Burkina Faso : Une agricultrice gagne de l’argent grâce aux légumes biologiques

| juillet 24, 2017

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Aminata Ouédraogo se fraie un chemin entre les planches luxuriantes de salade, d’oignon, et d’oseille. Arrosoir en main, elle sourit en travaillant. Les fortes pluies de l’hivernage ne sont généralement pas propices à la pratique du maraîchage, à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, mais Mme Ouédraogo parvient tout de même à cultiver plusieurs sortes de légumes.

Il y a trois ans encore, elle utilisait des produits chimiques conventionnels pour ses cultures. Mais il faut souligner qu’elle s’est convertie au maraîchage biologique. Elle affirme que cette décision a complètement transformé sa vie. Ses revenus ont considérablement augmenté. La femme de 40 ans gagne en moyenne 50 000 francs CFA [86$ US] par mois, ce qui est nettement meilleur aux 20 000 francs [35$ US] qu’elle obtenait autrefois.

Les légumes biologiques coûtent généralement plus cher que les légumes conventionnels. Pourtant, cela ne semble pas déranger les fidèles client(e)s de Mme Ouédraogo. Depuis deux ans, Germaine Tapsoba achète des légumes chez Mme Ouédraogo chaque semaine. Mme Tapsoba déclare : « J’attache plus d’attention à la qualité qu’au prix. Ces légumes biologiques, cultivés sans produits chimiques, sont très bons pour ma santé. »

En effet, la qualité des produits de Mme Ouédraogo est ce qui attire la plupart des gens. Elle déclare : « Nous vendons des produits sains qui ne contiennent aucun produit chimique. De plus, nous utilisons de l’eau de source pour arroser les plants. »

Mme Ouédraogo a appris la production biologique auprès d’une association féminine. Cette association, surnommée « La Saisonnière », œuvre pour l’autonomisation financière des femmes par l’agriculture et l’alphabétisation. L’association encourage ses membres à produire des aliments biologiques, car elle juge que cela plus rentable. L’association offre également à chaque femme un lopin de terre pour cultiver.

D’autres maraîchers et maraîchères ont été inspirés par le succès de Mme Ouédraogo et ses consœurs productrices. Sanata Ouédraogo cultive à Loumbila, à quinze kilomètres de Ouagadougou, et il lui tarde de suivre les pas de Mme Amina Ouédraogo. Elle a suivi une formation d’une semaine sur la production biologique à La Saisonnière. Mme Sanata Ouédraogo est convaincue qu’elle pourra augmenter ses revenus grâce aux légumes biologiques. Elle déclare : « Si je réussis, je suis sûre que les [autres] membres de mon groupement féminin se convertiront à l’agriculture biologique. »

Mme Aminata Ouédraogo a réduit ses coûts de production lorsqu’elle a adopté l’agriculture biologique. Elle n’a plus besoin d’acheter des engrais ou des pesticides chimiques. Les autres membres de son groupement féminin et elle fabriquent du compost avec les résidus de culture provenant de leurs lopins de terre. Le compost remplace l’engrais chimique. Elles utilisent également du fumier de ferme.

Pour combattre les organismes nuisibles, Mme Ouédraogo utilise de simples préparations végétales faites maison, à base de feuilles de neem, de feuilles de papayer et de piment. Elle écrase les feuilles et les laisse macérer dans l’eau. Plus tard, elle ajoute le piment. Au bout d’une dizaine de jours, le pesticide est prêt pour l’usage. Ce mélange est nocif pour les organismes nuisibles, mais, lorsqu’on l’utilise correctement, il ne comporte aucun danger pour les végétaux ou les humains.

Son activité lui permet de subvenir aux besoins de toute sa famille. Mme Ouédraogo est mère de six enfants, dont cinq sont scolarisés. Son mari étant au chômage depuis cinq ans, c’est elle qui est désormais le chef de famille.

Mme Ouédraogo déclare : « Grâce à mes revenus, je suis tranquille. Même si mon mari ne peut pas m’aider, je pourrais payer les études de mes enfants cette année encore. »

Le présent article a été initialement publié en octobre 2015

https://wire.farmradio.fm/fr/farmer-stories/2015/10/burkina-faso-une-productrice-fait-des-benefices-grace-au-maraichage-biologique-12871