Congo : La Radio Biso na Biso change la vie des femmes autochtones (par Privat Tiburce Massanga, pour Agro Radio Hebdo au Congo-Brazzaville)

| février 13, 2012

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Simone Botéké est une agricultrice qui vit à Sembola. Elle fait partie d’une population communément appelé Pygmée, qui est en fait un peuple autochtone qui vit dans la forêt, au Congo. Elle vend ses services dans les champs d’agriculteurs Bantou. Chaque jeudi soir est spécial pour elle. C’est le jour de son émission favorite : « Vie de femmes ». Cette émission traite de l’hygiène, de l’agriculture, et de cohabitation pacifique entre les populations autochtones et les Bantous. Simone est l’une des rares femmes du village à posséder un poste récepteur. Elle ne s’en sépare jamais. À la cuisine, au champ, elle l’emmène partout!

L’écoute de la radio est l’une des principales activités de la vie communautaire à Sembola. Ce petit village est l’un des nombreux hameaux situés autour de Pokola, une cité forestière du nord du Congo. La plupart des gens qui vivent à Sembola sont de descendance autochtone. Enfants et adultes se réunissent pour suivre, en petits groupes, les programmes de la Radio Biso na Biso, qui est un partenaire radiodiffuseur de Radios Rurales Internationales.

Dans la grande concession où les maisons en bois ou en feuilles de marantacée se ressemblent, les femmes s’affairent cuisiner, à côté des enfants qui pleurnichent. Simone Botéké, la cinquantaine révolue, s’adresse à sa progéniture : « Eh vous là, apportez moi mon poste de radio, Maman Lydie va bientôt commencer son émission. On est jeudi ». Maman Lydie, c’est Lydie Koungou, la productrice de l’émission « Vie de femmes », à la Radio Biso na Biso. Simone voue un véritable culte à cette émission. Depuis trois ans, elle suit régulièrement ce programme de radio.

Elle se souvient particulièrement d’une émission qui a eu un gros impact sur elle. Elle raconte : « Une fois, j’ai écouté une émission avec des femmes autochtones du village d’Ibamba. Elles m’ont enchantée car elles avaient leurs propres champs de manioc. Vous savez que nous, les peuples autochtones du Congo, nous sommes des nomades et on ne pratique presque pas l’agriculture. Mais le témoignage de ces femmes m’a permis de me remettre en cause et de me prendre en charge. »

Après avoir entendu parler des agricultrices d’Ibamba, Simone a décidé de se lancer en agriculture et de planter des légumes. Elle dit: « Grâce à la radio, j’ai compris que je pouvais aussi faire mes propres champs. Au lieu d’aller travailler toujours pour d’autres personnes, les Bantous en l’occurrence, qui nous sous-payent. Si aujourd’hui je vais travailler chez quelqu’un, demain je m’occupe de mon propre champ. »

La radio Biso na Biso est la seule station dont les programmes parviennent jusque dans les profondeurs de cette forêt tropicale. C’est également la seule station dont les programmes sont destinés aux communautés Bantoues et autochtones, qui cohabitent difficilement.

En dehors des conseils sur les activités agricoles, cette émission discute également des questions de santé et d’alphabétisation des enfants Pygmées ainsi que les dangers liés à l’alcoolisme, qui est un mal sévissant dans la communauté autochtone.

L’émission « Vie de femmes » a donné à sa présentatrice une sorte de statut particulier dans la localité et ses environs. Beaucoup de femmes l’abordent pour demander conseil, parfois pour des questions de vie conjugale. « C’est un honneur et un bonheur que de parler à des gens qui croient en vous. C’est pourquoi je ne dois pas dire n’importe quoi sur les ondes. Mes propos sont pour les auditrices une sorte de vérité d’évangile. Alors, je mesure le poids de ma responsabilité sociétale. Je ne pouvais imaginer un tel impact de la radio sur la vie des gens », confesse Lydie Koungou.