Ghana : Instauration de bascules de pesage sur le marché : un réel défi

| septembre 24, 2018

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Les petits cultivateurs et cultivatrices de maïs comme Mallam Haruna travaillent dur pour gagner leur vie. Monsieur Haruna vit à Nkoranza Nord, dans la région de Brong Ahafo, au Ghana. À la fin de la saison, il récolte son maïs, puis le décortique et le fait sécher au soleil pour la vente. C’est un processus qui exige beaucoup de travail, et monsieur Haruna espère obtenir une rémunération équitable pour les efforts qu’il aura fournis.

Mais d’abord, il doit mettre ça dans des sacs, et c’est là où les petits producteurs et productrices se font souvent escroquer. Les cultivateurs et les cultivatrices ghanéens sont généralement obligés de vendre leurs produits agricoles au moyen d’un système informel de balances rustiques. Dans ce système, un sac prévu pour 100 kilogrammes pourrait être bourré de 160 kilogrammes de maïs non pesés. Il prive les agriculteurs et les agricultrices d’un revenu important.

Bien que monsieur Harouna vend maintenant dans un marché où de plus petits sacs sont utilisés, il est tout de même obligé de vendre sans balance. Il se plaint : « Je ne reçois toujours pas de prix équitable. »

C’est un véritable problème au Ghana. Selon l’Autorité ghanéenne chargée des normes, le pays est distancé par ses pays voisins ouest-africains en matière d’utilisation de balances. Cela complique davantage les transactions commerciales en Afrique de l’Ouest.

Les organisations telles que le Programme alimentaire mondial, United Purpose et l’Autorité ghanéenne chargée des normes font la promotion des balances et mettent en avant leurs nombreux avantages. Elles affirment que l’utilisation des balances permet de résoudre les litiges sur les prix, favorisent la prévisibilité et accélère le développement économique, car l’unification offre aux petits producteurs et productrices un plus grand accès à un plus grand nombre de marchés standardisés.

Aujourd’hui, des organisations internationales telles que le Programme alimentaire mondial, ou PAM, travaillent avec des agences gouvernementales et des ONG pour entreprendre une campagne de sensibilisation sur les avantages liés à l’adoption de poids et de mesures standards.

Des initiatives précédentes visant à instaurer les balances standardisées ont généré des résultats mitigés. Dans le cadre une campagne qu’il a menée de 2011 à 2016, le PAM a acheté pour deux millions de dollars de maïs chez de petits producteurs et productrices avec des balances calibrées.

Samuel Adjei est un représentant du PAM. Il déclare : « L’utilisation de balances était nouveau pour les [agriculteurs]…. Lorsque les petits producteurs de la région d’Ashanti ont vendu leur maïs au PAM à l’aide de balances calibrées que le PAM avait fournies, ils ont obtenu un revenu supplémentaire. »

Ravis par le résultat, les agriculteurs et les agricultrices ont fait une demande aux autorités locales pour qu’elles instaurent officiellement des balances pour la vente du maïs.

Cependant, les programmes gouvernementaux ne réussissent pas à implanter les balances standardisées. Plusieurs obstacles s’y opposent : le coût de l’équipement, la nature décentralisée de l’économie ghanéenne et l’incapacité des assemblées locales de district à appliquer les arrêtés existants sur l’utilisation de poids et de balances standardisés.

L’autre problème est que certains agriculteurs et agricultrices ne sont pas convaincus que les balances leur permettront d’obtenir un prix équitable. Abukari Mamud est un producteur de maïs qui vit près de Techiman, dans la région de Brong Ahafo, au Ghana. Il préfère vendre ses produits sans balance, car il ne fait pas confiance aux agent(e)s qui font la pesée.

Monsieur Mamud déclare : « Les balances que les sociétés utilisent sont bonnes. Mais les gens qui sont recrutés pour peser le maïs ne sont pas honnêtes. Ils finissent par vous voler. »

John Kofi Donyina est le chef des services municipaux de Techiman où se trouve le plus grand marché de maïs du Ghana. Il déclare : « Je sais [que] certaines municipalités et communes ont adopté des arrêtés concernant les poids et les mesures qui doivent être utilisées sur les marchés. Mais ils sont très inefficaces parce que les acteurs du marché ne sont pas suffisamment impliqués dans le processus d’adoption des arrêtés. La mise en application est également insuffisante. »

Toutefois, monsieur Donyina soutient que les initiatives comme celle qui est en cours sont importantes et doivent se poursuivre. Il ajoute : « J’aime la démarche consistant à impliquer les acteurs du marché dès le début pour réfléchir à la façon dont nous, le gouvernement central, les autorités locales et les projets de développement pouvons travailler ensemble pour faire en sorte qu’une initiative comme celle-ci fonctionne. »

Connor Oke était un volontaire d’Uniterra basée à Accra, au Ghana.

Pour en savoir davantage sur le système de balances rustiques, cliquez sur : https://wire.farmradio.fm/fr/farmer-stories/2016/06/ghana-bannir-les-balances-rustiques-pour-aider-les-agriculteurs-a-obtenir-des-prix-equitables-programme-alimentaire-mondial-14372.