Nourou-Dhine Salouka | octobre 27, 2014
Les productrices et producteurs du village de Pém sont en panique. Depuis les dernières semaines, des oiseaux granivores ravagent les champs de mil dans la commune d’Aribinda, dans le nord du Burkina. Boubacar Maïga, un producteur, raconte que les oiseaux ont été observés dans les champs vers fin septembre.
Ce sont de petits oiseaux mais ils causent de grands dégâts. Ils détruisent les récoltes dans le village en vidant les plantes des grains qu’elles contiennent. M. Maïga explique : « Ces oiseaux sont une véritable calamité. Ils s’attaquent aux épis de mil en phase de mûrissement ».
Bassirou Koura est producteur de mil. Il dit : « Cette année je ne récolterai pas un épi à cause des oiseaux ».
Les productrices et producteurs ont tenté de freiner la reproduction des oiseaux en abattant les arbres afin de détruire les nids. Elles et ils ont également recours à des pantins pour effrayer les oiseaux. Mais leurs efforts n’ont pas mené à un grand succès.
Les autorités locales encouragent les productrices et producteurs de faire la récolte précipitée du mil. Mamoudou Maïga est le maire de la commune d’Aribinda. Il dit : « Il n’y a rien que nous puissions faire contre les oiseaux. Ils se déplacent constamment et se reproduisent très rapidement. Nous ne pouvons qu’inviter les producteurs à récolter au plus vite ».
Certaines productrices et certains producteurs ne croient pas à la récolte anticipative. Boureima Dicko demande: « À quoi ça sert de récolter des épis non mûr ? » En précipitant les récoltes, il n’obtiendra qu’une charretée dans le meilleur des cas. M. Dicko a préféré abandonner son champ. Le producteur d’une cinquantaine d’années dit : « À part utiliser les tiges comme du foin pour mes bœufs, je ne sais à quoi me servira la production ».
Les productrices et producteurs locaux se préparent à vivre une famine. M. Boubacar dit : « Nous sommes habitués aux calamités mais celle-ci dépasse tout ce que j’ai connu. Nous connaîtrons la famine toute l’année si on ne nous vient pas en aide ». Il ne sait pas comment il arrivera à nourrir sa famille d’une dizaine de personnes. Pour Ousmane son fils, l’avenir se dessine ailleurs. Il dit : « Je vais repartir à Ségou au Mali car il n’y a rien à faire ici. ». Il espère trouver du travail à nouveau au Mali.
Pour celles et ceux qui restent, les jours à venir s’annoncent difficiles. Le maire, Mamadou Maïga, dit : « Dans le sahel les récoltes en année d’abondance ne couvrent que les besoins pour 8 mois. Cette année les récoltes seront épuisées au bout de 3 mois. Il faut que l’Etat mette rapidement en place des programmes de distribution de céréales ou de vente à prix social».
Le chef de la zone d’appui technique d’agriculture a entrepris selon le maire une tournée pour faire l’état de la situation et des besoins. Mais, Pem n’est pas le seul village touché. Les gens dans les villages voisins de Bossou, Koutougou et Nassombou vivent la même mésaventure. Boubacar Maïga dit : « Comme nous ne sommes pas les seuls affectés, j’espère que le gouvernement entendra notre appel ».