Afrique australe: Les chenilles légionnaires menacent les cultures et les pâturages (par Zenzele Ndebele, pour Agro Radio Hebdo, au Zimbabwe; avec des fichiers du Zambia Daily Mail et de News 24)

| février 11, 2013

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Le maïs de Micha Ndlovu commençait à se remettre d’une période de sécheresse lorsqu’une autre catastrophe est survenue. Cette fois-ci, c’était une colonie de chenilles légionnaires. M. Ndlovu n’en revient toujours pas. Il dit: « Ces créatures peuvent détruire tout un champ en deux jours. »

Les légionnaires sont des chenilles noires qui se nourrissent de cultures vivrières et d’autres plantes. Comme leur nom le suggère, elles se déplacent en grand nombre. Elles peuvent rapidement détruire un champ entier, puis continuer dans un champ voisin. Les chenilles légionnaires attaquent les cultures dans de nombreuses régions d’Afrique australe, y compris au Zimbabwe, en Zambie et en Afrique du Sud. La présence de ces ravageurs a été signalée dans cinq des provinces agricoles du Zimbabwe, détruisant des centaines d’hectares de maïs.

M. Ndlovu pratique l’agriculture dans la province du Matabeleland Nord, au Zimbabwe. C’est une des régions les plus durement touchées par les légionnaires. Davison Masendeke est un agent de vulgarisation agricole du gouvernement affecté à cette région. Il dit que les légionnaires ne sont pas des ravageurs nouvellement apparus au Zimbabwe. Mais l’éclosion de cette année est la pire des dix dernières années.

Les agents vulgarisateurs essayent de gérer les ravageurs en se rendant dans les régions affectées et en offrant des pesticides chimiques aux agriculteurs.

Certains agriculteurs pensent que l’invasion de légionnaires est un mauvais présage. M. Ndlovu la voit comme un signe que les esprits de ses ancêtres sont mécontents et requièrent des cérémonies afin d’être apaisés. Il ajoute: « C’est ainsi que nos grands-pères géraient ce problème, et parfois je ne crois pas en cette façon moderne consistant à épandre des produits chimiques. »

Les agents de vulgarisation s’inquiètent du fait que de telles croyances pourraient décourager les gens vis-à-vis de l’utilisation de pesticides pour la gestion des légionnaires. M. Masendeke conseille aux agriculteurs de rapporter les éclosions suspectées de légionnaires auprès de n’importe quel département du gouvernement, y compris la police ou les vulgarisateurs agricoles.

En Zambie, la National Farmers Union encourage les agriculteurs à être vigilants. Calvin Kaleyi est un porte-parole de ce groupe. Il presse les agriculteurs de rechercher la présence de légionnaires dans leurs champs et leurs espaces de pâturage. Les légionnaires voyagent durant la nuit. Pour détecter des légionnaires le plus rapidement possible, les agriculteurs devraient inspecter leurs champs le soir et, à nouveau, tôt le matin.

M. Kaleyi dit que les agriculteurs qui ont les moyens de se procurer des pesticides devraient se rendre chez des commerçants agricoles afin d’acheter les bons produits chimiques. La Zambia National Farmers Union en appelle au gouvernement afin qu’il donne de l’argent aux agriculteurs pour qu’ils achètent ces pesticides.

Il y a aussi une approche de gestion des légionnaires ne recourant pas aux produits chimiques. Les agriculteurs peuvent creuser de petites tranchées abruptes autour de leurs champs. Les légionnaires itinérantes se retrouveront prisonnières des tranchées, où les agriculteurs pourront tuer ces ravageurs.

Des fonctionnaires d’Afrique du Sud ont fait la mise en garde que les éleveurs de bétail devraient aussi être vigilants. Les animaux peuvent tomber malades ou mourir s’ils broutent dans une zone infestée par les légionnaires. Le bétail devrait être tenu loin des champs qui ont été aspergés de pesticides.

Les légionnaires ont récemment été aperçus dans la province du Nord-Ouest, en Afrique du Sud. Des chercheurs du Zimbabwe croient que le ravageur pourrait envahir des régions plus au nord.

Il s’agit d’une période décourageante pour les agriculteurs affectés par l’éclosion. M. Ndlovu s’en plaint: « Nous ne savons vraiment pas quoi faire (…) nous avons subi une sérieuse sécheresse durant les deux dernières années, et cette année nous nous attendons à de bonnes pluies, mais l’éclosion de légionnaires nous laissera sans rien. »