1. Malawi- Des paysans voient leurs terres agricoles se transformer en plantation de canne à sucre (par Gladson Makowa, pour Agro Radio Hebdo, au Malawi)

| juin 15, 2009

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Le village de Thom Chipakuza est comme une île au milieu de vastes champs de canne à sucre. Les terres où les villageois cultivaient autrefois de la nourriture ont été saisies par une entreprise de canne à sucre, l’an dernier. Maintenant, les habitants de ce village craignent que leurs maisons ne soient aussi achetées sans leur consentement et détruites. Mais ils refusent de s’éloigner de la terre de leurs ancêtres. Au Malawi, les villages sont habituellement sur des terres coutumières. Selon les politiques nationales, ces terres appartiennent au gouvernement mais sont administrées par les chefs de village.

Il y a des conflits fonciers entre la population de Thom Chipakuza et une compagnie privée, depuis plus d’une décennie. La compagnie affirme qu’elle a acheté le terrain au gouvernement du Malawi il y a longtemps. Une entente donne le droit à la compagnie d’utiliser ses terres pour une période de 99 ans. Elle dit aussi avoir négocié avec les chefs de la région afin d’utiliser les terres.

Nickson Stasha est le chef de village de Thom Chipakuza. Il reconnaît que l’entreprise de canne à sucre a droit à ces terres. En effet, en 1974, cette compagnie étrangère qui s’appelle LONRHO a payé des villageois pour s’approprier de la moitié des terres. Certaines des personnes qui ont vendu leur terre sont parties s’installer sur des terrains fournis par le gouvernement du district. Certains villageois disent qu’on leur avait promis de l’argent mais ils ne l’ont jamais reçu. Ils sont donc restés sur leurs terres en attendant l’argent qu’on leur avait promis.

Maintenant, les villageois sont surpris d’apprendre que la compagnie est propriétaire de toutes les terres .

Dans les années qui ont suivi l’entente entre le gouvernement et la compagnie, certains villageois ont continué à vivre sur ses terres. Sans leur consentement, leurs terres ont été revendues à Illovo Sugar, une compagnie de production de canne à sucre. Les villageois ont été choqués d’apprendre que Illovo Sugar avaient saisies leurs terres agricoles l’année dernière. L’entreprise aurait indemnisé les villageois, mais seulement pour les cultures qu’ils faisaient pousser sur leur terrain et pour leurs maisons.

Emmanuel Blight est un villageois qui cultivait du maïs et des légumes sur une petite parcelle de terre. Son maïs poussait encore lorsque la compagnie est venue détruire son jardin pour y planter de la canne à sucre. Il a confirmé qu’il a reçu une somme de 583 dollars américains (environ 420 euros) pour la perte de ses cultures. Mais maintenant, il n’a pas de terre pour faire pousser la nourriture dont il a besoin pour nourrir sa famille.

Désormais dépourvus de propriétés foncières, certains villageois sont contraints de louer des terres dans un village voisin. D’autres n’ont pas les moyens de louer des terres.

Un agent de terrain du district de Chikwawa dit que la compagnie est tout à fait dans son droit. M. Gerald Maveka travaille au bureau du commissaire de district. Il dit que le terrain en question appartient à Illovo Sugar, et non à la population. Lorsqu’on a demandé à M. Maveka d’expliquer pourquoi les gens disent que les terres n’appartient pas à la compagnie, il dit qu’il pense que cela pourrait être dû au fait que la compagnie a changé de propriétaire: Illovo Sugar s’appelait auparavant LONRHO.

Illovo Sugar bénéficie de l’appui du gouvernement car la compagnie fait rentrer beaucoup de devises étrangères dans le pays. Les produits faits à partir de la canne à sucre sont deuxième en matière d’exportation, pour le Malawi. Maintenant que la canne à sucre est aussi utilisée pour fabriquer de l’éthanol, cette culture a encore plus de valeur. La canne à sucre cultivée sur les terres des villages de Thom et de Chipakuza est transformée non seulement en sucre mais aussi en éthanol dans des usines locales.

Les villageois qui ont perdu leurs terres disent qu’un des avantages est que leurs enfants gagnent maintenant de l’argent pour le travail qu’ils effectuent pour la compagnie. En effet, des milliers de personnes travaillent pour cette dernière. La plupart sont des travailleurs occasionnels des régions voisines. Les villageois ne s’attendent pas à avoir de nouveau le droit de posséder ces terres agricoles. Ils disent qu’au minimum, ils veulent être indemnisés pour leurs pertes.