« Le fumier : un travailleur magique » et « De l’engrais organique à portée de main »

    | février 22, 2010

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    Alors que les changements climatiques continuent d’être un sujet de grande importance pour nos abonnés, nous consacrons cette section à deux textes radiophoniques primés dans le cadre du Concours de rédaction de textes radiophoniques sur les stratégies d’adaptation des petits agriculteurs africains au changement climatique. Ces deux textes radiophoniques gagnants qui ont été produits sous forme d’enregistrements audio et distribués par l’intermédiaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, dans le cadre de la Journée mondiale de l’alimentation en 2008.

    Les textes sont les suivants: « Le fumier : un travailleur magique », écrit par Gladson Makowa de The Story Workshop, au Malawi, et « De l’engrais organique à portée de main », écrit par Adama Zongo de la Radio Rurale du Burkina, au Burkina Faso. Vous pouvez écouter les enregistrements audio en cliquant sur les liens ci-dessus, et vous pouvez lire les textes dans leur intégralité (ci-dessous). Bien que «Le fumier : un travailleur magique » ait été produit en anglais seulement et que « De l’engrais organique à portée de main » ait été produit en français seulement, les textes des deux enregistrements sont disponibles dans les deux langues. Lisez les textes ou écoutez les enregistrements, et cela pourrait vous donner d’excellentes idées sur comment transformer des textes radiophoniques en productions audio divertissantes!

    Le fumier : un travailleur magique

    Notes au radiodiffuseur
    Les inondations et les sécheresses deviennent les sujets d’actualité. Ce sont des signes importants des changements climatiques. Les agriculteurs éprouvent des difficultés à choisir de bonnes variétés de cultures pour convenir à ces changements climatiques. Le présent texte donne une solution générale pour s’adapter aux changements climatiques. Le fumier fonctionne à la fois pour les cultures à maturité précoce et à maturité tardive. Il retient l’eau dans le sol en cas de sécheresse et enlève l’excédent d’eau lorsqu’il y a trop d’eau dans le sol puisqu’il le rend perméable. Ce texte peut donc être utilisé dans n’importe quel pays et pour n’importe quelle culture afin d’atténuer les effets des changements climatiques.

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    Indicatif musical

    Animateur : Bienvenue, chers auditeurs et auditrices, à Farmers Parade. Durant cette émission, nous documentons certaines des découvertes et des réalisations merveilleuses des petits exploitants agricoles en Afrique. Comme d’habitude, vous êtes aujourd’hui en compagnie de votre animateur Gladson Makowa.

    Montée de l’indicatif musical et sortie en fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

    Animateur : Savez-vous que les agriculteurs sont de bons chercheurs? Imaginez combien cela peut être utile pour vous de découvrir une chose par vous-même, dans votre ferme. Pourquoi ne commencez-vous pas à faire des recherches sur l’un des sujets que vous entendez à la radio?

    Pause. Montée de l’indicatif musical et sortie en fondu enchaîné sous la voix de l’animateur

    Animateur : The Story Workshop, organisme médiatique non gouvernemental au Malawi, a travaillé dans six villages, appelés des « Jardins de recherches radiophoniques », dans le cadre de son projet financé par l’Union européenne de 2002 à 2006. Chaque village choisissait un sujet de recherche pour vérifier les paroles entendues à la radio au cours de l’émission intitulé Mwana Alirenji (auto-suffisance). Ces recherches ont été radiodiffusées une fois par mois. Aujourd’hui, nous allons entendre certaines des conclusions de l’un de ces Jardins de recherches radiophoniques. Restez à l’écoute pour tout savoir sur la magie du fumier!

    Musique traditionnelle enregistrée dans les villages

    Animateur : L’arrêt des pluies, quand des cultures comme le maïs en ont encore besoin, n’est pas un scénario rare de nos jours. Le village de Msanjama, un des Jardins de recherches radiophoniques, a découvert une sorte de magie extraordinaire pour résoudre ce problème des périodes de sécheresse. Le village de Msanjama est situé du côté ouest du district de Mulanje dans l’Autorité traditionnelle Juma. Comme dans de nombreux villages au Malawi, beaucoup de villageois sont pauvres. Très peu d’agriculteurs peuvent se permettre d’acheter un sac d’engrais inorganique coûteux. Pour empirer les choses, Msanjama se trouve dans l’ombre pluviale du mont Mulanje. C’est la plus haute montagne au Malawi et la troisième en Afrique. Souvent, les pluies cessent tôt, juste quand le maïs développe ses épis mais n’est pas encore mûr. Comme si cela ne suffisait pas, les sols sont sablonneux et perdent rapidement leur humidité. Mais une lumière est apparue au bout du tunnel lorsque les villageois ont entendu parler à la radio d’une substance magique appelée fumier. Un collègue agriculteur livrait un témoignage sur ses rendements en utilisant seulement du fumier. Les villageois n’ont pas hésité à entamer leurs propres recherches en comparant le fumier à un engrais inorganique. Mais, au cours de la première année de recherche, le fumier n’a pas pu battre le rendement de l’engrais. Ce fut un fiasco. (Pause) Qu’est-ce qui n’avait pas marché? Pensez-vous que le fumier peut battre l’engrais inorganique dans son aide aux cultures?

    Musique traditionnelle enregistrée dans les villages

    Effets spéciaux : Atmosphère de village (bruits de chèvres et de poulets dans le lointain).

    Chef du village : (En colère, pendant qu’un autre homme dit « oui » en arrière-plan.) Monsieur le président… il est clair que le fumier est un fardeau inutile pour nous, agriculteurs. Rendez-moi la parcelle que je vous ai louée pour effectuer vos recherches. Je veux l’utiliser à d’autres fins.

