Elle regarde, ébahie, le nombre impressionnant d’arbres et se rappelle comme si c’était hier l’aspect différent qu’avait sa terre en 2009.

Selon madame Wamalwa, comme elle n’avait pas planté d’arbres sur son exploitation, les pluies avaient lessivé son sol. Sa terre était devenue infertile et son champ d’une acre était devenu moins productif.

Pour changer son sort, elle commença à pratiquer l’agroforesterie, une pratique suivant laquelle les agriculteurs plantent des arbres ou des arbustes autour ou entre les cultures. Elle explique : « J’ai creusé des tranchées autour de mon champ et j’ai planté des grévillées géantes qui poussent vite et des espèces d’arbres locales et indigènes. Aujourd’hui, même s’il pleut fort, mon sol ne s’érode pas [car] il est protégé. »

Madame Wamalwa est une grand-mère, mère de six enfants, qui vit à Tembelela, un village situé à l’ouest du comté de Bungoma, au Kenya. Elle a appris à planter des arbres qui retiennent la terre et améliorent la fertilité du sol chez Vi-Agroforestry, une organisation non gouvernementale qui a formé 51 membres de son association paysanne il y a une dizaine d’années.

Elle déclare : « Ils nous ont appris que l’abattage des arbres avait permis au soleil de brûler le sol de nos exploitations et que c’est ainsi que celui-ci était devenu moins productif. »

Madame Wamalwa cultive du haricot, des légumes indigènes, des piments (capsicum), du maïs et des patates douces. Elle a commencé à planter les grévillées géantes en 2009 sur le pourtour de son champ et à des endroits précis au centre. Les arbres restent à vie sur le champ, mais ne rivalisent pas avec les cultures pour obtenir les éléments nutritifs, car leurs racines pénètrent plus profondément. Selon elle, les arbres ont contribué à la restauration de la fertilité du sol et à l’atténuation de l’érosion. Leur bois sert à fabriquer des meubles, et leur nectar attire les abeilles.

Lorsqu’ils perdent leurs feuilles, les arbres fournissent à madame Wamalwa environ 30 à 40 centimètres de paillis qui permet également de conserver l’humidité et de protéger le sol. Quand les feuilles se décomposent, elles aident le sol à retrouver sa fertilité.

Albert Luvanda est chercheur à l’Institut de recherche forestière du Kenya. Il soutient que les agriculteurs et les agricultrices doivent tailler leurs grévillées géantes si ces derniers dérangent les cultures ou rivalisent avec elles pour avoir de la nourriture ou la lumière du soleil.

Ezekiel Odeo est un agriculteur de la même région qui a commencé à planter des grévillées géantes sur son exploitation après les formations de Vi-Agroforestry. Il affirme que l’adoption des techniques agroforestières l’a affranchi de la pauvreté.

Pour éviter que le bétail mange ou endommage les grévillées géantes après la récolte, monsieur Odeo les taille, nourrit ensuite ses chèvres et ses vaches avec les feuilles et utilise les tiges comme bois de chauffe.

Amos Wekesa est conseiller en changement climatique à Vi-Agroforestry. À ses dires, les agriculteurs et les agricultrices qui pratiquent l’agroforesterie dans la région ont beaucoup plus de nourriture, de revenus et une meilleure sécurité alimentaire. Monsieur Wekesa ajoute : « Ils sont capables de mieux nourrir leurs familles, et sont plus résilients aux impacts du changement climatique. »

Monsieur Odeo affirme que grâce aux techniques agroforestières, il gagne plus de 2 500 $ US en cultivant. Cela lui a permis de payer les études de ses enfants et de construire une maison en briques de deux chambres pour sa famille. Il déclare : « Aujourd’hui, plus de 70 % de mes revenus proviennent de l’agriculture. »

Cette année, madame Wamalwa a récolté 60 sacs de maïs pesant chacun 90 kilogrammes sur sa terre d’une acre, ainsi que deux sacs de haricot. Avant de planter les grévillées géantes, elle récoltait 3 sacs de maïs de 90 kilogrammes et environ 40 kilogrammes de haricot.

Elle déclare : « C’est un miracle que mes propres arbres me profitent et me rapportent un surplus d’argent. »