Burkina Faso : Les leaders religieux et coutumiers s’investissent dans la lutte contre les grossesses précoces

| février 2, 2020

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Nouvelle en bref

Au Burkina Faso, la multiplication des grossesses chez les adolescentes inquiète les parents, les élèves et les leaders communautaires. À Sapouy, des chefs religieux de plusieurs groupes confessionnels se sont regroupés pour réfléchir au problème. Emmanuel Bakala, un responsable catholique, rencontre les adolescent(e)s chaque dimanche pour répondre à leurs questions et leur transmettre des messages sur une sexualité responsable. Dans les écoles et les églises, d’autres responsables adressent aux parents et aux jeunes des messages concernant la santé sexuelle et les types de soutien qu’ils peuvent apporter aux filles enceintes. Grâce aux clubs scolaires, aux affiches et à une plus grande communication sur la santé sexuelle, ils espèrent réduire le nombre de grossesses précoces.

Il est 17 heures à l’église paroissiale de Sapouy, à 100 kilomètres de Ouagadougou. Le soleil se couche sur la ville et un calme paisible règne dans ce lieu de culte. Assis sur un banc à l’ombre d’un manguier, c’est Emmanuel Bakala, un catéchiste de 52 ans. Monsieur Bakala est chargé des questions de couple et de la santé sexuelle et reproductive. Il s’empresse de donner un dernier conseil sur les grossesses précoces à un groupe de jeunes filles venues demander conseil.

Il explique : « C’est comme ça tous les dimanches. Après la messe, je reçois les jeunes filles et garçons et les couples pour un entretien sur la santé sexuelle. »

Dans la province du Ziro, au Centre-est du Burkina Faso, le phénomène des grossesses précoces prend des proportions inquiétantes. Plus de 100 jeunes filles tombent enceintes pendant chaque année scolaire et leurs études sont perturbées. Selon la tradition, quand une fille tombe enceinte avant le mariage, elle est chassée de sa famille et les familles d’accueil religieuses refusent souvent de l’héberger, y compris les membres de la famille. C’est pour cette raison que les leaders religieux et coutumiers s’organisent pour donner des conseils sur la santé sexuelle.

Monsieur Bakala est aussi le président provincial de l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina, un regroupement des responsables de toutes les confessions religieuses et des coutumiers pour lutter contre les maux qui bousculent la société. La section provinciale intervient dans les établissements scolaires et les lieux de culte pour sensibiliser les élèves et les parents afin de réduire le phénomène des grossesses précoces.

Monsieur Bakala déclare : « Dans les établissements scolaires, nous prêchons l’abstinence et donnons aux élèves des conseils nécessaires pour les aider à se connaître davantage. Aussi, nous conseillons à ceux qui ne peuvent pas s’abstenir de fréquenter les structures sanitaires pour se procurer une méthode contraceptive. Dans les lieux de cultes, nous interpelons les parents sur leurs responsabilités dans les questions de sexualité de leurs enfants. »

Ensemble, les leaders religieux travaillent à préparer les jeunes en leur offrant une éducation sur une sexualité responsable.

Enoch Nébié est pasteur à l’église des assemblées évangéliques pentecôtistes. Connu pour sa générosité à l’égard des jeunes filles en situation de grossesse précoce, le pasteur Nébié a construit trois maisonnettes dans sa cour pour les accueillir. Chaque année scolaire, il reçoit trois à cinq filles enceintes.

Il explique : « En tant qu’éducateur spirituel, j’ai le devoir de secourir mon prochain. » Il ajoute que dans le monde actuel, les enfants ont une sexualité précoce et qu’il faut, par conséquent, agir vite pour renforcer la sensibilisation afin de prévenir les grossesses précoces. C’est pourquoi il consacre chaque dimanche, une heure de sensibilisation sur la santé sexuelle au profit des jeunes.

Salif Nama de la communauté musulmane de Dalo affirme qu’à la suite d’actions de sensibilisation de l’Union des Religieux et Coutumiers du Burkina, le phénomène de grossesse précoce a considérablement diminué dans la région. Certains parents acceptent la réinsertion des filles enceintes dans la famille. Cependant, quand le géniteur réfute la paternité ou que la fille ne sait pas qui l’a réellement enceinté, le problème est porté auprès des services de l’action sociale et de la famille pour une suite à donner.

L’intervention des leaders religieux dans la prévention des grossesses précoces a suscité beaucoup de changements concrets au sein des établissements scolaires et de la communauté. Les élèves s’organisent en clubs pour discuter du problème. Aussi, des pancartes de sensibilisation sont dressées au sein des établissements pour sensibiliser les gens par rapport à ce problème. Les jeunes reçoivent les conseils de plusieurs personnes de plusieurs manières, toujours dans le but de réduire le phénomène des grossesses précoces.

Cette nouvelle a été produite avec l’appui du gouvernement du Canada dans le cadre du projet « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et la nutrition des adolescents au Burkina Faso » (ADOSANTE). Le projet ADOSANTE est piloté par un consortium formé par Helen Keller International (HKI), Marie Stopes-Burkina Faso (MS/BF), Radios Rurales Internationales (RRI), le Centre d’information de Conseils et de Documentation sur le Sida et la Tuberculeuse (CICDoc) et le Réseau Afrique Jeunesse Santé et Développement (RAJS).