2. Kenya: les agriculteurs utilisent des cultures résistantes à la sécheresse et un meilleur accès à l’eau pour s’adapter au changement climatique (Agro Radio Hebdo, Scientific American)

| juin 7, 2010

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Daniel Muthembwa remercie Dieu pour les récoltes saines de maïs, sur les pentes verdoyantes qui l’entourent. Il vit dans la région de Sakai, dans la division de Kisau, dans la province orientale du Kenya. À 76 ans, M. Muthembwa est assez âgé pour se souvenir des années 1970, lorsque les villageois de Sakai pouvaient compter sur les deux saisons des pluies: longue et courte.

Depuis les années 1980, ils ne peuvent compter que sur la courte saison des pluies qui dure de la fin octobre à la fin décembre. Le Kenya se bat pour sortir de la sécheresse qui a rendu quatre millions de personnes dépendantes de l’aide alimentaire, l’an dernier.

Pendant les périodes sèches, il n’y a presque pas d’eau. Les femmes et les enfants doivent parcourir de très longues distances pour aller chercher de l’eau. Mais, grâce à un projet financé par l’ONU, les agriculteurs de Sakai apprennent à s’adapter aux sécheresses causées par les changements climatiques.

Le Dr Maggie Opondo est l’experte socio-économique du projet. Elle explique que les objectifs du projet sont de trois ordres: renforcer la sécurité alimentaire pour soulager les agriculteurs de Sakai de leur dépendance annuelle à l’aide alimentaire, accroître l’accès à l’eau, et créer des moyens de subsistance alternatifs, qui soient à l’épreuve du changement climatique.

Pour ce faire, le projet a re-introduitles variétés traditionnelles de cultures comme le sorgho et le mil, qui sont résistantes à la sécheresse aux agriculteurs ont réappris à les utiliser. Elle dit bien « réappris » car les agriculteurs Kenyans ont pris l’habitude de cultiver le maïs. Le maïs n’est pas la meilleure culture pour résister à la sécheresse. Mais, selon le Dr Opondo, les agriculteurs du Kenya préfèrent le maïs parce qu’il a meilleur goût que le sorgho ou le mil qui, eux, résistent à la sécheresse. Bien que les agriculteurs cultivent encore le maïs, ils cultivent aussi désormais une variété de sorgho appelée gaddam afin de vendre les récoltes à la compagnie East African Breweries. La compagnie utilise le sorgho pour produire de la bière. Elle permet aux agriculteurs d’avoir un revenu supplémentaire.

Le projet a également introduit la notion des prévisions météorologiques à échelle réduite. Les prévisions à échelle réduite consistent à faire le lien entre les prévisions météorologiques et les prévisions climatiques saisonnières pour la région de Sakai, d’une part, et le savoir agricole, d’autre part. Par exemple, les agriculteurs ont été encouragés à cultiver, sur une partie de leur exploitation, des cultures adaptées aux précipitations attendues ainsi que des variétés capables de pousser, même si les pluies sont plus ou moins abondantes que prévues. Les agriculteurs ont également accès à des prévisions locales en Kikamba, une langue locale.

Un meilleur accès à l’eau est un autre élément-clé du projet. Quatre nouveaux barrages de sable construits dans différents villages ont contribué à améliorer l’accès à l’eau pendant les saisons sèches et à réduire la distance que les femmes et les enfants doivent parcourir pour trouver de l’eau. L’implication des femmes a été essentielle. Le Dr Opondo dit que les femmes se sont portées volontaires pour construire des barrages en effectuant la corvée d’eau et en transportant des pierres. Et, grâce aux barrages de sable, l’agriculteur Onesmus Munyao affirme que les villageois peuvent maintenant faire pousser et vendre des légumes.

Le Dr. Opondo précise que l’adaptation au changement climatique est le plus grand défi auquel les communautés agricoles doivent faire face. Le travail effectué à Sakai a démontré que l’éducation agricole et l’investissement dans les systèmes d’eau peuvent grandement améliorer les rendements des agriculteurs. Mais le Dr Opondo insiste sur le fait que l’intégration de stratégies d’adaptation à long terme, dans les politiques nationales, est la seule façon de rendre ce genre de projet durable.

Le financement du projet se termine en juin. Bonface K. est un agriculteur qui a bénéficié du projet. Il souhaite voir davantage de soutien et de fonds pour que le projet grandisse, un meilleur accès aux semences de qualité, et davantage de barrages de sable. Bonface veut que l’aide alimentaire devienne une chose du passé, pour les agriculteurs du Kenya.