Burkina Faso : Le lavage des mains, un défi sans l’eau courante (Le Monde)

| avril 27, 2020

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Nouvelle en bref

Le lavage des mains avec du savon et de l’eau pendant au moins 20 secondes est une stratégie importante pour éviter la transmission du COVID-19, le nouveau coronavirus. Cependant, cela peut être difficile pour plusieurs personnes, notamment celles qui ont un accès limité à l’eau. Elise Zebango et ses sept enfants résident à Tanlarghin, un quartier en périphérie de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. Dès 7 h 30 du matin, elle fait le rang à la fontaine qui commence à manquer d’eau dès 8 h. Madame Zebango recueille 200 litres d’eau qui serviront aux besoins journaliers de sa famille, y compris boire, cuisiner, nettoyer, faire la lessive et laver les mains.

Elise Zebango, mère de sept enfants, vit à Tanlarghin, un quartier non loti en périphérie de Ouagadougou. Là-bas, il n’y a ni eau courante ni électricité. Alors, madame Zebango doit se rendre trois fois par jour à la fontaine du quartier pour chercher de l’eau pour sa famille. À 7 h 30 du matin, la file d’attente est déjà longue.

Au Burkina Faso, peu de familles ont de l’eau potable pour boire et se laver. Face au COVID-19, cela signifie qu’il est difficile de respecter les mesures sanitaires recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour prévenir la transmission du virus. Se laver les mains avec du savon et de l’eau pendant 20 secondes est chose compliquée pour plusieurs.

Toute la journée, la fontaine est occupée. Avec la chaleur, les résidents de Tanlarghin ont besoin d’eau pour toutes sortes de travaux. Au regard de la consommation actuelle, le gérant de la fontaine, Bruno Bazemo, craint que la réserve s’épuise bientôt.

Bien qu’il fasse partie de la capitale, Tanlarghin n’est pas raccordé au réseau de l’Office national de l’eau et de l’assainissement. On y trouve plutôt quelques forages, mais pour les nombreux résidents de ce quartier, cela est insuffisant.

En saison sèche, les réserves de madame Zebango et ses voisins s’évaporent rapidement. Malgré leurs efforts de faire des réserves d’eau, l’accès est tout simplement trop limité. Dès 8 heures, l’eau est déjà épuisée.

Selon un résident, il faut deux à trois heures pour que les pompes solaires se rechargent avant que les gens puissent encore avoir de l’eau.

Pour madame Zebango, l’eau qu’elle recueille est à peine suffisante. Elle a payé 100 FCFA (0,17 $ US) pour 200 litres. Cela servira aux besoins d’une journée de sa famille de neuf personnes, alors elle devra retourner demain. Lorsque l’eau finit tôt, elle doit marcher quatre kilomètres de plus pour se rendre à la prochaine fontaine la plus proche.

Comme dans toute autre communauté, l’eau joue un rôle essentiel dans la vie quotidienne. Les résidents en ont besoin pour boire, se doucher, cuisiner, faire la lessive, et en particulier, maintenant, se laver les mains. Madame Zebango filtre l’eau et la répartit pour toutes ces tâches.

Elle déclare : « C’est épuisant, mais on n’a pas le choix. »

En regardant les messages de sensibilisation sur le COVID-19 à la télé, madame Zebango s’inquiète. Pour cette famille et beaucoup d’autres Burkinabé, les mesures d’hygiène nécessaires pour éviter la transmission du COVID-19 sont irréalisables considérant le manque d’eau.

Pour cette raison, le risque de transmission du COVID-19 est élevé dans le quartier de Tanlarghin.

Désiré Zebango est le mari de madame Zebango. Pour lui, les restrictions de voyage liées au COVID-19 l’empêchent d’aller travailler. Sans cette source de revenus, monsieur Zebango ne sait pas comment sa famille s’en sortira.

Il montre une cuisine sans frigo ni garde-manger et déclare : « Si je ne vais pas travailler la journée, la famille n’a rien à manger le soir. »

Pour cette famille, le COVID-19 est une menace parmi d’autres. Avec seulement quelques sacs de riz et de maïs, ils ont juste de quoi manger pour quelques jours.

Monsieur Zebango déclare : « Si la maladie arrive [à Tanlarghin], ce sera la catastrophe. On vit ensemble, personne ne se protège, les gens doivent sortir pour gagner leur pain. »

La présente nouvelle est adaptée d’un article du journal Le Monde, dont le titre original était « Coronavirus : au Burkina, le lavage des mains au défi de l’accès à l’eau. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur : https://www.lemonde.fr/afrique/article/2020/04/09/coronavirus-au-burkina-le-lavage-des-mains-au-defi-de-l-acces-a-l-eau_6036143_3212.html.

Photo credit : Sophie Douce / Le Monde