Congo Brazzaville : Des maraîchères fabriquent et adoptent les engrais organiques

| mai 27, 2019

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Le temps pluvieux ne semble guère inquiéter maman Collette Malanda, ni les cris des moutons, des cabris et des cochons. La dame de 54 ans se trouve dans ses jardins dans un quartier vivant de Brazzaville, la capitale de la République du Congo. Courbée et habillée d’un pantalon noir, elle malaxe la terre afin de bien enfouir ses engrais organiques.

Elle utilise le fumier de compost, car selon elle les engrais chimiques ne parvenaient pas à améliorer la fertilité de son sol à long terme. Le fumier de compost est abordable et fournit à son sol les éléments nutritifs dont il a besoin.

Pour fabriquer son engrais organique, elle ramasse les fientes des moutons, de cabris, de cochons et de bœufs, en plus des feuilles du manioc et des mabokes (terme en lingala/kongo pour désigner le poisson fumé). Elle les mélange ensuite et les enfonce sous terre. La fermentation prend au moins une semaine et demie et requiert un arrosage à grande eau des sillons au préalable. Vers la fin de la seconde semaine, elle commence à semer les graines d’endive, d’épinard, d’oseille et de tomate dans les petits trous creusés dans le compost.

Il y a deux ans de cela, madame Malanda utilisait de l’engrais chimique, mais les résultats étaient mitigés. Elle explique : « Je partais l’acheter au centre agricole pour ensuite l’utiliser. Au départ, les légumes étaient de bonne qualité, mais au bout de quelque temps, la terre était trop habituée au fumier et les légumes poussaient avec des feuilles jaunes. Les clients ne venaient plus acheter. C’est pourquoi j’ai cessé l’usage chimique pour l’organique. »

Grâce à l’engrais organique, ses légumes sont verts et attirants. Elle affirme que les engrais organiques sont également économiques : « Ici, je ne dépense rien d’autre que les graines que je vais acheter au marché entre 50 et 100 FCFA (0,85 $ US). Elle termine avec un sourire : « Il me suffit juste d’aller dans les enclos des éleveurs des cabris et j’ai la solution. » 

Pascaline Koumba est une jardinière de 48 ans, fière d’avoir suivi les conseils et les techniques de celle qu’elle appelle affectueusement « maman Coco. » Elle déclare : « Au marché, ses légumes étaient tout verts alors que les miens étaient un peu pâles. C’est en causant qu’elle m’a expliqué sa technique et aujourd’hui je suis fière parce que mes jardins ont des légumes en santé qui attirent de nombreux clients. Vraiment les engrais organiques sont une aubaine pour moi. »

Fulbert N’senda est ingénieur en développement agricole au ministère congolais de l’Agriculture et de l’Élevage. Il explique que le sol doit être bien nourri, tout comme le corps humain. Il déclare : « Le recours à la fertilisation organique prend de l’ampleur, car le mélange d’excréments d’animaux avec les feuilles de manioc et le maboke contribue à stimuler la fraction organique [du sol], humidifier et nourrir le sol, et mieux nourrir les plantes. C’est pourquoi vous voyez ce sourire permanent sur le visage de ces dames lorsqu’elles voient comment leurs endives, leur épinard, leurs tomates, et leurs légumes en général, poussent bien. »

Monsieur N’senda soutient que la fertilisation chimique apporte les minéraux nécessaires pour nourrir les légumes, mais détériore la qualité des sols. Le fait d’avoir compris que cela pouvait contribuer à la dégradation du sol explique pourquoi madame Malanda a réalisé que ses légumes flétrissaient et devenaient jaunes, perdant leur vitalité et leur attraction auprès de ses clients.

Monsieur N’senda affirme qu’un sol en bonne santé dépend de la disponibilité permanente des éléments minéraux nécessaires pour nourrir les plantes, notamment l’azote, le phosphore et le potassium. L’enfouissement des matières organiques telles que les restes de légumes, les feuilles de manioc, les excréments d’animaux et les déchets de cuisine contribuent à améliorer considérablement les propriétés physiques du sol et à récolter des plants en santé.