Congo-Brazzaville : Des paysans aménagent aux abords des cours d’eau pour pallier à la sécheresse (par John Ndinga-Ngoma pour Agro Radio Hebdo au Congo-Brazaville)

| août 19, 2013

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Les deux dernières années ont été anormalement secs mais Édouard Mbaya a trouvé une solution. Durant la saison des pluies, Édouard cultive du manioc et de l’arachide sur la terre ferme,  au village Diosso, à une vingtaine de kilomètres au nord de Pointe-Noire, la capital économique du Congo-Brazzaville.  Mais, durant la saison sèchede juin à septembre,, M. Mbaya fait du maraîchage au bord d’un marigot.

M. Mbaya a obtenu desrécoltes  fructueuses d’archides par le passé. Il raconte : «À Diosso, je réalise d’habitude une production quand même satisfaisante, car je gagne souvent trois sacs d’arachides par année pour un champ de 20 mètres de long et 40 mètres de large.[moins d’un dixième d’un hectare]. » Sa récolte de manioc est également bonne.

Mais, l’année dernière, la récolte d’arachides n’a pas été bonne pour M. Mbaya. Il n’a récolté qu’un seul sac.

Une faible production qu’Édouard Mbaya attribue à la rareté des pluies..Il explique : «Il y a eu beaucoup de chaleur et il y a eu peu de pluies, surtout en décembre après les semailles. Ainsi, dès février au moment de la récolte, j’ai constaté que des grains d’arachides semés ont pourri ou se sont consumés sous le sol ».

Jean Pierre Makaya est unclimatologue et météorologue. Il dit que2011 et 2012 ont été les années les plus chaudes de la zone. La température moyenne minimale mensuelle était de  27 degrés Celsius comparativement à la norme de 25 degrés Celsius. Il croit que la tendance est à l’augmentation.

M. Makaya dit qu’il y a eu moins de pluies en 2012 qu’en 2011. Au premier trimestre 2011, 684 mm d’eaux de pluies sont tombées dans la zone de Pointe-Noire contre 243 mm de janvier à mars 2012.

Comme beaucoup d’autres petits agriculteurs de Pointe-Noire, M. Mbaya était choqué par ces changements. Il a résolu cette année de cultiver dans des zones humides, notamment au bord des marigots.  Il explique : «Au bord des rivières, il y a de l’eau…. Voilà pourquoi, cette année, j’ai fait mon champ d’arachide au bord de la rivière Songolo. Je n’ai plus constaté le pourrissement des grains.».

Ngoyo est un quartier au sud de Pointe-Noire. Des agriculteurs  de ce quartier affirment eux aussi être confrontés à des conditions de sécheresse. dû aux modifications du climat. Hélène fait partie de ces agriculteurs. Elle raconte : « Je ne cultive que les aubergines, l’arachide et le maïs. Sur la terre ferme, ces cultures ne donnent plus bien par manque d’eau et l’augmentation des températures ». Pour cette raison, elle est allée s’installer au bord d’une rivière. Elle poursuit : « Mais, ce n’est pas une solution suffisante, car il n’y a pas assez de cours d’eau, il faut donc parcourir de longues distances».

Marcelline Koutatouka est ingénieur agronome. Elle confirme que le changement climatique pose un réel problème pour les agriculteurs de Pointe-Noire. Elle dit : «Ona du mal à bien gérer l’eau, qu’elle soit des rivières ou des pluies. On n’a pas par exemple la maîtrise de la technique d’irrigation. [Les agriculteurs demeurent] dépendant du climat ».

Mme Koutatouka propose ainsi la sensibilisation des paysans sur les changements  climatiques. Elle dit : «Il y a donc nécessité d’encadrer ces paysans afin qu’ils s’adaptent aux modifications du climat».