Éthiopie: L’environnement sec cause des problèmes aux pasteurs (Alertnet)

| octobre 28, 2013

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Dida Gemechu a la cinquantaine et sa vie n’a jamais été si pénible. C’est un pasteur de Borena, une zone située dans l’État d’Oromia, dans le sud de l’Éthiopie, et son moyen de subsistance repose sur le bétail. Mais, à cause de sécheresses de plus en plus fréquentes, il devient plus difficile de trouver assez d’eau pour ses bêtes.

Les pasteurs représentent onze pour cent de la population de l’Éthiopie, bien qu’ils occupent plus de 60 pour cent du territoire du pays. Les pasteurs sont particulièrement vulnérables aux conditions météorologiques changeantes.

M. Gemechu dit que la croissance de la population a causé des conflits entre pasteurs et fermiers, concernant les pâturages. De nombreux pasteurs ont dû réduire la taille de leurs troupeaux.

La taille des troupeaux est un symbole traditionnel de statut, pour les gens de Borena. De nos jours, une grande famille peut avoir un troupeau de 500 animaux, la moitié du nombre qu’une telle famille avait autrefois. Et une famille typique peut garder 150 ou 200 bêtes, bien moins que par le passé.

Dida Kampara est le directeur de l’Oromia Pastoral Technical and Vocational Education College. Il ne pense pas que les pasteurs aient besoin de changer complètement leur moyen de subsistance, mais qu’ils doivent s’adapter en réduisant la taille de leurs troupeaux.

M. Kampara dit que les pasteurs ont aussi besoin de protéger les forêts et de continuer à faire paître leurs bêtes sur des terrains dépourvus de taillis. Il dit: « Une invasion de buissons étrangers décime (…) la flore naturelle de cette région semi-aride. »

Les autorités éthiopiennes encouragent les gens à déraciner les buissons envahissants et à les brûler en tant que combustibles. Mais certains pasteurs pauvres coupent aussi les arbres indigènes pour les vendre sous forme de charbon aux citadins. M. Kampara dit que les forêts sont particulièrement vitales dans cette région où il n’y a pas de rivière à 300 kilomètres à la ronde. Quand on coupe des arbres, le sol s’assèche.

L’impact de la déforestation est considérable pour les pasteurs. Et parce qu’ils dépendent d’un petit nombre d’espèces animales dans un environnement fragile, ils ont bien plus à perdre que d’autres communautés.

Certains pasteurs utilisent des méthodes traditionnelles pour gérer leurs ressources et s’adapter à l’environnement changeant. Les gens de Borena pratiquent encore le système traditionnel Gadaa, un ensemble complexe de règles sociales et politiques. Le système Gadaa est utilisé par les gens de Borena et d’autres clans du groupe ethnique Oromo afin de définir frontières, propriété et autres affaires légales, sans avoir recours aux cours de justice éthiopiennes.

M. Gemechu dit: « Nous (…) abattons des [vaches] près des puits (…) afin d’empêcher d’autres communautés de partager cette ressource limitée, ou de prévenir toute sorte de déforestation dans la région entourant le point d’eau. »

Le sang d’un animal près d’un puits indique aux autres pasteurs que la source d’eau a déjà été revendiquée. Ceux qui passent devant les autres pour prendre de l’eau, ou qui coupent des arbres près des puits, peuvent recevoir une amende.

Les gens de Borena disent que cette méthode les a aidés à réduire l’incidence de conflits, souvent mortels, entre eux et d’autres clans. Cela les aide à conserver leurs ressources alors que les pâturages disponibles se font rares et que les sécheresses s’aggravent.

Les gens de Borena ont ajouté des chameaux et des chèvres à leurs troupeaux à cause de la résilience de ces animaux et de leur capacité de brouter presque n’importe quelle plante. Beaucoup utilisent un système de rotation de pâturages et gardent leur bétail dans un enclos durant la saison sèche. Certains cultivent des plantes telles que des haricots, qui mûrissent rapidement durant la courte période de bonnes pluies.

Mais M. Kampara croit que le moyen le plus efficace que les gens de Borena pourraient utiliser pour s’adapter au climat changeant consisterait à trouver de bons marchés pour leur bétail. Il dit: « Le bétail de Borena est reconnu pour sa qualité, en Éthiopie, mais à cause de la distance qui les séparent des marchés, [il] ne peut générer des profits pour les pasteurs. »

M. Gemechu dit que le fait que les pasteurs sont loin des marchés centraux les rend vulnérables à aux agents intermédiaires locaux, qui les exploitent. Il aimerait que le gouvernement éthiopien ouvre les marchés avec le nord du Kenya, de sorte qu’il puisse vendre ses bêtes là-bas.