Burkina Faso : Les vers contribuent à améliorer la fertilité des sols

| novembre 13, 2023

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Nouvelle en bref

Dans le village de Betta, au Burkina Faso, Catherine Compaoré Ouédraogo a transformé son jardin grâce à la lombriculture, ou l’élevage des vers de terre. Avec une lombricompostière spécialement conçue et remplie de vers et de matières organiques, madame Compaoré produit du compost riche en éléments nutritifs qui favorisent la croissance de ses cultures. Madame Compaoré a commencé avec juste deux kilogrammes de vers de terre qui se sont multipliés rapidement à mesure qu’ils consommaient les déchets de nourriture, le papier, le carton, les feuilles et d’autres matières organiques contenus dans la lombricompostière. Le compost fini, qui a une texture solide et liquide, sert à enrichir le sol, ce qui procure des rendements agricoles impressionnants. Son succès attire les agriculteurs et les agricultrices du voisinage, et les encourage à adopter la lombriculture.

Par un matin ensoleillé, Catherine Compaoré Ouédraogo est impatiente de se rendre dans son jardin à Betta, un village de la commune de Ziniaré, au Burkina Faso. Madame Compaoré cultive différents légumes et est très satisfaite de la croissance de ses plantes. 

En juin, elle a multiplié des semences de tournesol. Elle déclare : « Quand je vois les tiges qui sont vraiment robustes, je sais que je vais récolter beaucoup de semences grâce à ce lombricompost. »

La magnifique apparence de son potager est le résultat de la pratique de la lombriculture, ou la culture des vers de terre, qui lui procure un compost naturel pour enrichir ses cultures. 

Madame Compaoré se tient devant une plate-bande confectionnée en bois d’un mètre carré et demi et d’une profondeur d’un demi-mètre, et revêtue de plastique. C’est sa lombricompostière et celui-ci est rempli de vers et de débris. Le bac se trouve à l’ombre et peut être couvert, car les vers n’aiment pas la lumière ni trop de chaleur. 

Elle explique : « Quand je les installais, c’est juste deux kilos de vers de terre que j’ai achetés à 25 000 FCFA le kilo, et ils étaient petits comme cela. Au bout de deux mois, quand j’arrive, je trouve qu’ils sont devenus gros et ça multiplie. »

La population de vers double environ tous les 90 jours. Ils consomment les restes de nourriture, soit approximativement un kilogramme de restes par jour pour un kilogramme de vers. 

En ajoutant les matières dans le bac, il est important de s’assurer qu’elles sont moites. Vous pouvez ajouter du papier journal, des morceaux de carton, du fumier composté, des feuilles mortes et de la fibre de coco, aussi longtemps que la matière n’est pas toxique, car les vers mangeront ça, ainsi que les restes de nourriture. Le papier et le carton peuvent être trempés dans l’eau et coupés en petits morceaux. Ils doivent être mélangés avec quelques poignées de terre et des coquilles d’œufs concassées qui apportent du calcium. Les vers transforment tout cela en une terre noire riche. 

Madame Compaoré explique : « Ils vont aller en bas [du bac] et tu vas récupérer ce fumier qui est vraiment riche et qui est très noir. »

Le Jardin de madame Compaoré attire régulièrement des agriculteurs et des agricultrices qui veulent s’informer sur cette pratique agroécologique. Jean Lenglengue est un agriculteur qui s’intéresse à la lombriculture. Il déclare : « Après avoir observé les avantages de la lombriculture, j’aimerais qu’elle m’aide à installer une lombricompostière. »

Dans le passé, les agriculteurs et les agricultrices de la région négligeaient beaucoup les vers, car les vers ne sont pas consommés. Madame Compaoré affirme que plusieurs de ses collègues la sous-estimaient au début, mais qu’ils sont maintenant impressionnés par la façon dont les vers se sont multipliés et le lombricompost solide et liquide a produit des résultats. 

Madame Compaoré explique : « Les vers que nous élevons, tous nos légumes, toutes nos plantes que vous voyez, c’est grâce à notre lombricomposteur que nous [réussissons]. »

Ablacé Compaoré est formateur en agroécologie et coordonnateur de l’Association Interzones pour le Développement Rural. Il souligne l’importance des excréments de vers dans l’enrichissement des sols et la fertilisation des plantes. Il déclare : « Quand vous demandez aux anciens, quand ils allaient choisir un champ, les crottes des vers de terre, c’est un des indicateurs que ce sol est vraiment fertile et qu’on va arriver à bien produire. »

À ses dires, aujourd’hui, les agriculteurs et les agricultrices recherchent d’autres caractéristiques « superficielles » pour choisir des espaces agricoles, surtout que les vers disparaissent. Il ajoute : « On sait que l’absence vraiment de vers de terre nous signifie également que les autres microorganismes et macro-organismes ne sont pas là non plus. Et s’ils ne sont pas, notre production est vraiment mise sous un risque assez important. »

Victor Sawadogo est un agriculteur qui approfondit ses connaissances sur l’agroécologie. Il déclare : « La lombriculture présente de nombreux avantages pour tous les agriculteurs. Même avant, quand on rentrait dans la brousse, on remarquait les déjections de vers de terre. Mais de nos jours, avec l’utilisation des produits chimiques, les vers sont en train de disparaître. »

Selon madame Compaoré, les agriculteurs et les agricultrices doivent être informés qu’ils disposent de tous les outils et avantages pour traiter leurs sols de façon écologique et qu’il faut éviter d’utiliser les produits chimiques qui peuvent nuire à la fertilité des sols, ainsi qu’aux vers de terre. 

La présente nouvelle est inspirée d’une vidéo publiée par Agribusiness TV, sous le titre « Burkina Faso : Elle élève des vers de terre. » Pour regarder la vidéo, cliquez sur : https://agribusinesstv.info/fr/burkina-faso-elle-eleve-des-vers-de-terre/

Cette nouvelle contient des informations extraites de la page du Planet Natural Research Center « Using Worms, » disponible ici : https://www.planetnatural.com/composting-101/indoor-composting/vermicomposting/