Congo-Brazzaville : Blanche Bouanga vend avec succès au marché malgré sa séropositivité (par Privat Tiburce Martin Massanga pour Agro Radio Hebdo, au Congo-Brazzaville)

| novembre 26, 2012

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Il est 16 heures et le marché de Moungali à Brazzaville se vide peu à peu. Blanche Bouanga remballe ses affaires en discutant avec ses copines. Elle porte un t-shirt où l’on peut lire « Femmes solidaires », le nom d’une association de femmes vivant avec le VIH.

Quelques minutes plus tard, elle sort son téléphone portable et lance un appel : « Allô Monsieur Bouesso! C’est moi, Blanche ! J’appelle pour vous dire que j’arrive demain à Louingui. J’ai besoin d’une planche de ciboules, une de piment, deux planches d’oseilles rouges et de trois paniers de mangues. »

En quelques secondes, elle fixe un rendez-vous avec un petit producteur. C’est ainsi qu’elle s’approvisionne en fruits et légumes depuis trois ans.  La vente de produits agricole a sorti cette femme de la précarité. Veuve et séropositive, elle a repris goût à la vie.

Mme Bouanga témoigne de ce qu’elle a vécu il y a 5 ans. Premièrement, son mari est décédé. Ensuite, elle découvre qu’elle est porteuse du virus du VIH. Quelques mois plus tard, sa belle famille lui demande de quitter la concession qu’elle partageait avec eux. Elle doit aussi s’occuper de ses quatre enfants sans soutien.

En son temps, Mme Bouanga vendait déjà quelques condiments au marché sur une petite table. Mais cela ne lui rapportait pas assez pour lui permettre de s’occuper seule de sa famille. C’est à ce moment  qu’elle apprend l’existence de l’Association Femmes Solidaire.

À travers l’association, elle reçoit des conseils et rencontre d’autres personnes dans sa situation.

Une des femmes de l’association s’en sortait bien en ravitaillant certaines familles en légumes. Cela l’a inspirée à intégrer la vente des légumes et fruits dans ses activités au marché.  Une aide financière de 25.000 francs CFA (environ 50 dollars américains) apportée par sa sœur cadette l’a aidée à se lancer.

Aujourd’hui Blanche Bouanga s’en sort mieux. Elle raconte: « Je m’en sors financièrement. Je tiens à soutenir les études de mes enfants jusqu’à leur indépendance. Je vis pour ça.»

Tant dans sa vie professionnelle et que privée, Mme Bouanga ne cache pas séropositivité. Grâce à son respect des engagements, les petits producteurs apprécient bien sa collaboration et son courage.  Elle aide également à changer l’attitude des gens à propos de ce que cela veut dire de vivre avec le virus du VIH.

Jean Mbemba est maraîcher au village de Kombé. Cela fait trois ans qu’il vend ses produits à Mme Bouanga. Il dit qu’au cours d’une discussion dans le village où l’on parlait du sida, elle avait encouragé les gens à se faire dépister. Elle avait pris son propre exemple comme étant une preuve vivante qu’en suivant un traitement, les gens séropositifs peuvent mener une bonne vie. M. Mbemda rajoute: « On ne la voit pas comme une personne malade mais comme une bonne cliente de nos produits maraîchers. »

Quant à madame Emma Ntsoulou, directrice exécutive de Femmes solidaires, elle est contente que Mme Bouanga arrive à s’en sortir grâce à la vente de fruits et légumes. Son exemple motive d’autres femmes en détresse à se prendre en charge.

Mme Bouanga est aussi une inspiration pour ses enfants. Sa fille aînée dit que la séropositivité de sa mère est une affaire familiale. Par exemple, quand Mme. Bouanga va en voyage chez les petits agriculteurs pour acheter des produits, si cela coïncide avec son rendez-vous pour l’approvisionnement en antirétroviraux (ARV) au Centre de traitement ambulatoire, l’une de ses deux grandes filles ira chercher ses médicaments pour elle.

Sa fille aînée dit : « Nous nous impliquons tous pour qu’elle ne manque pas d’ARV. C’est quand elle est en bonne santé physique et qu’elle mène ses activités que nous mangeons, nous payons nos études et le loyer. »