Burkina Faso : Une fédération féminine tire profit des fruits de l’arbre à karité

| août 19, 2019

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Djaratou Diasso est une agricultrice de 50 ans. Elle se lève tôt le matin pour se rendre aux parcs à karité afin de rassembler les noix de karité, une routine qu’elle suit depuis sa tendre enfance. Il y a une trentaine d’années, les noix de karité ne valaient pas grand-chose. Mais, aujourd’hui, elles sont comme de l’or pour les agricultrices.

L’arbre à karité abonde dans la ville de Léo, à 150 kilomètres de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Plusieurs agricultrices des provinces de la Sissili et du Ziro sont membres de la Fédération Nununa, où plus de 40 parcs à karité sont à leur disposition. Ces « parcs » sont des forêts constituées surtout de karité. Les agriculteurs et les agricultrices les exploitent et les municipalités les protègent jalousement avec l’appui des services environnementaux du gouvernement. À part les fruits de karité, ces forêts regorgent d’autres fruits sauvages comme le raisin sauvage et le néré, ou Parkia biglobosa.

Les agricultrices ramassent les noix du karité, puis les vendent à la Fédération Nununa. L’association les transforme en beurre de karité, employé en cuisine et qui est très prisé par plusieurs industries, dont celles des produits cosmétiques et du chocolat.

Madame Diasso est la présidente de la Fédération Nununa, qui signifie « beurre » en langue locale. Près de 5 000 agricultrices s’organisent en unions et en associations pour ramasser, traiter et vendre les noix de karité. L’activité est une source de revenus pour ces agricultrices depuis qu’elles ont créé une union en 2001, qui est devenue une fédération en 2011.

Cette année, la production s’annonce bonne pour les noix de karité. Chaque matin, les agricultrices se précipitent vers les forêts pour aller ramasser ces noix. En 2018, madame Diasso a rassemblé une tonne de noix de karité qu’elle a vendue à 300 000 francs CFA (512 $ US). Elle déclare : « Les femmes aiment bien cette activité, car avec le karité elles ont maintenant des billets de banque de 5 000 FCFA. »

Toutefois, un enjeu dans cette pratique est que les femmes ne sont pas immédiatement payées pour leur labeur. Diasso Warama vient du village de Cassou dans la même région et elle ramasse aussi les noix de karité. Elle affirme que les femmes doivent attendre longtemps avant de recevoir leur argent. La fédération ne dispose pas de fonds pour payer directement, par conséquent, elle doit attendre de produire et vendre le beurre avant de pouvoir payer les femmes.

Malgré tout, madame Warama soutient que la collecte des noix de karité est la meilleure activité pour les femmes qui veulent gagner un bon revenu. Elle déclare : « Je ne vois pas d’autre activité aussi rentable que l’exploitation des noix de karité. Les bénéfices sont inestimables. Si tu arrives à ramasser trois sacs, tu es riche. » Madame Warama compte avoir 400 000 FCFA (683 $ US) cette année.

L’année dernière, même si la production n’a pas aussi été bonne, madame Warama a tout de même gagné une somme de 122 000 FCFA (208 $ US). Elle déclare : « Avec cet argent, j’ai payé une partie de la scolarité de mes enfants. J’ai même acheté un vélo pour l’aîné qui est en classe de 4e au collège ».

Bena Séraphine est membre de la Fédération Nununa. Elle est aussi présidente d’un groupement de femmes et gagne un revenu grâce aux produits à base de karité. Selon elle, le revenu supplémentaire est important pour les femmes et leurs familles. Elle explique : « Ici, l’homme seul ne peut faire face à toutes les dépenses, [par conséquent,] il faut que les femmes aident financièrement à la scolarisation des enfants, leur habillement, les soins de santé et dans l’achat de certaines denrées alimentaires ».

Uniterra est un programme mis en œuvre par le consortium CECI-EUMC, qui travaille au Burkina Faso avec des partenaires locaux dans le sous-secteur du karité, en vue d’aider les jeunes et les femmes à avoir accès à de meilleures opportunités économiques. L’objectif est de renforcer le pouvoir économique des femmes et des jeunes en développant leur esprit entrepreneurial. Le programme Uniterra a soutenu financièrement et techniquement la production de la présente nouvelle. Le CECI et l’EUMC bénéficient du soutien financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada, www.international.gc.ca.