Solange Bicaba | octobre 25, 2021
Nouvelle en bref
Zenabo Soré réside au secteur 25 de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso. Elle est membre d’un pari mutuel local, une coopérative d’épargne mutuelle, depuis neuf ans. Les coopératives d’épargne mutuelle féminine sont répandues dans la région des Hauts-Bassins du Burkina Faso. Trois types de groupes interviennent dans cette région, en fonction des besoins des membres. Le premier type est un simple groupe d’épargne, dont les membres cotisent chaque jour un montant fixe qu’elles remettent à la gérante du fonds, qu’elles appellent Maman Tontine ou « Maman argent. » Le deuxième permet aux femmes d’économiser assez d’argent pour acheter un produit particulier. Le troisième groupe permet aux femmes d’avoir accès à des prêts informels. Grâce à ces types de coopératives d’épargne mutuelle, les femmes des Hauts-Bassins, au Burkina Faso, peuvent économiser pour leurs besoins et s’entraider. Lorsqu’on leur propose l’option des services bancaires conventionnels, plusieurs préfèrent leur pari mutuel local.
Zenabo Soré, est une habitante du secteur n 25 de Bobo-Dioulasso, la capitale économique du Burkina Faso. Elle est membre d’un pari mutuel depuis neuf ans.
Elle explique : « Je cotise 500 FCFA (0,90 $ US) par jour. À la fin du mois, j’ai droit à 15 000 FCFA (27 $ US). »
Grâce à cette somme, madame Soré dit être fière de pouvoir payer la scolarité de sa fille.
Les groupes de paris mutuels des femmes sont courants dans la région des Hauts-Bassins du Burkina Faso. Il existe trois types de paris qui se pratiquent dans cette région, en fonction des besoins des membres.
Le premier est un simple groupe d’épargne dont les membres versent chaque jour un montant fixe à la gérante des fonds appelé « Maman tontine » ou « Maman argent. » Le groupe fonctionne sur un contrat verbal entre la gérante du fonds et chaque membre, et la gérante recueille et fait un suivi des cotisations. À la fin de chaque mois, la maman tontine soustrait sa commission qui est égale à une cotisation journalière de chaque membre et verse à chaque parieuse, le restant de son épargne.
Le deuxième type permet aux femmes d’économiser suffisamment pour acheter un produit particulier. Chaque cliente qui souhaite participer paie une somme journalière à une commerçante jusqu’à concurrence du prix de la marchandise qu’elle souhaite acquérir, et la commerçante lui remet son article.
Le troisième type de tontine permet aux femmes d’avoir accès à des prêts informels. Ce type est une cotisation mensuelle entre les membres d’un groupe. Les fonds épargnés mensuellement sont remis tour à tour en intégralité à un membre ou répartis entre plusieurs membres. Les revenus acquis grâce au pari permettent aux femmes de créer des activités génératrices de revenus. Ces revenus servent de fonds de roulement pour leurs activités, et sont intégralement remboursés au fil du temps.
Patricia Sanon, qui est elle-même gérante de fonds maintenant, vend des articles féminins tels que les sacs, les pagnes et les chaussures à Bobo-Dioulasso. Elle épargne entre 2 000 FCFA (3,60 $ US) et 5 000 FCFA (8,90 $ US) par jour dans le cadre d’un simple groupe d’épargne, en fonction de sa recette journalière. Elle dit préférer les paris financiers au groupe de tontine, à cause d’une mauvaise expérience qu’elle a vécue.
Elle explique : « Avant j’étais dans les tontines dont la mise faisait 20 000 FCFA (35 $ US) par mois. Mais il est fréquent qu’à ton tour tu n’arrives pas à entrer en possession de tes fonds. »
Madame Sanon explique que soit la gérante des fonds disparait avec l’argent, soit certains membres refusent de rembourser leurs prêts.
Avec les économies du pari mutuel de son groupe d’épargne simple, madame Sanon arrive à continuer son commerce.
Si le pari est avantageux pour les membres, il l’est d’autant plus pour les responsables du fonds. Fatimata Somda est commerçante de pagnes à Bobo-Dioulasso. Elle est « Maman tontine » depuis 2014.
Elle déclare : « À mes débuts, je comptais dix personnes, mais aujourd’hui, j’ai plus d’une centaine de membres. Mon statut de “Maman tontine” me permet d’avoir au moins 150 000 FCFA (265 $ US) par mois. »
Ces revenus permettent non seulement à madame Somda de soutenir son mari, mais également de venir en aide à ses parents.
Mais le statut de maman tontine n’a pas que des avantages. Il est arrivé parfois que madame Somda perde de l’argent à cause de crédits non remboursés.
Malgré ces difficultés, madame Somda est convaincue que son pari aide les femmes à mener leurs activités économiques.
Elle explique : « Le pari contribue beaucoup à l’entraide et à la solidarité entre les femmes pour peu qu’il y ait la confiance mutuelle. » Elle ajoute qu’il y a des femmes qui contractent des prêts avec certains fonds formels.
Dahanatou Djerni est Maman tontine d’un groupe de 30 personnes. Les commissions de son groupe de pari lui permettent de subvenir à ses besoins en l’absence de son mari qui pratique l’orpaillage artisanal. Madame Djerni encaisse entre 25 000 et 50 000 FCFA (44 $ – 88 $ US) de commissions par mois.
Grâce aux paris mutuels de ce genre, les femmes des Hauts-Bassins du Burkina Faso peuvent économiser pour leurs besoins et s’entraider. Lorsqu’on leur propose l’option du système bancaire formel, plusieurs préfèrent leur pari mutuel local.
La présente nouvelle a été produite grâce au soutien financier du gouvernement du Canada par l’entremise d’Affaires mondiales Canada.
Photo : Des femmes discutent de la pintade à Bognayili, au Ghana, en 2019. Crédit : Nina LaFlamme.