Afrique occidentale: les bergers font face à de nouveaux défis (Agro Radio Hebdo, CTA)

| janvier 19, 2009

Téléchargez cette nouvelle

Depuis des décennies, les bergers du Sahel font face à des changements climatiques qui les forcent à se déplacer. Pendant la saison sèche, les bergers transhument vers le sud en quête de pâturages et de points d’eau pour y abreuver leurs troupeaux. L’irrégularité des pluies rend le secteur de l’élevage vulnérable, vu le manque de végétation et la dégradation accrue des sols de la région. De plus, les déplacements des bergers et de leurs troupeaux sont à l’origine de conflits avec les agriculteurs sédentaires. La nécessité d’une gestion durable des ressources est intimement liée à des enjeux environnementaux et sociaux auxquels il faut trouver des solutions durables.

Mohamed Ali Ag Hamana est chargé du Programme pastoral de l’organisation Oxfam UK, basé à Niamey, au Niger. Ce malien d’origine, qui vient d’une famille de pasteurs, était de passage à Ottawa la semaine dernière pour une conférence sur les changements climatiques et la justice environnementale, organisée par le Conseil Canadien pour la Coopération Internationale.

M. Hamana a expliqué à Agro Radio Hebdo que les changements climatiques affectent les pasteurs du Sahel de façon plus flagrante lorsqu’il s’agit de l’accès à l’eau. Souvent, dans leurs déplacements, les pasteurs trouvent des endroits où il y a suffisamment de pâturage mais pas assez d’eau et vice-versa. Ce déséquilibre signifie que les éleveurs n’ont pas les moyens de créer les conditions d’abreuvement nécessaires dans les zones où il y suffisamment de pâturage. Pour créer ces conditions, il faut des investissements.

Mais ce n’est pas seulement la question du manque d’eau dû aux changements climatiques qui affecte les bergers. Le programme pastoral sur lequel M. Hamana travaille cherche à rendre les organisations pastorales du Sahel plus fortes. Pour ce faire, on offre aux pasteurs un appui organisationnel et institutionnel afin qu’ils puissent influencer les politiques qui les concernent, avoir un meilleur accès au marché et aider les femmes à améliorer leurs positions économique et politique.

M. Hamana explique que les appuis apportés aux femmes sont fondés sur des besoins qu’elles ont elles-mêmes exprimés, nommément la production et la transformation du lait. Le programme agricole a donc appuyé la mise en place d’unités, laitières au Burkina Faso. Les femmes emballent dans des sachets le lait qu’elles produisent localement, et ce dans des conditions d’hygiène impeccables parce qu’elles ont été formées à cette fin. Le lait qu’elles produisent est très prisé par la communauté, qui préfère le lait local au lait importé.

M. Hamana explique aussi que le programme pastoral a mis en place un système d’information des marchés de bétail. Ce système permet à tous les éleveurs du Sahel Burkinabé, de la région de Gao au Mali et de la région de Tillabéry au Niger de recevoir des informations relatives au marché de bétail. Cela permet aux éleveurs de savoir quel marché est le plus avantageux pour la vente de leur bétail, leur évitant ainsi de vendre leur bétail à perte.

M. Hamana souhaite que l’élevage prenne plus de place dans le débat sur la sécurité alimentaire. Il dit que malheureusement, on mentionne très peu la place de l’élevage alors qu’elle occupe une place très importante, non seulement pour la génération rapide de revenus suite à la vente d’un animal mais aussi au niveau de l’apport en viande et de la demande très importante des villes en viande. M. Hamana conclut en disant que lorsqu’il s’agit de sécurité alimentaire, tout le support financier est donné aux cultures céréalières mais qu’il faut réparer cette injustice et investir davantage dans l’élevage.