Côte d’Ivoire : Des paysans gagnent de l’argent avec le piment « bec d’oiseau »

| juillet 31, 2017

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Les plants de piment s’étalent à perte de vue dans le champ de Claude Memel. Ici, c’est son « petit territoire », et il est fier lorsqu’il se promène dans le champ. Certains de ses plants de piments atteignent un mètre de hauteur.

Il sourit tel un homme qui a réussi son pari. Mais, il n’avait pas ce regard quand il cultivait les arachides.

Monsieur Memel possède trois hectares de terres à Elibou, dans la sous-préfecture de Sikensi, à 80 kilomètres, au nord d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

Il a commencé à cultiver du piment « bec d’oiseau » ou « piment martin » après avoir eu des problèmes de faibles rendements et peu de revenus avec la culture des arachides. Le piment « bec d’oiseau » est une variété très petite pouvant être de couleur rouge ou verte, et qui a une forme allongée et recourbée.

Avant de commencer à cultiver du piment, l’agriculteur de 38 ans a eu recours aux conseils d’une équipe de techniciens agricoles en visite à Elibou. Ils lui ont montré comment cultiver des piments de bonne qualité et obtenir de bons rendements.

Il arrose quotidiennement ses plants de piment avec environ 20 litres d’eau par mètre carré. On cultive le piment « bec d’oiseau2 en mars ou avril ou durant la saison morte, en septembre ou octobre. En saison sèche, un technicien agricole du nom de Lorng Esmel recommande aux agriculteurs et aux agricultrices de cultiver le piment « bec d’oiseau » près des marécages ou dans un endroit où l’arrosage est facile, car c’est normalement une culture pluviale.

Monsieur Memel utilise des fongicides et des insecticides pour maintenir ses plants de piment en bonne santé. Cela permet au jeune agriculteur de récolter six fois par an. Il déclare : « La culture du piment bec d’oiseau est très rentable. Je récolte six à sept tonnes par hectare, soit 18 à 21 tonnes sur mes trois hectares. »

En deux ans, monsieur Memel a obtenu douze récoltes de piment « bec d’oiseau », comparativement à une récolte qu’il avait par an avec les arachides.

Il gagne 20 à 25 millions de francs CFA [35 000 $ à 43 000 $US] par an, ce qui lui permet de payer les frais de scolarité de ses frères cadets.

Guahou Honora est un agriculteur de 42 ans qui cultive du piment « bec d’oiseau » sur une parcelle d’un hectare et demi, à N’douci, toujours dans la sous-préfecture de Sikensi.

Il affirme que chaque saison représente un défi, et ce, de la préparation de la pépinière à la préparation du sol. Mais la période de récolte est celle qu’il redoute le plus, car cela le met sous haute pression. Monsieur Guahou affirme qu’il doit récolter toute la production en l’espace d’un mois pour éviter que les piments pourrissent.

En plus de ça, il est souvent difficile de trouver une main-d’œuvre qualifiée et disponible pendant cette période. Les producteurs sont parfois contraints de payer des montants élevés aux récolteurs. C’est l’un des volets les plus coûteux de leur exploitation.

Monsieur Guahou affirme : « Je recrute quatre récolteurs par jour et pendant un mois [nécessaire] pour récolter un hectare. Chacun d’eux est payé 2 500 FCFA [4,30 $US] par jour. »

Pour la totalité de sa parcelle d’un hectare et demi, la récolte coûte environ 450 000 FCFA [780 $US].

Cependant, il oublie vite ces difficultés à la fin de la saison. Il déclare : « En l’espace de deux ans, je suis devenu millionnaire malgré les conditions de travail… C’est quelque chose que je n’ai pas réussi à devenir en huit ans quand j’étais dans le commerce ».

L’agriculteur fait bouillir le piment fraîchement cueilli dans de l’huile et le fait sécher sur des claies, les mêmes dont se servent souvent les cacaoculteurs pour faire sécher les fèves.

Il met ensuite tout dans des sacs en coton, avant de les ranger dans des entrepôts bien secs et aérés pour éviter toute humidité. Ils sont alors prêts pour la vente.

Encouragés par certains acheteurs, les deux producteurs comptent se tourner vers la culture du piment biologique en utilisant les fertilisants naturels, et en abandonnant les produits comme des fongicides qu’ils utilisent pour traiter certains plants attaqués.

Mais les coûts des produits biologiques les découragent. Selon monsieur Memel, il faut 18 boîtes de produits biologiques pour un hectare, soit 54 pour ses trois hectares. Chaque boîte coûte 8 000 FCFA [14 $US].

Il lui faudrait aussi acheter douze boîtes de fongicides biologiques pour un hectare. Chaque boîte coûte 5 000 FCFA [9 $US]. Il déclare » « Je veux bien, mais je n’en ai pas les moyens suffisants. »

Malgré ces difficultés, le piment « bec d’oiseau » a changé la vie de monsieur Memel et monsieur Guahou pour le mieux. Ils envisagent tous les deux d’augmenter leurs superficies.