Côte d’Ivoire : Des groupes de jeunes promeuvent la santé sexuelle et reproductive à San-Pédro

| janvier 23, 2024

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Nouvelle en bref

San Pédro is a city in southwestern Côte d'Ivoire, more than 300 kilometres from Abidjan, the country’s capital. A senior student named Karidja Soumahoro leads the San Pédro Youth Advisory Committee. With support from NGOs like "Charité et vie" and "Magic," the committee conducts information sessions about sexual and reproductive health on weekends and school breaks, using technology to reach young people. The sessions focus on safer sexual practices, hygienic menstruation, and the importance of visiting health centres. Lidwine Tié is the supervisor for the association for family well-being. She highlights the cultural barriers that hinder communication and shares worrying statistics on unwanted pregnancies. Despite these challenges, Miss Soumahoro notes the positive impact of their efforts, which include increased inquiries from young people seeking information on sexual and reproductive health.

C’est le week-end et les classes sont fermées à San Pédro, une ville du sud-ouest de la Côte d’Ivoire, distante de plus 300 kilomètres d’Abidjan, la capitale du pays. L’élève de terminale Karidja Soumahoro se tient devant ses camarades dans la cour du dispensaire scolaire du quartier Seweké. Autour d’elle, des camarades filles et garçons suivent ses gestes attentivement. Elle tient dans une main un paquet de préservatifs et dans l’autre une plaquette de pilule contraceptive.

Mademoiselle Soumahoro est la présidente du comité consultatif de la jeunesse de San Pédro. Elle déclare : « Grâce à ces rencontres, nous apportons de vraies informations sur la santé sexuelle et reproductive à nos camarades. Cela contribue à lutter contre les infections sexuellement transmissibles, les grossesses non désirées et les stéréotypes liés aux menstrues. »

Le comité consultatif de la jeunesse de San Pédro est composé de 10 membres, et bénéficie de l’appui d’organisations non gouvernementales telles que « Charité et vie » et « Magic ». Les sensibilisations se déroulent le plus souvent pendant les week-ends, les congés scolaires ou les grandes vacances. Mademoiselle Soumahoro explique les principales activités du comité : « Pour mobiliser les jeunes, nous utilisons les technologies de l’information. Nous faisons des appels téléphoniques ou envoyons des messages sur les réseaux sociaux et dans les différents groupes de messageries. »

Leurs messages portent généralement sur les méthodes de protection durant les rapports sexuels, l’utilisation hygiénique des serviettes pendant les menstrues et la nécessité de fréquenter des centres de santé. Mademoiselle Soumahoro déclare : « Lors de nos campagnes, nous invitons un agent santé pour donner les bons conseils sur le type de contraceptifs qui est adapté à votre corps et votre âge ou faire la démonstration du port du préservatif ou l’utilisation des serviettes hygiéniques. Nous distribuons aussi des flyers ou des gadgets qui portent des messages élaborés sur la santé sexuelle et reproductive dans les établissements scolaires de la ville ou les centres de santé. »

Lidwine Tié préside l’association pour le bien-être familial pour la zone de San Pédro. Elle soutient que la santé sexuelle et reproductive est un état de bien-être total sur le plan physique, mental et social, relativement à tous les aspects du système reproductif. Elle estime que les tabous liés à la religion et aux coutumes ne favorisent pas la communication entre les parents et les jeunes, ainsi que leur accès aux informations liées à la santé sexuelle et reproductive. Madame Tié appuie ses dires par des statistiques du Conseil national des droits de l’homme. La région de la Nawa, dont fait partie la ville de San Pédro a enregistré 374 cas de grossesses non désirées entre 2021 et 2022. De septembre 2022 à avril 2023, le nombre de grossesses en milieu scolaire à augmenter de 5 % à San Pédro.

Mariam Ouattara a 17 ans et elle a suivi plusieurs séances de sensibilisation qui lui ont permis d’avoir de bonnes informations sur la gestion hygiénique des menstrues. Elle déclare : « Je n’ai jamais eu une conversation avec mes parents sur les menstrues du fait que nous ne parlons pas de sexualité à la maison. Quand j’ai eu mes premières règles à 14 ans, j’étais déboussolée et je ne savais pas comment m’y prendre. J’avais honte et je ne savais pas que c’était un phénomène naturel. » Lors des séances de sensibilisation, Mademoiselle Ouattara a reçu de bonnes informations auprès d’une sage-femme que le comité a invitée.

Assoua Kouadio Tanoh est le directeur régional de la jeunesse de San-Pedro. Il explique que la réticence de jeunes à fréquenter les centres de santé est liée à certaines barrières culturelles et traditionnelles. Monsieur Tanoh explique : « Chez le peuple Akan, par exemple, on ne peut pas parler de santé sexuelle aux jeunes avant l’âge de la majorité 21 ans. Pourtant, c’est avant cette période qu’il faut le faire. À cela s’ajoute l’analphabétisme. » Monsieur Tanoh pense qu’aujourd’hui, avec l’Internet et les réseaux sociaux, les jeunes s’initient tôt à la sexualité, et qu’il est donc important de leur fournir la bonne information.

Mademoiselle Soumahoro estime que les campagnes de sensibilisation du comité ont un impact positif sur le changement de mentalités des jeunes. Elle ajoute : « De plus en plus ils viennent vers nous pour demander des informations sur la santé sexuelle et reproductive. »

La présente nouvelle a été produite grâce au financement du projet PASSERELLE mis en œuvre en partenariat avec l’EUMC grâce au financement d’Affaires mondiales Canada.