Afrique de l’Est : Porter les problèmes des femmes rurales à la connaissance des autorités

| octobre 24, 2016

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L’escalade du mont Kilimandjaro prend du temps, est difficile et il faut le vivre pour le savoir. En début octobre, 33 Africaines se sont rendues jusqu’au toit de l’Afrique pour recueillir les préoccupations des femmes afin d’en faire part aux plus hautes autorités. Surnommée Initiative Kilimandjaro, cette randonnée visait à mettre en évidence les droits des femmes à la terre.

Njoki Njehu est la directrice générale du Daughters of Mumbai Global Resource Centre au Kenya, une des associations ayant participé à l’Initiative Kilimandjaro. Mme Njehu s’est rendue à Arusha pour assister à cet événement panafricain, et elle a également mené des consultations au Kenya pour s’imprégner des réalités locales et des besoins des Kényanes.

L’escalade du mont Kilimandjaro était un volet important de la manifestation, selon Mme Njehu. Elle explique : « C’était impressionnant de voir que les femmes sont capables de tout faire lorsqu’elles y mettent du sien…. Cela démontrait en partie la détermination des femmes [à] se battre pour leurs droits, et leurs droits fonciers en particulier. »

Les femmes ont organisé l’Initiative Kilimandjaro pour débattre de stratégies de renforcement des voix des femmes en ce qui a trait à la propriété des terres. Leurs discussions ont abouti à l’élaboration d’une charte de revendications qui sera soumise à l’Union Africaine et aux gouvernements nationaux.

Mme Njehu explique : « Dans certains pays, la politique foncière doit être revue. Au Kenya, cette politique ne souffre d’aucune ambiguïté … ce n’est qui pas le cas ailleurs … [Mais] pour ce qui est de la mise en œuvre, les choses sont tout autres. »

Par exemple : en Tanzanie, la Loi agraire et la Loi sur le foncier rural accordent aussi bien aux femmes une égalité d’accès à, le droit de propriété que le droit d’exercer un contrôle sur la terre. Agustina Tarimo vit près du mont Kilimandjaro. Mais cela fait trois ans qu’elle se bat pour avoir une terre à elle.

Cette femme divorcée de 41 ans vit avec ses trois enfants à Lang’ata, un village du district de Mwanga. Elle a loué un lopin de terre pour cultiver des légumes et du gingembre. Elle a déclaré à la Thomson Reuters Foundation : « Il est difficile d’avoir même un petit lopin dans ce village si vous êtes une femme. » Les coutumes locales prévoient que les femmes peuvent posséder une terre seulement par le biais de leurs époux ou de parents de sexe masculin.

Faudhia Yassin travaille avec le Women’s Legal Aid Centre, un des cinq groupes de défense des droits de la personne en Tanzanie qui s’activent pour faire connaître aux femmes leurs droits fonciers. Cette coalition porte le nom d’Ardhi Alliance. Elle a déclaré à la Thomson Reuters Foundation : « Quatre-vingts pour cent des femmes vivent en milieu rural, mais moins de cinq pour cent d’entre elles possèdent une terre. Lorsque ces femmes n’ont aucune terre, elles deviennent un fardeau économique vulnérable à l’exploitation. »

Mme Njehu affirme que la situation est quasiment la même au Kenya. La constitution kényane stipule que les femmes et les filles peuvent hériter d’une terre et en être les propriétaires, mais les pratiques religieuses, coutumières et culturelles démontrent souvent le contraire. Mme Njehu explique : « La réalité est bien évidemment très différente sur le terrain. Ce sont les familles et les communautés qui prennent les décisions concernant la terre. Et la vérité, c’est que les femmes sont mal loties. »

Elle soutient que les filles ont moins souvent droit à un héritage que les garçons, voire pas du tout. Leurs époux décédés, plusieurs veuves sont chassées de leurs communautés et se font dire qu’elles n’ont plus aucune place, ou aucune terre. Parfois, les femmes travaillent la terre jusqu’à ce que celle-ci devienne productive, seulement pour voir les communautés ou les autorités l’accaparer, sans aucun dédommagement, ou avec un dédommagement inférieur à celui proposé aux hommes.

La section kényane de l’Initiative Kilimandjaro a pris part à des discussions de groupe impliquant 44 000 personnes, hommes et femmes y compris. Ces discussions ont donné lieu à de nombreuses demandes qui ont été soumises au gouvernement kényan et apportées à Arusha en guise de contribution à la discussion.

Selon Mme Njehu, les femmes doivent avoir plus d’accès aux terres publiques et jouer un rôle plus important au sein des organes décisionnels telles que les conseils de terre. Il importe également de donner aux femmes les moyens d’agir en leur faisant connaître leurs droits. Elle affirme que plusieurs Kényanes sont incapables de lire en anglais ou en swahili, et ne peuvent donc pas lire la constitution. Mme Njehu soutient que la traduction des lois dans les langues locales pourrait rendre les femmes plus autonomes.

Le rassemblement d’Arusha a été l’aboutissement de quatre années de travail réalisé par des femmes et des hommes de plus de 20 pays africains. Toutefois, Mme Njehu affirme que le combat se poursuivra jusqu’à ce que la situation des femmes change.

Pour en savoir davantage :

Pour lire l’article original sur les droits fonciers en Tanzanie publié par Trust et intitulé « Les agricultrices tanzaniennes défient les coutumes et les lois complexes pour avoir accès à la terre », cliquez sur : http://news.trust.org/item/20160721133933-94d58/

Vous en saurez davantage sur la campagne « mini Kili » menée à Mombassa dans The Coast : http://www.thecoast.co.ke/counties/item/221-mombasa-women-declare-to-defend-their-rights-to-land

Pour en savoir davantage sur la campagne kényane, consultez The Star : http://www.the-star.co.ke/news/2016/10/18/women-push-kaimenyi-into-action-on-their-rights-to-land_c1437761

Une lecture du New Times vous éclairera sur la campagne rwandaise : http://www.newtimes.co.rw/section/article/2016-10-12/204383/

Pour en savoir davantage sur la campagne menée par Action Aid, cliquez sur : http://www.actionaid.org/2016/09/kilimanjaro-initiative-mobilising-rural-women. Cette campagne est également suivie activement sur Twitter à partir du hashtag : #Women2Kilimanjaro

En route pour le sommet de Moshi, une caravane réunissant des Zambiennes et des Zimbabwéennes a rencontré des femmes du Malawi et la secrétaire principale du ministère du Genre. En savoir davantage dans The Post : https://www.postzambia.com/news.php?id=20599

Consultez cet article dans Capital FM du Malawi : http://www.capitalradiomalawi.com/news/item/6775-malawian-women-to-climb-kilimanjaro