Eswatini : La connaissance des avantages d’une zone humide encourage la communauté à la protéger (IPs)

| août 31, 2020

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Nouvelle en bref

Sibonisiwe Hlanze vit tout près de la zone humide de Lawuba, et montre fièrement sa natte faite de fibres de roseaux provenant de la zone humide. Elle vend des nattes aux commerçant(e)s de la capitale économique de Manzine, en Eswatini. Environ 600 femmes récoltent des fibres dans cette zone humide. Elles cueillent également des plantes médicinales indigènes qui servent à soigner des maladies telles que la gale. Cette zone procure plusieurs avantages à la communauté, et nécessite une gestion prudente. Récemment, le Service de l’environnement de l’Eswatini a sensibilisé la communauté par rapport aux nombreux avantages économiques et écologiques de la zone humide. L’écologiste du Service de l’environnement de l’Eswatini, Nana Matsebula, déclare : « Une fois que les gens découvrent et voient les avantages de la préservation de l’environnement, leurs mentalités et leurs comportements changent. »

Sibonisiwe Hlanze vit à quelques mètres seulement de la zone humide de Lawuba d’une superficie de 21 hectares dans la région de Shiselweni, en Eswatini.

Elle présente fièrement sa natte faite avec ce qu’elle appelle « la fibre indigène de la plus haute qualité. » Madame Hlanze se vante de n’avoir déboursé aucun centime pour le likhwane qu’elle utilise pour fabriquer les nattes qu’elle vend aux commerçant(e)s de Manzini, la capitale économique de l’Eswatini. Au contraire, elle a juste à parcourir quelques mètres pour se rendre à la zone humide d’à côté pour couper les roseaux.

Environ 600 femmes récoltent des fibres dans cette zone en juin entre 7 heures du matin et midi.

Madame Hlanze vend la natte à 100 E (5,93 $ US). Lorsque la saison est bonne, elle tresse 15 à 20 nattes et gagne 1 500 E (89 $ US) à 2 000 E (119 $ US).

Cependant, elle préfère récolter et vendre les fibres naturelles. La saison dernière, elle a récolté 10 bottes, et chaque botte lui a rapporté 200 E (11,86 $ US). Les bottes de fibre servent à fabriquer des objets artisanaux tels que les nattes et les paniers.

Madame Hlanze déclare : « Certaines femmes préfèrent acheter la fibre plutôt que d’aller dans la zone humide pour en prendre elles-mêmes, car elles trouvent cela fatigant. »

Elle explique que cette zone est une importante source de revenus pour elle et d’autres femmes, car elles n’ont pas d’emploi, bien qu’elle travaille également sur son exploitation agricole. Madame Hlanze affirme utiliser le revenu supplémentaire de la vente des fibres pour acheter des intrants agricoles.

Nkhositsini Dlamini est la secrétaire du projet Lawuba Wetland, et elle gagne un revenu complémentaire en vendant des nattes. En une saison, elle a eu 23 000 E (1 363 $ US) en vendant des nattes faites de fibres qu’elle a recueillies dans la zone humide. Elle vend ses produits artisanaux à Johannesburg à un prix supérieur à celui qu’elle pourrait gagner en Eswatini. Les nattes coûtent 300 E (17,78 $ US) en Afrique du Sud. Elle a utilisé le complément d’argent pour payer les études de son enfant à l’université.

Dans la zone humide, les femmes peuvent récolter des plantes à fibres telles que le likhwane, l’inchoboza et l’umtsala qui servent à la fabrication de produits artisanaux. Madame Dlamini soutient qu’elles récoltent également des plantes médicinales qui aident à soigner des maladies telles que la gale. La communauté a également aménagé un abreuvoir pour le bétail et un jardin potager arrosé avec l’eau du marais.

La zone humide profite à la communauté de plusieurs manières, ce qui signifie qu’il doit être géré soigneusement.

Selon madame Dlamini, la communauté était sur le point de perdre la zone qui s’était dégradée au fil des ans. Pendant longtemps, le bétail y paissait pendant que les femmes coupaient excessivement les roseaux. Par conséquent, la zone a perdu sa capacité à éponger et à retenir l’eau.

Elle explique : « La quantité de fibres disponible dans la zone humide avait considérablement diminué, sans oublier le nombre de bovins qui mourraient après avoir été pris dans la boue. »

L’état de la zone humide préoccupait le vice-premier ministre Themba Masuku qui a contacté le Service de l’environnement de l’Eswatini pour aider la communauté à protéger la zone. Monsieur Masuku réside dans la région. Il affirme avoir décidé d’agir après avoir remarqué la disparition de certaines plantes indigènes et espèces animales telles que les oiseaux et les serpents de la zone humide qui s’asséchait également.

Il ajoute : « Cette zone humide alimente la rivière Mhlathuze … Elle alimente également une cuve d’immersion en aval. »

Grâce au Fonds national de l’environnement, le Service de l’environnement de l’Eswatini a sensibilisé la communauté par rapport aux avantages économiques et écologiques qu’offre la zone humide. L’écologiste de l’EEA Nana Matsebula déclare : « Une fois que les gens découvrent et voient les avantages qu’ils peuvent tirer de la protection de l’environnement, leurs mentalités et leurs comportements changent. »

La zone humide permet de maîtriser les crues en ce qu’elle absorbe l’eau lorsqu’il pleut. Elle reconstitue également la nappe phréatique et on y trouve une riche biodiversité.

Aux dires de monsieur Matsebula, les zones humides jouent aussi un rôle important dans l’atténuation des effets du changement climatique, car elles retiennent 50 fois plus de carbone que les forêts.

Le Service de l’environnement de l’Eswatini a fourni du matériel pour une clôture afin d’empêcher le bétail de paître et s’abreuver dans la zone humide. Les résidents de la zone ont eux-mêmes construit la clôture en 2010-11.

Toutefois, la zone humide est toujours menacée en raison de la mauvaise réglementation. Des malfaiteurs ont volé certaines parties de la clôture. Monsieur Masuku a affirmé que pour une protection efficace de cette zone humide et d’autres, le gouvernement doit en faire un patrimoine national. Même si la communauté reste la première responsable de la protection de la zone, il affirme que le gouvernement doit apporter son soutien par une surveillance et une réglementation. Mais, pour l’instant, il n’existe pas de permis, et les utilisateurs(rices) des ressources naturelles de la zone en assurent le contrôle.

La présente nouvelle est adaptée d’un article écrit par Mantoe Phakathi pour l’Interpress News Service, intitulé « Understanding the Benefits of local Wetland Encourages Eswatini Community to Save it. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : http://www.ipsnews.net/2020/08/understanding-the-benefits-of-wetland-encourages-eswatini-community-to-save-it/.