Vanessa Combary et Dieudonné Edouard Sango | mai 25, 2020
Nouvelle en bref
Les gouvernements de plusieurs pays ont imposé des restrictions concernant les rassemblements et fermé même les lieux publics afin de freiner la propagation du COVID-19. Toutefois, ces mesures ont ralenti l’activité commerciale de plusieurs usines agroalimentaires burkinabé. Agrodeogracias est située à Saaba, juste en périphérie de Ouagadougou. Cette usine transforme les fruits locaux en jus naturels, mais elle a dû renvoyer les employé(e)s chez eux pour plusieurs semaines. Plusieurs client(e)s ont fermé leurs boutiques, entraînant ainsi une baisse de la demande pour les jus. Cependant, la promotrice de la société, Esther Diendéré, ne croise pas les bras. Elle déclare : « Pour la vente, nous faisons la prospection par téléphone et par WhatsApp. Si quelqu’un le désire, nous lui proposerons la livraison gratuite. Nous travaillons sur les réseaux sociaux. »
C’est une matinée de fin avril et le personnel formé majoritairement des femmes a quitté l’usine. Cependant, on n’entend plus les éclats de rire ni les vrombissements des taxis-motos qui résonnaient habituellement à l’entrée d’où partaient les employé(e)s pour aller livrer les marchandises à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.
L’usine s’appelle Agrodeogracias et est installée à Saaba, une commune rurale située en périphérie de Ouagadougou. Cette usine transforme des fruits du terroir en jus naturels, mais les jus se vendent moins bien depuis que de nombreux espaces publics ont été fermés pour éviter la propagation du COVID-19.
Esther Diendéré est microbiologiste et c’est elle qui a créé la société de transformation agroalimentaire.La femme de soixante ans explique que comme ses principaux client(e)s ont fermé leurs boutiques et que plus personne n’achète leurs produits, son usine a dû arrêter la production.
Cela fait maintenant plusieurs semaines que les machines sont à l’arrêt. Avant la pandémie, l’usine produisait par jour plus de 900 bouteilles.
Seule, dans son bureau, madame Diendéré s’occupe de la paperasse. Elle déclare avec un sourire : « Avant que le COVID-19 ne commence, on n’avait déjà produit une grande quantité de jus qu’on n’arrivait pas à écouler. Nous n’avons même plus les moyens pour produire parce qu’on a le stock qui est là et qui est un fonds immobilisé. »
Par conséquent, les employé(e)s se retrouvent tous chez eux sans salaire. Elle explique : « On a suspendu le travail. Si l’entreprise ne travaille pas, il n’y a rien pour payer les employés. Ils n’ont donc pas le choix que de rester à la maison. C’est la triste réalité. » Seul le service commercial et marketing est présentement en activité. Lorsqu’il y a une commande à livrer, la personne chargée de la livraison vient à l’usine.
Mais la gérante et son équipe marketing ne restent pas les bras croisés. Madame Diendéré affirme qu’ils multiplient leurs offres promotionnelles. « Pour la vente, nous faisons la prospection par téléphone, par WhatsApp. Si quelqu’un le désire, nous lui proposerons la livraison gratuite. Nous travaillons sur les réseaux sociaux. » Il y a aussi une remise de 5 % pour tout achat.
L’entreprise a également renforcé ses pratiques sanitaires. Madame Diendéré explique : « Nous avons mis en place des mesures d’hygiène, à savoir le lavage des mains, l’utilisation du gel hydroalcoolique et du cache-nez [et] le respect de la distanciation d’un mètre entre les agents et lors des livraisons. Nous suivons les règles qui ont été élaborées par les autorités sanitaires. »
Ces mesures sanitaires ne sont pas nouvelles au sein des entreprises de transformation agroalimentaire. Elle déclare : « On avait déjà nos propres règles par rapport à la bonne pratique d’hygiène et de fabrication. Donc [cela] ne vient que nous renforcer par rapport à ce qu’on faisait déjà. »
La situation est un peu plus encourageante dans une autre société de transformation agroalimentaire, SODEPAL, implantée à Zogona, un quartier en plein cœur de Ouagadougou. Cette usine produit de la farine destinée à la consommation, et met un point d’honneur à respecter scrupuleusement les consignes sanitaires édictées par le ministère de la Santé. Il est conseillé à tout le personnel d’être prudent. D’autres ont été renvoyés chez eux.
Sylvie Zoundi est la promotrice de SODEPAL. Elle explique : « Nous avons mis le personnel du service de conditionnement en congé. Il y a peut-être deux à trois personnes qui sont là pour travailler de façon permanente tout en respectant les règles de distanciation. »
Dans ce contexte de crise liée au COVID-19, l’entreprise peine à assurer la livraison de ses produits hors de la capitale. Madame Zoundi explique : « La principale difficulté que nous avons c’est l’accès aux zones où nous avons à fournir les produits. »
À Loumbila, une localité située à une vingtaine de kilomètres de Ouagadougou, les moulins de l’unité de transformation de maïs appelée ALEPA ont cessé de tourner depuis quelques semaines. La principale cause est que les client(e)s habituels ont annulé leurs commandes.
Euloge Tapsoba, le promoteur, explique que l’arrêt temporaire de la production fait suite aux mesures restrictives adoptées par le gouvernement pour contrer l’expansion du coronavirus. Il déclare : « Cela fait un moment que nous sommes en arrêt de production du fait que nous travaillons essentiellement avec les brasseries. »
La société se contente de petites ventes occasionnelles, en attendant un retour à la normale, mais les ventes ne couvrent pas ses charges. Monsieur Tapsoba déclare : « Nous avons des emplois permanents et il faut payer les salaires tous les mois. Il y a aussi les charges sociales qu’il faut honorer. »
En attendant, le personnel au chômage attend et espère une amélioration de la situation sanitaire qui permettra une reprise des activités et le retour de leurs revenus.
La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.