Éthiopie: Obtenir de meilleurs prix pour les caféiculteurs (IRIN)

| septembre 3, 2012

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L’Éthiopie est considérée comme le berceau du café arabica. Mais, alors qu’on boit le café de haute qualité de ce pays dans des cafés du monde entier, de nombreux agriculteurs qui le cultivent demeurent pauvres. Tadesse Meskala est le gérant principal du Syndicat de la Coopérative des Caféiculteurs d’Oromia. Il dit: « La pauvreté est essentiellement due au commerce. Ce n’est pas un manque de ressources naturelles mais la formulation des mécanismes commerciaux qui nous rend de plus en plus pauvres. »

L’histoire du café est étroitement liée à celle de l’Éthiopie. L’histoire dit qu’après la découverte du café, en Éthiopie, il a été commercialisé au Yémen autour du sixième siècle. Aux XVIIe et au XVIIIe siècles, le café avait atteint l’Europe et les Amériques. Mais tout remonte à un arbuste éthiopien.

Le café est la ressource principalement exportée par l’Éthiopie et celle qui génère le plus de capitaux étrangers, avec un total de 840 millions de dollars en 2010. Mais ce n’est pas assez pour une économie en difficulté et un pays où on estime que 39 pour cent de la population vit avec moins de 1,25$ par jour.

Beaucoup de coopératives de café éthiopiennes ont gagné l’accès à des marchés de café internationaux grâce au mouvement de commerce équitable. Mais des questions persistent sur la détermination d’un prix juste pour les agriculteurs. Le commerce équitable est conçu pour être un système d’affaires transparent qui bénéficie et aux consommateurs et aux producteurs. Le mouvement a commencé dans les années 1960. Aujourd’hui, une organisation connue sous le nom de Fairtrade International (FLO) a le système de certification et de label équitables le plus reconnu.

FLO établit le prix minimal du café vert, pour le commerce équitable, à 1,60$ la livre ou au prix de la marchandise à la Bourse de New York (selon le prix le plus élevé des deux). Cette organisation rend aussi obligatoires une prime sociale additionnelle de 0,20$ pour le commerce équitable, plus 0,30$ pour le café organique.

Tsegaye Anebo est le gestionnaire principal du Syndicat de la Coopérative des Caféiculteurs de Sidama. Selon lui, il y a deux types d’acheteurs de commerce équitable. Un type d’acheteurs, tels que Starbucks Corp., n’achète que si le prix de commerce équitable est suffisamment bas. D’autres acheteurs, tels que les petites compagnies de torréfaction, achètent quel que soit le prix, et absorbent tout changement dans les coûts.

Mais comment les agriculteurs sont-ils affectés par ces transactions et ces règlements? Mengesha Wocho est caféiculteur auprès de la Coopérative Kelaitu Hase Gola, dans les terres montagneuses d’Abaya, dans le sud de l’Éthiopie. Il dit: « Ma maison a totalement changé, ma santé et mes revenus personnels se sont améliorés, et je suis en train d’agrandir mes terres agricoles. » Sa communauté a construit un magasin et une école, grâce aux bénéfices gagnés avec le commerce équitable. Mais ils manquent encore d’installations sanitaires et d’eau potable.

Shibru Worera vit à environ deux kilomètres de la ferme de M. Wocho. Il compte se joindre à la coopérative locale car il ne parvient pas à nourrir sa femme et ses six enfants encore en vie. Quatre de ses enfants sont déjà morts. Il dit: « J’espère avoir une chance de m’améliorer. Il n’y a pas d’autre opportunité. »

Malgré les louanges des agriculteurs, certains s’inquiètent encore de ce que le commerce équitable représente une forme de charité qui décourage l’autosuffisance. Abdullah Bagersh est un directeur de la Bourse éthiopienne de Marchandises, qui régule une bonne partie de l’industrie du café. Il dit que le coût de la certification Commerce Équitable peut limiter le nombre de marchés disponibles. Les agriculteurs doivent adhérer à des pratiques strictes, ou bien ils risquent de perdre le marché équitable dans lequel ils se sont engagés et dont ils dépendent désormais. D’autres avancent l’argument que le système divise les communautés, certains agriculteurs se qualifiant pour des primes de commerce équitables alors d’autres n’y sont pas éligibles. Certains commentateurs croient que le prix du café devrait être déterminé par sa qualité et son caractère unique, plutôt que par un système externe.

Le commerce direct a émergé en tant qu’alternative. Dans ce système, les torréfacteurs de café achètent directement des cultivateurs. Les torréfacteurs ont la possibilité d’insister sur les principes de commerce équitable et sur les pratiques d’agriculture durable, mais ils rejettent ce que certains critiquent comme étant des certificats coûteux et méthodologies imposées. Avec le commerce direct, les relations se développent souvent en face-à-face et sont basées sur la confiance.

Willem Boot est un consultant en café qui a dirigé de nombreux projets de développement relatifs au café. Il croit que les cafés éthiopiens ont encore des prix trop bas. Il dit: « Leurs spécialités en matière de café sont (…) mieux que les autres et sont vendues à des prix vraiment bas. Si l’Éthiopie pouvait davantage s’appliquer à faire la promotion de son histoire, qui est unique, elle pourrait générer énormément plus d’argent pour les agriculteurs. »