Kenya: Alors que les rendements de blé sont à la baisse, les agriculteurs se tournent vers les haricots (Fondation Thomson Reuters)

| mai 13, 2013

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Pendant de nombreuses années, le blé a nourri la famille de Joshua Nyaruri et lui a rapporté des revenus décents. Mais dernièrement, il a commencé à cultiver le haricot, une plante auparavant négligée. D’un bout à l’autre de la région de la Vallée du Rift, les haricots sont en train de gagner en popularité.

M. Nyaruri vit dans le village d’Ole Leshua, dans le sud-ouest du Kenya, depuis 60 ans. Il a cultivé du blé, une des céréales les plus valorisées au Kenya. Mais l’imprévisibilité de la météo, possiblement due au changement climatique, a conduit à un déclin de la popularité du blé.

Il dit: « Quand on s’attend à avoir de la pluie, la saison sèche continue. Quand on a besoin de soleil pour faire mûrir les plants, des pluies continuelles assurent que les grains qui restent dépérissent dans les [champs]. »

Quelques agriculteurs cultivent encore du blé dans cette partie de la Vallée du Rift. Charles Ngare cultive cette céréale depuis près de trois décennies. Il explique qu’à cette période de l’année, le blé est normalement en train de bourgeonner et de donner des grains nouveaux. Il dit: « Je pense que la lenteur de la maturation est due au fait que les pluies [sont] en retard. »

D’après M. Nyaruri, beaucoup d’agriculteurs sont maintenant en train de se convertir à des cultures qui peuvent supporter les pressions du changement climatique, des organismes nuisibles et des maladies. Il pense que c’est un effort inutile que de cultiver le blé.

Mr. Nyaruri a laissé tomber le blé il y a cinq ans et n’a aucuns regrets. Il est maintenant en train de battre sa récolte de haricots. Il dit: « J’ai planté les haricots à la mi-décembre l’année dernière, et en début mars je faisais la récolte. » Il a planté deux kilogrammes d’une nouvelle variété de haricots, ce qui a donné une récolte de 65 kilogrammes. Les plantes n’ont mis que deux mois et demi à mûrir.

Les nouvelles variétés ont été développées par le Kenya Agricultural Research Institute, aussi connu sous le nom de KARI. Il semble que les animaux nuisibles ne les aiment pas, ce qui veut dire que les agriculteurs ont moins de pertes pré-récolte. Les scientifiques du KARI disent que les haricots ont aussi besoin de beaucoup moins de pluies.

David Karanja est le coordinateur du projet légumineuse verte, au KARI. Il explique qu’il ne faut que 30 jours aux nouvelles variétés pour fleurir, à partir du moment où elles germent. Cela prenait 90 jours aux variétés plus anciennes. Selon M. Karanja, les nouvelles variétés peuvent produire deux fois plus que les légumineuses traditionnelles.

Les nouvelles variétés cuisent aussi plus vite et sont plus nutritives. Ces facteurs sont des qualités aux yeux de personnes comme Beatrice Kirui. Elle pense qu’elles constituent un plus au régime alimentaire de sa famille. À 26 ans, cette mère de quatre enfants berce son fils de quatre mois et le nourrit tendrement de bouillie de haricots, à l’extérieur de sa boutique, dans le village d’Olereut. Elle dit: « Je mouds les haricots pour en faire de la farine que j’utilise ensuite pour faire de la bouillie. J’utilise moins de bois de chauffe parce que ce type-ci cuit plus vite que le type traditionnel. »

Alors que le climat change dans cette région, les nouvelles variétés offrent un espoir pour l’avenir. Vu que les haricots s’avèrent populaires tant auprès des cultivateurs que des consommateurs, les agriculteurs ont désormais une plante qui pourrait leur servir de source de revenus réguliers.