Anne Mireille Nzouankeu | août 10, 2015
Mirielle Yamben est une lycéenne habitant à Yambassa, un village du Centre du Cameroun. Lorsqu’elle n’est pas à l’école, elle cultive et transforme le mamioc. D’une main habile, elle épluche des tubercules de manioc qu’elle lave ensuite dans une bassine. Puis, elle passe ces tubercules dans une « cossetteuse », un appareil qui concasse les tubercules.
Elle met ensuite les cossettes à sécher pendant quelques heures dans un four artisanal fait de terre cuite. Et enfin, elle utilise un moulin pour transformer les bouts de tubercules en farine. Ce processus prendre près d’une journée mais Mme Yamben ne semble pas épuisée. La jeune fille de 23 ans dit : « Lorsque je suis dans le processus de transformation du manioc, je ne vois pas le temps passer. Je pense que c’est parce que j’aime cette activité ».
Elle dit : « J’ai grandi en ville et j’avais l’habitude de manger régulièrement du pain, des beignets, des gâteaux, des pâtes alimentaires. Mais, ces aliments faits à base de farine importée de blé sont rares et chers ici au village. C’est pourquoi je me suis intéressée à la fabrication de ces denrées alimentaires avec les produits du terroir ».
Il y a quatre ans, Mme Yamben a dû quitter la ville pour rejoindre sa grand-mère, Isabelle Itori, au village. À l’époque, sa grand-mère été âgée de 70 ans. Elle voulait prendre sa retraite alors l’arrivée de sa petite-fille a été un soulagement.
Mme Itori a transmis ses connaissances en agriculture et en transformation à sa petite-fille, qui les a améliorées. Elle dit : « Nous cultivons beaucoup de manioc ici et nous transformons ce manioc en farine pour le couscous. Mais [Mme Yamben] a commencé à expérimenter d’autres formes de transformation au point de devenir une bonne pâtissière ».
Jacky Emétiéné est une voisine de Mme Yamben et fidèle cliente. Elle explique pourquoi elle aime les buiscuits et gâteaux de la jeune femme: « La première fois, je m’attendais à ressentir un goût particulier. Mais j’ai été agréablement surprise de constater que les biscuits et gâteaux faits à base de farine de manioc sont aussi bons que ceux faits avec d’autres farines ».
Désormais, Mme Yamben sert des pâtisseries à sa famille pour les jours. Comme les pâtisseries attiraient la plupart des enfants du village à la maison, Mme Yamben s’est dit qu’elle pouvait les fabriquer en grande quantité pour les vendre.
Elle dit : « Les pâtisseries à base de farine de manioc se vendent bien. Mais comme toute la transformation se fait de manière artisanale, nous sommes constamment en rupture de stock. Nous avons sollicité un financement pour acquérir une unité de transformation industrielle mais n’avons pas reçu de réponse favorable».
Mme Yamben est fière de ce qu’elle a déjà pu acquérir grâce à la vente de ses pâtisseries. Elle a acheté un réfrigérateur à 250 000 Francs Cfa (454 $US). Mais ce n’est pas vraiment l’argent qui la motive à faire des pâtisseries. Elle se satisfait plutôt du fait qu’elle peut s’offrir toutes les pâtisseries qu’elle désire.