Burkina Faso : Des agriculteurs adoptent la technique du zaï pour récupérer leurs terres et accroître la productivité

| mars 4, 2024

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Nouvelle en bref

À Pougyango, au Burkina Faso, de vastes superficies de terres dégradées et dénudées s’étendent à perte de vue. Ici, des agriculteurs et des agricultrices utilisent la technique du zaï pour restaurer les sols dégradés. Selon Tasséré Kinda, sa production de sorgho, de maïs et de riz a considérablement augmenté grâce aux techniques manuelles du zaï. Il creuse des poquets d’environ 10 à 15 centimètres de profondeur et de 20 à 40 centimètres de largeur en saison sèche. Ces trous permettent à l’eau de s’infiltrer dans le sol. Monsieur Kinda associe cette technique à d’autres pratiques comme l’utilisation du fumier en guise d’engrais, les cordons pierreux et le paillage pour stimuler la fertilité des sols. D’autres emploient le zaï mécanisé pour restaurer de plus grandes superficies de terre, quoiqu’à des coûts plus élevés.

À 15 kilomètres à l’est de Yako, de vastes superficies de terres dégradées et dénudées s’étendent à perte de vue. Le sol érodé et l’absence de végétation sont une preuve évidente de l’impact du changement climatique. C’est le village de Pougyango, une localité au nord du Burkina Faso où l’agriculture et l’élevage de bétail constituent les principales occupations.

Un agriculteur de la localité Tasséré Kinda cultive sur trois hectares de terres. Il déclare : « Les sols sont devenus stériles. Mais grâce au zaï, je produis du sorgho, du maïs et du riz. Depuis que j’ai adopté cette technique, mon champ produit mieux. »

Le zaï est une ancienne technique visant à restaurer les terres dégradées au nord sur Burkina Faso que les chercheurs agricoles ont amélioré et vulgarisé. Cette technique consiste à creuser des trous de plantation dans le sol dégradé pour permettre à l’eau de s’y infiltrer. Cela enrichit le sol et favorise la régénération de la végétation.

Cela fait environ 15 ans que monsieur Kinda pratique la technique du zaï. Il creuse à la main des poquets d’une profondeur d’environ 10 à 15 centimètres et d’une largeur de 20 à 40 centimètres pendant la saison sèche. La terre qu’il a extraite du trou est déposée en aval du poquet pour faire obstacle à l’eau de ruissellement. Ensuite, il ajoute environ 300 grammes de fumier ou de compost dans les trous et le recouvre légèrement d’une fiche couche de terre. Dès les premières pluies, monsieur Kinda sème dans les poquets.

Monsieur Kinda raconte que l’utilisation du zaï lui a permis d’augmenter sa production de riz à 500 kilogrammes sur un quart d’acre. Il déclare : « Sans le zaï, nous aurions migré vers des régions plus humides. »

Monsieur Kinda ajoute du fumier organique tel que les fientes de volailles, les excréments d’animaux en pâture et le compost provenant de la paille et de résidus de cultures dans les poquets. Il érige également des cordons pierreux pour ralentir l’érosion hydrique sur son exploitation, notamment sur les pentes plus raides, et explique : « Ces cordons ralentissent l’écoulement des eaux de pluie, retiennent l’humus et l’eau pour les plantes. »

Amidou Kouda utilise également la technique du zaï. Mais il emploie une version mécanisée, où une charrue à traction animale trace des sillons à travers la pente, et d’autres sillons en amont et en aval de la pente, et creuse des poquets aux intersections des sillons. Monsieur Kouda cultive du sorgho à Tibili, à environ 10 kilomètres de Pougyango, depuis environ 15 ans. Il cultive sur un quart d’hectare pour sa famille.

Les poquets et les sillons en amont et en aval du champ en pente de monsieur Kouda sont espacés les uns des autres de 70 centimètres à 80 centimètres, en fonction de la culture. À l’instar de monsieur Kinda, lorsque la pente est abrupte, monsieur Kouda utilise des cordons pierreux pour contrôler l’écoulement de l’eau vers l’aval et réduire l’érosion du sol. Selon monsieur Kouda, grâce aux poquets, il a récupéré 10 hectares de terres abandonnées.

Seydou Sawadogo est un ingénieur agricole au ministère de l’Agriculture qui mené des recherches sur le zaï au nord du Burkina Faso. Il soutient que c’est une technique efficace de récupération des sols dégradés surtout si elle est associée à un ensemble de pratiques de conservation des eaux et des sols comme la bande enherbée, le paillage, les haies vives et la régénération naturelle assistée, dont monsieur Kinda utilise plusieurs.

Monsieur Sawadogo explique que la mécanisation du zaï allège le travail des producteurs et des productrices et leur permet de pratiquer le zaï sur des superficies plus larges de terrain dégradé. Il estime que la technique manuelle demande une main-d’œuvre et au moins 300 heures de travail par hectare, alors qu’avec la mécanisation ce temps peut passer à 40 heures par hectare. Il ajoute que Le zaï mécanisé favorise plus de rétention et d’infiltration de l’eau que le zaï manuel grâce à l’émiettement de la couche superficielle du sol avec la charrue.

Cependant, il affirme que le zaï mécanisé peut s’avérer coûteux, car il faut disposer d’une charrue à traction animale et d’un animal de trait. Ce coût peut aller jusqu’à 250 000 francs CFA soit environ 415 $ US.

Monsieur Kinda qui pratique la technique manuelle du zaï soutient que l’augmentation des rendements l’a convaincu que les poquets étaient la solution idéale pour récupérer ses terres dégradées. Il conclut : « Il faut enseigner cette technique à tous les agriculteurs pour reconquérir les terres et augmenter les productions. »

La présente nouvelle a été produite grâce à une subvention du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas et de l’IRDC au Canada. Les avis exprimés ici ne représentent pas nécessairement ceux du ministère des Affaires étrangères des Pays-Bas ni ceux de l’IRDC ni de son conseil d’administration.

Photo : Access Agriculture Agriculture plantation de zaï, 2017