Burkina Faso : Des femmes transforment leurs tomates pour augmenter leur profit

| février 29, 2016

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Thérèse Ouédraogo se tient fièrement devant des piles de pots en verre contenant de la purée de tomates. Mme Ouédraogo est la présidente d’un groupe de femmes appelé Neerwaya qui cultive et transforme la tomate dans le village de Donsin, à 40 kilomètres de Ouagadougou. Neerwaya signifie «merveille» dans la langue locale.

Jusqu’à récemment, les femmes produisaient simplement de la tomate et des légumes. Mais cette activité n’était pas rentable. Mme Ouédraogo témoigne: « Avant nous produisons de la tomate que nous n’arrivions pas à écouler. Les prix fixés par les grossistes ne nous étaient pas favorables ».

Lassées de vendre à perte, les femmes décident de transformer les tomates pour pouvoir en faire de meilleurs profits. Avec l’aide d’un coopérant français, Mme Ouédraogo et ses collègues ont appris a transformé leurs tomates en purée il y a de cela huit ans.

La technique de transformation est simple et efficace. Elles commencent par laver les tomates quatre fois, s’assurant de changer l’eau à chaque fois. Mme Ouégraogo explique : « Nous lavons plusieurs fois la tomate pour la débarrasser de toutes les impuretés et des produits chimiques utilisés par certains producteurs ».

Après avoir soigneusement lavé les tomates, elle les font bouillir. Ensuite, elles broient les tomates bouillies. Enfin, elles conditionnent la purée dans des pots en verre qu’elles recyclent.

Avant de pouvoir mettre leur purée sur le marché, le Laboratoire National de Santé Publique doit examiner la qualité de la purée Neerwaya.

Mme Ouédraogo assure qu’elle peuvent conserver leur purée de tomate pendant au moins un an et demi une fois qu’elles les mettent en pots.

Les femmes vendent le pot de 400 grammes à 500 FCFA [0,8$ US]. Elles achètent la caisse de 25 kilogrammes de tomates fraîches pour 3000 FCFA [5$ US]. Les femmes vendent l’essentiel de leur produit à des hôtels et des restaurants. Elles placent aussi leur purée de tomate dans des supermarchés.

Les femmes se partagent entre elles les bénéfices. En 2015, chaque membre du groupement a reçu 75 000 FCFA [127$ US]. Cela constitue une somme énorme pour beaucoup d’entre elles.

Antoinette Zida a adhéré au groupement il y a de cela trois ans. Elle dit : « Les revenus de notre activité m’ont permis de contribuer à payer les frais de scolarité de mes deux enfants ».

Issaka Sawadogo produit de la tomate à Dossin. Depuis cinq ans, il vend régulièrement sa production au groupement. Il affirme qu’il profite bien de cette collaboration. Il dit : « Il est plus bénéfique pour moi de vendre aux femmes qu’aux grossistes. Leur prix d’achat  est le double de celui des grossistes ». Les grossistes achètent la caisse de 25 kilogrammes à 3000 FCFA [5$ US]. Les femmes achètent la même caisse à 5000 FCFA [8$ US].

Après le succès de la transformation de la tomate, les femmes ont diversifiées leurs produits. Elles font des biscuits à base de soja et du couscous de niébé. Elles ont investi aussi une bonne partie de leurs bénéfices dans la construction d’une clôture autour de leur siège social et l’ont électrifié.

Malheureusement, le désir de croissance butte contre un accès difficile à la commercialisation. Mme Zida est inquiète. Elle dit : « Nous avons de bons produits mais si nous n’arrivons pas à l’écouler notre belle œuvre va mourir ».

Mme Ouédraogo est plus optimiste. Elle reconnaît que, parce que les gens sont habitués à dépenser leur argent sur la pâte de tomate, le passage à la purée de tomate n’est pas facile à vendre. Mais, elle est persuadée que la qualité des produits convaincra les consommateurs à changer d’habitude de consommation.