Ahmed Bacar | octobre 6, 2014
Tous les jours de la semaine, sauf le vendredi, Said Bacar parcourt près de cinq kilomètres à partir de son village pour retrouver son champ de bananes. Il dit à qui veut l’entendre sa passion pour son demi hectare de plantes verdoyantes avec leurs fruits jaunes dorés.
Mais M. Bacar n’a pas toujours été agriculteur. Orphélin de père, M. Bacar a fait plusieurs petits métiers incluant être cordonnier et photographe. Il réparait même des parapluies, des radios et des montres. Mais ce qu’il gagnait suffisait à peine pour nourrir quatre bouches : sa mère, son frère et sa sœur cadets et lui-même. Faute de moyens financiers, aucun d’eux n’étaient inscrits à l’école.
M. Bacar dit: « Certes que je gagnais mon pain dans ces petits métiers mais je me suis aussi rendu compte qu’il me faut beaucoup plus d’argent pour pouvoir soutenir ma famille dans la vie difficile qu’elle mène. Après plusieurs mois de réflexion j’ai décidé d’embrasser le métier d’agriculteur notamment la production de banane».
M. Bacar justifie son choix par le fait que la banane est un produit très en demande aux Comores et qui génère beaucoup de revenu. Aussi, la récolte ne tarde pas. Il explique : « En 6 mois, on peut commencer à récolter contrairement par exemple du cas du manioc, et des ignames qui peuvent durer toute une année ».
Depuis 2012, M. Bacar s’est lancé dans sa nouvelle vie. Il a d’abord passé quelques mois à coté de son oncle maternel Hakimdine Abdallah, producteur de banane. Son oncle lui a permis d’apprendre les techniques de production de la banane.
Il raconte : « C’est moi qui portait les bananiers et les matériels du travail de mon oncle du village au champ. J’étais également chargé de faire les trous pendant que mon oncle, lui, donnait les instructions ».
Après avoir appris les techniques de production, son oncle lui a donné un champ pour la réalisation son propre champ de bananes. M. Bacar y a investit toutes ses économies pour acheter des outils de travail tel qu’une houe et un coupe-coupe et pour l’achat des boutures de bananes afin de les planter.
Aujourd’hui, le jeune producteur assure ne pas regretter son choix. Grâce aux bénéfices qu’il réalise en vendant ses récoltes, il construit la maison de sa mère. Mais ce n’est pas tout. Il confie : « J’ai aussi payé la formation en maçonnerie pour mon petit frère. Ma sœur, elle, apprend la couture ».
M. Bacar peut vendre en un seul mois 15 sacs de bananes à raison de 7500 Francs Comoriens (20 dollars amércains) le sac. Il est reconnu dans son village comme étant parmi les producteurs de bananes les plus importants. Sa mère, Hadidja Soidik, travaille avec son fils en vendant les bananes au marché. Elle dit : « Aujourd’hui je vis mieux grâce aux efforts de mon fils et j’en remercie Dieu ».
M. Bacar fait face à des difficultés liées notamment à la multiplication des voleurs de récoltes, mais il n’est pas découragé. Il est dédié à son champ de bananes et y met toute son énergie. Il se dit très reconnaissant vis-à-vis du rôle qu’à jouer son oncle dans son succès. Il confie : « Je n’oublierai jamais l’aide que m’a apporté mon oncle ».
Pour sa part, M. Abdallah se dit satisfait d’avoir contribué à la réussite de son neveu. Il reconnait que M. Bacar est un jeune homme travailleur et courageux. Il dit : « J’ai gagné doublement dans la réussite de Said. Premièrement, je suis heureux que mon neveu gagne sa vie honnêtement. Deuxièmement, pour ma sœur, je suis content qu’elle mange à sa faim grâce aux efforts de son fils ».