Burkina Faso : La mode des soigneurs de (plantes) (Trust)

| avril 25, 2016

Téléchargez cette nouvelle

Dieudonné Sedogo patiente dans la file pour consulter le médecin. M. Sedogo vit à Tamissi, un village situé à 65 kilomètres, au nord-est de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso.

Mais il n’est pas venu rendre visite au médecin pour des raisons de santé personnelles ou pour celles d’un membre de sa famille.

Il veut comprendre pourquoi ses plants d’aubergines sont flétris et ont les feuilles jaunies. Il a apporté un plant.

M. Sedogo explique : « Chaque année, en saison sèche, j’ai le même problème. » Cela fait 15 ans qu’il cultive, et, chaque année, ses aubergines deviennent aussi sèches que des raisins secs. Par conséquent, il perd une grande partie de sa récolte.

Aujourd’hui, deux « soigneurs de plantes » ont ouvert une clinique d’un jour à Tamissi pour répondre aux questions des agriculteurs. Maurice Albert et Rihanata Sawadogo sont des agents de vulgarisation agricole qui ont suivi une formation pour pouvoir diagnostiquer divers problèmes dont souffrent les plantes locales.

Ces soigneurs de plantes posent des questions à M. Sedogo pour mieux cerner son problème. A-t-il apporté des modifications au niveau de ses cultures? Où cultive-t-il ses aubergines? Quels sont les engrais qu’il utilise?

Mme Sawadogo examine l’aubergine au microscope, pendant que M. Albert prend soigneusement des notes.

Leur diagnostic est le suivant : les insectes, et très probablement les tétraniques tisserands sont responsables des plantes malades de M. Sedogo. Malheureusement, cet organisme nuisible résiste à de nombreux insecticides chimiques.

Ils lui recommandent également d’appliquer un pesticide naturel écologique deux fois par semaine.

Les soigneurs de plantes conseillent à M. Sedogo de cultiver une plus grande variété de cultures et de les planter sur de nouveaux lopins de terre chaque saison. Ils encouragent également M. Sedogo à demander à ses voisins d’apporter des échantillons de leurs cultures pour les faire analyser, sans quoi, l’infestation pourrait se reproduire.

Mme Sawadogo et M. Albert vulgarisent leur savoir-faire sur les marchés des villages de la province du Ganzourgou dans le cadre d’un projet appuyé par le ministère de l’Agriculture du Burkina Faso et l’ONG allemande, Welthungerhilfe. Les soigneurs de plantes travaillent dans d’autres pays africains, y compris l’Ouganda, pour aider les agriculteurs à identifier les causes du mauvais rendement de leurs cultures.

Les deux soigneurs sont fiers de leur formation et du travail qu’ils font. M. Albert déclare : « Je me considère comme un vrai médecin … J’identifie les maladies et je prescris un traitement pour soigner les plantes, ce qui en fin de compte permet d’améliorer la sécurité alimentaire des populations. »

Les soigneurs reçoivent en moyenne 20 agriculteurs par jour, et la plupart reviennent pour une consultation de suivi.

Cependant, plusieurs agriculteurs de la région sont confrontés à des problèmes que les soigneurs ne peuvent pas résoudre. Les sécheresses de plus en plus fréquentes et longues nuisent aux récoltes. Avant, la saison sèche s’étendait de mi-février à juin, mais, de nos jours, elle s’étend jusqu’en juillet ou août. L’arrivée tardive des pluies signifie que la saison de plantation sera retardée.

Les soigneurs de plantes participent aux efforts du gouvernement visant à combattre la sécheresse à l’échelle nationale. Maurice Traoré est le ministre chargé du département de production légumière. Il déclare : « J’espère que nous parviendrons à la fin à instaurer une collaboration à l’échelle villageoise, plutôt que de perpétuer une approche descendante axée sur l’octroi de subventions uniquement. »

M. Sedogo est satisfait des conseils que lui ont prodigués les soigneurs de plantes, et ce, même s’il est confronté à d’autres problèmes qui détruisent sa récolte. Il lui faudra trouver des intrants et des ouvriers s’il veut agrandir son exploitation agricole.

Il explique : « Je n’ai pas suffisamment d’eau ou d’engrais. Et, je suis tout seul dans mon champ. Mes enfants ne peuvent pas m’aider, car je veux qu’ils aillent à l’école. »

Pour lire l’intégralité de l’article duquel provient cette histoire intitulée « Au Burkina Faso frappé par la sécheresse, les soigneurs de (plantes) sont à la mode », cliquez sur : http://news.trust.org/item/20160407110018-xit07/?source=hpDontmiss

Crédit photo: TRF/Zoe Tabary