Sita Traoré | juin 22, 2020
Nouvelle en bref
On est en mi-journée à Bobo-Dioulasso, au Burkina Faso, et les rues sont curieusement calmes. C’est la nouvelle réalité depuis l’imposition des mesures d’auto-isolement et des restrictions par le gouvernement pour ralentir la propagation du COVID-19. Mais dans les maisons, les femmes sont plus que jamais surchargées de corvées et ont de nouvelles routines. Gny Coulibaly Zabsonré affirme que ses travaux ménagers ont doublé maintenant que les écoles sont fermées et que ses enfants passent toute la journée à la maison. En plus, elle doit prendre des précautions spéciales chaque fois qu’elle quitte la maison et rentre du travail. Elle raconte que lorsque son mari est la maison, la charge de travail est encore plus, car lui aussi demande son attention.
Il est 12 h 35 et la ville de Bobo-Dioulasso est calme et les voies sont dégagées. En temps normal, ce serait l’heure de pointe. C’est l’autoconfinement qui fait la différence.
Gny Coulibaly Zabsonré peut rejoindre aisément son domicile après sa journée de travail au Centre hospitalier régional de Bobo. Elle est sage-femme au service de grossesse pathologie à Bobo-Dioulasso, la deuxième du Burkina Faso, et la deuxième la plus touchée par le nouveau coronavirus.
Elle explique son quotidien depuis la découverte de cas confirmés dans cette ville :
« Chaque jour, quand je quitte du boulot, après avoir observé les mesures barrières édictées au service [médical], je dois, dans le souci de protéger ma famille, passer sous la douche, [et] laver tous mes habits à l’eau de javel à l’extérieur avant d’accéder à la maison. »
C’est une lourde responsabilité pour une femme et une mère qui veut garder sa communauté et sa famille en bonne santé.
Comme Bobo-Dioulasso, à Koudougou, les activités se déroulent à un nouveau rythme en raison des restrictions imposées pour éviter la propagation du COVID-19. C’est ainsi, même si la ville n’a enregistré aucun cas d’infection au coronavirus.
Eugenie Gansonré Ouédraogo est la coordonnatrice régionale des organisations féminines du Centre-ouest et elle réside à Koudougou. Ici, les gens font preuve de vigilance, et observent autant que possible les mesures barrières. On perçoit le stress.
Elle explique comment elle protège sa famille :
« Quand la servante va au marché, elle porte toujours son masque, dès son retour du marché avec les condiments, elle se lave les mains au savon, nous déballons tout pour laver à l’eau de javel, puis les sachets sont jetés à la poubelle avant de commencer la cuisine. »
Le COVID-19 maladie a augmenté la charge de travail des femmes. À Bobo-Dioulasso, madame Zabsonré affirme les corvées domestiques ont doublé, maintenant que ses enfants sont à la maison. Elle explique : « Leur prise en charge demande beaucoup d’attention. Ils doivent manger le matin, à 10 h, à midi et le soir, donc il faut préparer en conséquence. »
En plus des enfants, madame Zabsonré témoigne que les maris passent plus de temps à la maison à cause du confinement et du couvre-feu. Cela demande plus d’attention de la part de la femme. Elle déclare : « Elle doit être à ses petits soins. Mon mari travaille dans une ville, à 300 kilomètres d’ici. S’il rentre le week-end, la charge de travail devient plus intense. »
Au Burkina Faso, plusieurs femmes ont l’impression que les travaux domestiques ont augmenté depuis l’apparition du COVID-19, surtout avec les mesures telles que le confinement et la quarantaine. Le seul soutien qu’elles ont pour l’instant, c’est celui des enfants en âge de travailler qui les épaulent de temps en temps.
Ces nouvelles routines augmentent effectivement les charges des femmes. Madame Gansonré Ouédraogo est mère de famille et elle affirme que ses enfants sont désormais à la maison 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, ce qui signifie plus de travail les parents. Elle explique : « Les enfants veulent sortir s’amuser avec leurs camarades, donc il faut veiller à ce qu’ils ne sortent pas ou les surveiller au maximum. La rigueur dans l’hygiène, le lavage des mains, à chacun son verre, son plat, sont de nouvelles exigences à respecter scrupuleusement, et il faut bien sensibiliser la famille, surtout les enfants, alors qui mieux que la femme pour faire cela? »
Par ailleurs, elle dit que son mari enseignant est quasiment à la maison depuis la fermeture des classes, d’où plus d’attention à porter à son égard.
Par conséquent, pendant que les écoles et certaines entreprises étaient fermées pendant le confinement et le couvre-feu, la pandémie a considérablement augmenté la charge de travail de plusieurs femmes. Pour elles, cela signifie qu’elles n’ont plus le temps de se reposer.
Cette nouvelle a été produite avec l’appui du gouvernement du Canada dans le cadre du projet « Promouvoir la santé et les droits sexuels et reproductifs et la nutrition des adolescents au Burkina Faso (ADOSANTE). » Le projet ADOSANTE est piloté par un consortium formé par Helen Keller International (HKI), Marie Stopes-Burkina Faso (MS/BF), Radios Rurales Internationales (RRI), le Centre d’information de Conseils et de Documentation sur le Sida et la Tuberculeuse (CICDoc) et le Réseau Afrique Jeunesse Santé et Développement (RAJS).