Des éleveurs massaï adaptent leurs pratiques, face au changement climatique (AlertNet)

| février 4, 2013

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La vie a changé pour Ngaiyok Legilisho Kipainoi, un propriétaire de bétail massaï du district de Longido, dans le nord de la Tanzanie. Il explique: « Le temps où l’on gardait de nombreuses têtes de bétail pour le prestige n’est plus, grâce à la sécheresse de 2009. Cela nous a servi de leçon. Une leçon nous invitant à nous adapter au changement climatique. »

M. Kipainoi a deux épouses et six jeunes enfants à sa charge. Au début de la sécheresse, M. Kipainoi était le fier propriétaire de 480 bêtes. Il en est sorti avec moins de la moitié de ce nombre. Dans son district, la plupart des éleveurs ont fait face à la même situation, et au moins 120 000 bêtes sont mortes.

Pendant de nombreuses années, les bergers massaï ont résisté au gouvernement, qui les pressait de réduire la taille de leurs troupeaux. Traditionnellement, le nombre de bêtes qu’un Massaï possèdait était un symbole de richesse et de statut social. Mais le niveau de pauvreté dans la région a empiré avec la sécheresse, et le mode de vie traditionnel en a été menacé. La sécheresse a mis en évidence le besoin de s’adapter à l’environnement changeant.

La perte de plus de la moitié de leur bétail, durant la sécheresse de 2009, a incité les Massaï à élever des bêtes plus fortes mais en moins grand nombre. Ils ont réalisé qu’avec le changement du climat, leur richesse repose non sur la quantité mais sur la qualité de leurs animaux.

M. Kipainoi explique: « Après la sécheresse, nous avons réalisé que notre race de zébu locale pouvait tolérer de rudes conditions météorologiques. Elle est bien adaptée à l’environnement. » Il croit que, si les Massaï veulent améliorer leurs revenus liés au bétail et éviter les pertes liées aux sécheresses, ils doivent observer de bonnes pratiques d’élevage animal.

Les gardiens de troupeaux de Longido ont commencé à accoupler des animaux qui sont résistants au changement climatique, mais plus  productifs que leur zébu traditionnel et que les vaches Boran. Des expériences sont en cours sur le croisement de ces animaux avec des races non-indigènes à la région. Ces races « exotiques » sont choisies pour leur plus grande production de lait et leur croissance plus rapide.

M. Kipainoi décrit l’idée sous-tendant leurs efforts: « Cela implique la vente de bêtes qui sont faibles et la production de nouvelles bêtes issues de croisements entre animaux présentant de fortes caractéristiques d’une bonne productivité et d’une bonne résistance. » Ils espèrent aussi croiser des animaux qui soient capables de parcourir de longues distances et qui soient résistants aux maladies locales.

D’autres pratiques d’élevage sont aussi introduites. M. Kipainoi explique: « Notre plan est d’assurer que le vêlage ait lieu au début de la petite saison sèche, quand les pâturages frais permettent aux vaches de produire plus de lait. » En s’organisant pour faire coïncider la période de vêlage avec les pluies, les gardiens de troupeaux ont de bien meilleures chances que les veaux survivent pour devenir des adultes sains et rentables.

M. Kipainoi a vu les avantages financiers découlant d’une gestion plus productive de son bétail. Debout à côté de sa nouvelle moto, sur le site de sa nouvelle maison, il dit: « Nous avons commencé à vendre nos animaux et à utiliser les profits pour bâtir des maisons décentes ou pour couvrir les frais scolaires de nos enfants. » Tous les enfants de M. Kipainoi fréquentent maintenant l’école primaire.