2. Afrique de l’est : Les légumes indigènes reviennent en force (New Vision, New Agriculturalist)

| mai 26, 2008

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Un certain légume feuillu est de plus en plus populaire dans les champs et sur les marchés à travers l’Afrique de l’est. Sur la plantation familiale de la famille de Caleb Bangirana, dans le District d’Isingiro (dans l’ouest du Kenya), cette plante pousse au beau milieu des bananiers. Avec ses larges feuilles vertes regorgeant de nutriments, cette plante traditionnelle, de la famille des solanacées, sort de l’ombre des légumes exotiques.M. Bangirana explique que les agriculteurs de cette région avaient autrefois une attitude négative vis-à-vis de la culture de légumes. Et les légumes traditionnels comme ceux de la famille des solanacées (Solanum scabrum and Solanum villosum), la plante araignée (cleome gynadra), et les baies amères (Solanum giganteum) étaient souvent négligés, en faveur des choux, des tomates, des carottes et d’autres légumes exotiques.

Mais ces attitudes sont en train de changer. Maintenant, dans la paroisse où vit M. Bangirana, plus de 30 foyers font pousser des légumes en vue de les commercialiser dans leur district. Le fait que les légumes indigènes sont tellement faciles à cultiver a contribué à changer la perspective de la population. Les solanacées africaines et les amaranthes, par exemple, se sont très bien adaptées au climat local et résistent aux maladies et aux ravageurs qui peuvent détruire les légumes exotiques.

L’intérêt croissant des agriculteurs pour les légumes traditionnels a permis aux consommateurs de redécouvrir leur goût pour les aliments locaux. Au Kenya et en Tanzanie, un groupe d’ONG fait la promotion de cette tendance.

Patrick Maundu est membre de l’ONG Biodiversité Internationale qui travaille sur un projet visant à promouvoir la production et la vente de légumes africains traditionnels. Selon Maundu, le premier supermarché qui a décidé de proposer des solanacées à ses clients a très vite écoulé ces stocks. Les solanacées, ainsi que l’aubergine africaine, sont désormais des articles faciles à trouver dans les épiceries et les marchés locaux en Afrique de l’Est.

M. Maundu dit que ces variétés de légumes traditionnels sont plus nutritives que leurs alternatives exotiques. Les solanacées africaines sont une bonne source de protéines, de fer, de vitamine A, d’iodine, de zinc et de sélénium, ce qui fournit de plus hauts niveau de ces nutriments par rapport au chou. Ces vitamines et micronutriments sont spécialement importants pour les personnes à risque de développer une malnutrition ou certaines maladies; ceci est particulièrement vrai pour les personnes vivant avec le HIV/SIDA.

Ainsi, le regain d’intérêt pour les légumes traditionnels bénéficie à la fois aux consommateurs, qui tirent avantage de leur valeur nutritive, et aux agriculteurs, qui améliorent leurs revenus financiers. Cela fait trois ans que la famille de M. Bangirana, sans difficulté particulière, fait pousser des légumes traditionnelles sur leur plantation de bananes, assurant un revenu additionnel de 30 à 50 000 shillings ougandais (environ 30 dollars américains, soit 20 euros) par mois.