Cameroun : L’arrivée des réfugié(e)s épuise les ressources de la ville (IPS)

| avril 28, 2014

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Abdul Karim vit à Garoua-Boulaï, une ville dans l’est du Cameroun et à la frontière avec la République centrafricaine (RCA). Comme bon nombre de réfugiés qui ont fui au Cameroun, il a quitté la RCA à la fin de février.

Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), environ 30 000 réfugiés ont traversé la frontière vers le Cameroun en février. La petite ville de Garoua-Boulaï a maintenant du mal à répondre aux besoins des réfugiés et des résidents locaux.

M. Karim et 32 membres de sa famille se partagent une petite tente dressée dans un camp de réfugiés temporaire de la ville. « Je suis ici avec mes deux épouses, mes enfants, les enfants de mon frère et ma mère. Nous sommes partis sans rien. Nous dépendons entièrement du HCR pour combler nos besoins », déplore-t-il.

Des milliers de réfugiés attendent que le HCR les inscrive et les loge quelque part. Les travailleurs humanitaires disent qu’il y a beaucoup de Tchadiens et Nigérians parmi les réfugiés de la RCA.

La violence entre les ex-Seleka et les milices anti-Balaka a tué deux mille personnes et déplacé un quart des quatre millions d’habitants de la RCA depuis le coup d’État de mars 2013. Selon les estimations, près de 130 000 réfugiés centrafricains sont actuellement au Cameroun.

Le nombre de réfugiés augmente chaque jour. Tous les jours, des centaines de camions porte-conteneurs voyagent de l’aéroport international de Douala au Cameroun à la RCA via Garoua-Boulaï et  reviennent avec des réfugiés.

Ngotio Koeke est le commandant de l’armée camerounaise à Garoua-Boulaï. « Plus de 100 camions sont revenus de la RCA avec des réfugiés hier et certains sont déjà arrivés aujourd’hui. C’est ainsi depuis février », précise-t-il.

Adamu Usman est un chauffeur de camion. « Nous transportons de nombreux réfugiés chaque fois que nous … retournons au Cameroun … environ une centaine de personnes [par voyage] », dit-il.

La plupart des réfugiés appartiennent au groupe ethnique Mbororo de la RCA de l’ouest et du nord qui est la cible des milices en raison de sa richesse et de son bétail.

Un réfugié, Abdul, a déclaré que, bien que la violence ait cessé, il ne reviendra pas chez lui. « Je n’ai rien. J’ai laissé derrière un troupeau de bovins. Je ne vais pas les récupérer si je retourne chez moi », explique-t-il.

La situation à Garoua-Boulaï est loin d’être idyllique. Esther Yaffo Ndoe est la mairesse de la ville et elle dit que sa petite communauté n’a pas la capacité de s’occuper des réfugiés. La ville a doublé de taille en passant à 80 000 habitants et les services sont surchargés au-delà de leurs capacités. « Les réfugiés sont sur le site temporaire depuis plus de deux mois maintenant et sont toujours en attente d’un transfert. Les réfugiés et les habitants partagent désormais les rares ressources de la ville », ajoute-t-elle.

La nourriture se fait rare et il y a eu une flambée des prix des aliments de base comme le riz et le maïs.

Et il y a d’autres types de problèmes. M. Buba est un agriculteur local et conduit une moto à Garoua-Boulaï. L’homme de 24 ans affirme que sa clôture a été vandalisée par des réfugiés. Il explique: « Mon champ est maintenant exposé au bétail [qui mange les plantes]. Certains réfugiés récoltent des cultures non mûries dans les champs des habitants », explique-t-il.

Un bon nombre de réfugiés ont trouvé du travail en vendant du bois et de la nourriture à leurs compatriotes réfugiés et à la population locale. Cependant, selon le personnel local de Médecins sans frontière (MSF), de nombreux réfugiés souffrent de problèmes de santé tels que la malnutrition, la diarrhée, les troubles gastro-intestinaux et le paludisme.

Jon Irwin est responsable de MSF au Cameroun. « Tant et aussi longtemps que les réfugiés vivront dans les camps et auront accès à de l’eau potable, de l’assainissement, de la nourriture et un abri, le risque d’épidémies de choléra, de rougeole et de paludisme subsistera. Depuis que la saison des pluies a commencé, les risques sont plus élevés; de plus, il y a un grand besoin de vaccins », précise-t-il.

Pour lire l’article sur lequel l’histoire est fondée, visitez le http://www.ipsinternational.org/fr/_note.asp?idnews=7910 .