Burundi : Des agriculteurs découvrent une nouvelle technique de conservation des tomates

| novembre 28, 2016

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Vital Nduwimana se désolait de la quantité de tomates qu’il perdait chaque saison. Pendant des années, ses tomates se mettaient à pourrir trois ou quatre jours après qu’il les avait récoltés. Cela le frustrait.

M. Nduwimana explique: « Je n’arrivais pas à écouler toute la quantité de ma production des tomates et je perdais beaucoup, presque la moitié de ma production. Pire encore, je devais les vendre à bas prix au marché. Alors, en 2015 j’ai eu l’idée de trouver une technique de conservation des tomates.»

M. Nduwimana cultive la tomate à l’est du Burundi, sur la colline de Kabuyenge, à cinq kilomètres de la frontière tanzanienne.

À l’Est du Burundi, les tomates sont en abondance pendant la période d’août et septembre. Cependant, les producteurs et les productrices ont du mal à conserver leurs tomates pour les vendre plus tard. Une grande quantité de tomates pourrissent.

M. Nduwimana a testé de nombreuses techniques pour résoudre son problème. Il a essayé de conserver ses tomates dans de l’eau, l’argile, sous terre, dans des cartons et même sous le sable. Il a essayé toutes les méthodes qui lui venait à l’esprit, en vain.

Puis un jour, il constate que les tomates qu’il avait conservées à côté des bananiers n’avaient pas pourri. C’est ainsi qu’il se rend compte de la présence de la cendre au pied des bananiers.

Il a décidé d’essayer de conserver ses tomates dans la cendre et a découvert que cette technique de conservation est plus efficace que toutes les autres précédemment essayées.

Vital conserve ses tomates dans la cendre

Vital conserve ses tomates dans la cendre. Crédit photo: Jean de Dieu Ininahazwe

Il utilise la cendre provenant d’une cheminée, et tamise celle-ci trois ou quatre fois pour enlever les gros résidus, débris et autres corps étrangers. Ensuite, il verse la cendre dans un carton en papier avant d’y déposer les tomates. Grâce à cette technique, M. Nduwimana parvient à conserver en toute sécurité ses tomates pendant plusieurs mois.

Il explique : « Je conserve mes tomates dans la cendre pendant une période de cinq à six mois. C’est dans le but de les vendre au mois de décembre,  janvier ou février quand les prix augmentent puisque les tomates sont rares et deviennent chères pendant cette période. »

Jean Nivyabandi est agronome. Il assure que les cendres n’ont pas d’effets négatifs sur les tomates et que celles-ci peuvent être consommées sans aucun danger. Il explique : «Il n’y a aucun risque de toxicité de la tomate après conservation dans les cendres.»

Néanmoins, l’agronome souhaite que l’Institut des sciences agronomiques du Burundi procède à des tests pour valider scientifiquement la technique de M. Nduwimana.

Pendant ce temps, d’autres producteurs et productrices de tomates de Cibitoke, la principale région productrice de tomates du Burundi, ont eu la motivation de tester les techniques par eux-mêmes.

Judith Mizmana cultive la tomate à Cibitoke. Elle déclare : « Normalement, je pouvais récolter entre 550 et 600 kilogrammes de tomates par saison. Mais … je perdais près de la moitié de ma production. Aujourd’hui, je me frotte les mains et je souris tout le temps. Grâce à cette technique, je peux conserver mes tomates en attendant que le prix monte au marché sans avoir peur qu’elles vont pourrir. »

Pendant ce temps, l’agriculteur innovateur a changé sa vie grâce à cette technique. Il déclare : « Avec le revenu tiré de la vente des tomates, j’ai ouvert un petit restaurant et je suis fournisseur permanent des tomates aux restaurants du chef-lieu de ma province. J’ai tout le marché et j’ai créé de l’emploi également. C’est toute une vie qui a changé. Dans l’avenir, je projette acheter  un camion pour assurer le transport de mes tomates. »

Vital à l'intérieur de son petit restaurant. Crédit photo: Jean de Dieu Ininahazwe

Vital Nduwimana à l’intérieur de son petit restaurant. Crédit photo: Jean de Dieu Ininahazwe

M. Nduwimana est devenu un entrepreneur ambitieux. En juillet 2016, il a même gagné un concours sur l’innovation organisé par l’ONG Agakura.