Cameroun : Un agriculteur fournit de l’eau potable à celles et ceux qui en ont besoin

| mars 21, 2016

Téléchargez cette nouvelle

Un tuyau d’arrosage à la main, l’agriculteur de 28 ans, Hugues Nyamoro, rempli un à un des bidons d’eau de 25 litres. Il les classe ensuite dans un porte-tout et les amène au marché. Il explique : « Cette eau est à vendre. Ceux qui ont besoin d’eau viennent avec un bidon, ils me remettent leur bidon vide et repartent avec un bidon plein d’eau ».

M. Nyamoro a hérité du champ de son grand père ainsi que du forage que le grand-père avait creusé pour l’irrigation de ses cultures. Il y un an, il décide de tirer profit du forage en construisant un kiosque pour commercialiser son eau.

Le kiosque se présente sous la forme d’une maisonnette en planches avec une fenêtre qui sert de comptoir de vente. Le kiosque est situé dans le marché, qui est le lieu de rassemblement pour toute la communauté. Les gens visitent le kiosque de M. Nyamoro pour y acheter de l’eau, tout comme s’ils achètent d’autres produits dans des échoppes.

Vente d'eau

Il explique : « J’ai de l’eau en abondance et d’autres n’en ont pas. Il existait déjà des kiosques pour acheter le pain et d’autres produits tels que des sardines ou du savon de ménage. Je me suis dit qu’il serait bien d’avoir également un kiosque pour l’eau ».

M. Nyamoro vit à Loum, une petite ville située à environ 100 kilomètres de Douala, la plus grande ville et la capitale économique du Cameroun. À Loum, les coupures d’eau sont fréquentes et durent parfois plusieurs jours consécutifs. Pendant les coupures d’eau, les habitants puisent de l’eau du ménage à la rivière. Mais pour ce qui est de l’eau à boire et pour la cuisson des repas, les habitants préfèrent l’eau du forage. Ils recueillent également des eaux de pluie, mais ils manquent de grands récipients pour stocker l’eau pendant une longue période. Et les pluies sont souvent peu fiables, ce qui fait en sorte qu’il est difficile de compter sur l’eau de pluie.

M. Nyamoro explique comment il vend son eau : « Généralement, les gens transportent les bidons d’eau sur la tête. Ils ne peuvent donc transporter qu’un seul bidon à la fois. Ils payent la somme unique de 100 FCFA (0,18$ US) pour le service, peu importe le nombre de fois qu’ils viennent dans la journée, puis 15 FCFA (0,02$ US) par bidon de 25 litres ».

Avant de pouvoir acheter de l’eau au kiosque de M. Nyamoro, les gens parcouraient de longues distances à la recherche d’un forage. Cela posait plusieurs problèmes. Jean-Dieudonné Mbenoum est l’un des clients de M. Nyamoro. Il dit : « Parfois on arrivait, on nous dit que le propriétaire du forage est déjà sorti. Donc nous retournons à la maison avec les récipients vides, ou nous allons à la recherche d’un autre forage. Maintenant nous avons un point fixe de ravitaillement en eau et c’est bien ».

L’autre problème est que la plupart des habitants sont des employés dans les grandes usines de la ville. Ils doivent donc être ponctuels au travail, ayant des heures précises de début et de fin de travail. Après avoir travaillé pour leur employeur, beaucoup d’entre eux vont ensuite travailler dans leur propre petite exploitation agricole. Cela ne laisse pas beaucoup de temps pour ensuite parcourir de longues distances à la recherche de l’eau.

Les clients de M. Nyamoro se recrutent dans toutes les catégories sociales de la ville, même si les personnes plus aisées de Loum ont leur propre forage chez eux.  Il dit vendre en moyenne 20 bidons d’eau par jour. Il explique : « Les jours de marché sont les jours de grosse vente. Les gens profitent de leur passage au marché pour se ravitailler pour toute la semaine ».

L’exemple de M. Nyamoro en a inspiré d’autres.  Il y a désormais trois kiosques à eau dans la ville, tous menés par des jeunes. Fouthié Yvan est l’un des jeunes gens qui ont suivi l’exemple de M. Nyamoro. Il dit : « [C’est] simple et pratique. C’est pourquoi je m’y suis mis également ».