Kenya : Des agricultrices et des agriculteurs utilisent la fiente de poule pour nourrir les poissons d’élevage

| janvier 19, 2015

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Les voisines et les voisins de M. Ndinyo se demandaient ce que diable il faisait! En 2013, Dominic Situma Ndinyo a acheté tout juste plus d’un demi-hectare de terre près de Pongola, un village du comté du Bungoma, à l’ouest de l’Éthiopie. Il a envisagé de démarrer une entreprise. Il a commencé par creuser 27 étangs piscicoles et à les approvisionner en tilapia et en neochanna apoda. Puis, alors que son voisinage l’observait avec stupéfaction, M. Ndinyo construisait des poulaillers au-dessus des étangs.

Pendant plusieurs années, la plupart des habitants de Pongola ramassaient seulement du sable sur leurs terres, qu’ils vendaient ensuite aux sociétés de construction. Toutefois, ils gagnaient à peine de quoi nourrir leurs familles. Plusieurs se plaignaient du fait que le ramassage du sable nuisait à l’environnement. Ils se sont rendu compte qu’ils devaient trouver d’autres moyens  se faire de l’argent.

Ndinyo a décidé de faire un essai avec la pisciculture. Après avoir creusé et rempli ses étangs d’eau, il a approvisionné chacun d’entre eux avec 1 300 poissons. Il a construit des poulaillers au-dessus de chaque étang, afin de donner des aliments aux poissons. Des filets installés sur les sols permettent à la fiente de s’écouler directement dans les étangs aménagés en dessous. La fiente fertilise l’eau et procure de la nourriture aux poissons.

La fiente constitue une bonne source de nutriments. M. Ndinya explique : « J’ai appris que les poules utilisent seulement 30 % des nutriments provenant de leurs aliments, et que 70 % de ces nutriments se retrouvent dans leur fiente. Lorsque les poissons mangent la fiente, celle-ci leur procure des protéines, des glucides, des vitamines et des minéraux. »

Ann Wafula est une autre piscicultrice du village de Pongola. Elle aussi a commencé à intégrer l’élevage de poules à la pisciculture. Mme Wafula soutient que les poissons profitent également des insectes qui se développent à partir de la fiente des poules. La fiente non consommée par les poissons procure des nutriments aux insectes. Elle raconte : « Lorsque la fiente tombe dans l’étang, elle forme un dépôt dans le [fond]. Puis, avec le temps, des larves d’insectes se développent et les poissons se nourrissent des larves. »

Ndinyo économise de l’argent en achetant des poules qu’il utilisera comme source d’alimentation pour les poissons. Il économise ainsi 50 % sur les aliments. Il explique : « Pour chaque étang, je [devrais] utiliser environ 30 sacs d’aliments [achetés en magasin] [par] an, mais j’ai [besoin] d’acheter seulement 15 sacs. »

Un sac d’aliments de 20 kg coûte 2 000 shillings kenyans [22 $US]. Par conséquent, M. Ndinyo économise près de 330 $US par étang chaque année, soit environ 9 000 $US pour ses 27 étangs.

L’an passé, M. Ndinyo a enregistré un bénéfice de plus de 10 000 $US avec à ses poissons. La vente des poules lui a rapporté également presque 850 $US. Il déclare : « Neuf mois suffisent pour que les poules soient assez matures pour la vente. Tous les trois mois, je [les] vends et j’en achète de nouvelles. Les poissons ont assez de fiente [pour se nourrir] au fur et à mesure qu’ils croissent. [Je fais un] énorme profit aussi bien avec les poissons que la volaille. »

L’intégration de la pisciculture à l’élevage de volaille est de plus en plus pratiquée dans la région. Les agricultrices et les agriculteurs rendent visite à M. Ndinyo chaque jour pour apprendre à construire des étangs piscicoles et des poulaillers. Ils les aident à acheter d’alevins pour approvisionner leurs étangs.

Evelyn Magma a commencé ses activités piscicoles et avicoles non loin. Elle déclare : « Nous avons réalisé que la pisciculture nous procurait des richesses dans notre localité [et nous] soutenons nos familles. »

Ndinyo emploie actuellement 15 travailleurs permanents sur son exploitation agricole. Pendant les vacances scolaires, il emploie environ 20 jeunes qui gagnent de l’argent pour leurs frais de scolarité.

Il utilise ses bénéfices pour acheter plus de terre et agrandir son entreprise. Les autorités du comté de Bungoma sont en train de construire une usine de transformation de poisson dans la région, afin de répondre à la demande constante en poisson. M. Ndinyo et ses collègues agricultrices et agriculteurs espèrent que leur niveau de vie continuera à s’améliorer.