Comores : Un agriculteur entreprenant utilise un prêt pour lancer ses activités agricoles

| juin 10, 2013

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Dans son champ familial d’une dizaine d’hectares, Mohamed Ali Tabibou cultive et sème ses plantes en s’appuyant toujours sur  ses genoux et sa houe. Grâce à un prêt, il a été en mesure de se lancer dans la culture de tomates et de la laitue.

M. Tabibou s’affaire à ses activités agricoles à Domoni, un village au sud de Moroni, la capitale comorienne. Mais la route vers son succès n’a pas été simple.

Tout jeune, M. Tabibou est atteint de rachitisme. Le rachitisme est une maladie qui affecte l’ossification et est habituellement causé par une insuffisance en vitamines D.  Cette maladie l’a laissé avec une incapacité au niveau de ses pieds, mais cela ne l’a pas pour autant arrêter.

M. Tabibou a pris goût à l’agriculture à un jeune âge. Il se souvient : « Quand j’étais encore jeune, je suivais mon père au champ pour l’aider à cultiver et à la récolte de ses produits. » Inspiré par son père agriculteur, il décide d’étudier l’agronomie. Il quitte donc le village pour poursuivre ses études supérieures à l’université des Comores où il obtient en 2009 son diplôme. À cause qu’il était naturellement curieux, M. Tabibou est surnommé le « chercheur » par ses anciens collègues à l’université.

Après ses études, il retourne à Domoni sur son champ familial. C’est à ce moment qu’il décide de se lancer dans la production de tomates et de laitue, parce qu’il sait que ce sont des cultures très consommées et qui lui rapporteraient des revenus importants.

Pour l’aider à partir son projet, il a besoin d’un prêt. Chose qui n’a pas été facile. Après avoir frappé à plus d’une porte, une association de développement locale nommée Shama Sha Mayendeleo lui accorde un prêt de 500 000 Francs comoriens (soit 1340 dollars américains).

Soidrou Ali est le responsable de l’association qui a accordé le prêt à M. Tabibou. Il se souvient : « M. Tabibou a présenté un projet bien monté avec toutes les garanties de remboursement. Il a [même] présenté un de ses champs comme gage ». Aux Comores, un terrain a une grande valeur et s’avère très utile pour l’obtention d’un prêt.

Chaque année, le « chercheur » fait deux récoltes. Il peut gagner par récolte jusqu’à 1 millions de Francs comoriens, ce qui lui a permit de rembourser sa dette en l’espace d’une année.

Grâce au succès de son projet, M. Tabibou a fait  des économies et a réalisé certains projets familiaux. Il énumère les façons dont il a aidé sa famille: « Avec mon argent, j’ai construit une maison pour ma mère. Je paie la scolarité de mes 4 frères. J’ai financé l’organisation du mariage de ma sœur. J’ai payé une voiture pour la famille ».

Fatima Mbaé est la mère de Mohamed Ali Tabibou. Elle s’occupe de la commercialisation de tomates et de la laitue, qu’elle vend à des clientes du petit marché et à certains hôtels à Moroni. Mme Mbaé est satisfaite du succès déjà enregistré par le projet. Toutefois, elle rencontre des difficultés, notamment  le problème de la surproduction et du transport des produits vers la capitale.

Elle explique: « Il y a [un] manque au pays d’une chambre froide de conservation des légumes. Cela fait que si on n’arrive pas à écouler tous nos produits, on est obligé de les donner à nos clients sous forme de prêt. Souvent,  nous ne sommes pas remboursés et cela ralentit les activités ».

Pour palier ses problèmes, M. Tabibou veut créer une association agricole de production et de commercialisation de légumes. Il espère que cette association l’aidera à créer des emplois dans son village.