    Président : Attendez, attendez chef…

    Chef : Attendez! Attendez! Attendez quoi? Les difficultés que nous avons rencontrées ne sont-elles pas suffisantes, Monsieur le président? Mme Jumbe, vous vouliez faire un commentaire. Que voulez-vous dire?

    Mme Jumbe : Oui, chef, c’était que …

    Président : (L’interrompant) Allons, accordez-moi le bénéfice du doute. Essayons encore une fois le fumier. Nous avons besoin de solutions qui peuvent nous aider à nous ajuster au climat changeant qui dessèche nos cultures et endommage nos sols! (Protestations) M. Jumbe, pourquoi appuyez-vous l’idée du chef du village d’arrêter les recherches? N’êtes-vous pas celui qui a avancé cette idée?

    M. Jumbe : Oui, c’est moi. J’ai été aveuglé par le baratin de cet agriculteur à la radio.

    Mme Jumbe : (Calmement et d’un ton sarcastique) Ouais, le fumier est très décevant. Au début, nous avions une récolte très saine mais, par la suite, elle a perdu de l’énergie. Et rappelez-vous les résultats de l’engrais inorganique. Après la deuxième application, tout a bien fonctionné jusqu’à la récolte.

    Chef : Mme Jumbe, vous avez raison. Au début, le fumier a effectivement été illusoire, comme s’il allait donner de bons résultats. Mais malheureusement, il a abandonné en chemin.

    Président : Écoutez-moi d’abord. Nous avons appliqué de l’engrais deux fois, n’est-ce pas? Tous : Oui.

    Président : Pourquoi ne pourrions-nous pas appliquer aussi le fumier deux fois pour être sur un pied d’égalité?

    Silence total du groupe

    M. Jumbe : Que venez-vous de dire, Monsieur le président?

    Président : (Calme et empathique. Les gens s’intéressent maintenant à ce qu’il dit.) Rappelez-vous que nous avons appliqué de l’engrais deux fois pour que le maïs donne de bons résultats. Ne pourrions-nous pas essayer d’appliquer le fumier deux fois également?

    Mme Jumbe : Je pense que monsieur le président a une bonne idée. Il y a eu effectivement une bonne récolte avec le fumier avant qu’il ne commence à perdre de l’énergie. Pourquoi ne pourrions-nous pas essayer d’appliquer le fumier deux fois, de la même façon que nous avons appliqué l’engrais?

    Gens : (Beaucoup sont d’accord) Oui, essayons-le deux fois.

    Chef : Eh bien, si c’est l’opinion de tout le monde d’essayer une nouvelle fois, alors je laisserai encore le jardin à votre groupe pour cette saison.

    Tous : (Quelques rires, quelques applaudissements et quelques commentaires) C’est notre courageux président… Assurez-vous de ne pas connaître un nouvel échec cette fois-ci!

    Musique traditionnelle enregistrée dans les villages

    Animateur : Les villageois ont accepté d’appliquer le fumier deux fois durant la prochaine saison de croissance. Ils ont fabriqué suffisamment de fumier composté pour deux applications, comme dans le cas de l’engrais. Ils ont divisé leur terre en deux parcelles – un côté avec l’engrais et un côté avec le fumier. Ils ont appliqué le fumier et l’engrais pour la deuxième fois le même jour. Les gens pouvaient à peine dire quel côté avait reçu le fumier et quel côté avait reçu l’engrais.

    Et puis l’impensable est arrivé. Lorsque le maïs avait tout juste produit des panicules et développait ses épis, les pluies ont cessé. Le côté de l’engrais a commencé à montrer des signes de carence en humidité. Le maïs a flétri avant de mourir. Qu’est-il arrivé au côté du fumier? Restez à l’écoute.

    Musique traditionnelle enregistrée dans les villages

    Effets spéciaux : Bruit de maïs égrené que l’on vanne et verse dans un seau.

    Président : (À voix haute) Approchez-vous tous. Comparons le fumier et l’engrais inorganique à la fin d’une compétition équitable.

    Effets spéciaux : Bruit de maïs égrené sous des bruits de personnes admirant une sorte de maïs comparativement à l’autre. Certains blâment les pluies.

    Président : Comptons ces seaux de maïs égrené provenant de la partie sur laquelle nous avons appliqué de l’engrais. Mme Jumbe, pouvez-vous nous diriger?

    Tous : (Effets spéciaux de maïs versé dans des seaux) Un… deux… trois… quatre… cinq.

    Mme Jumbe : Maintenant comptons ceux de la partie sur laquelle nous avons appliqué le fumier. Un…

    Tous : (Effets spéciaux de maïs versé dans des seaux) … deux… trois… quatre… cinq… six… sept… huit. (Tous rient et scandent) Le fumier! Le fumier! (Et ils chantent) « You have shaken buffalo beans; it is going to irritate you. » (Note de la rédaction : Il s’agit d’une chanson malawienne au sujet d’une variété de haricots veloutés qui irritent la peau des gens. C’est une chanson très connue au Malawi. Veuillez la remplacer par n’importe quelle chanson traditionnelle qui est chantée lorsque votre équipe de football a gagné le match alors qu’elle n’était pas favorite.)

    Président : (Essayant de les ramener au silence) Silence! Silence!

    Mme Jumbe : M. Jumbe, mon mari, regardez comme les grains de maïs du côté du fumier sont beaux et dodus.

    Tous : Des rires et des bruits de nouveau.

    M. Jumbe : (Criant au maximum de sa voix). Vous êtes chanceux que les pluies se soient arrêtées avant l’arrivée à maturité du maïs. Il n’y aurait pas eu de différence entre les deux parcelles au niveau de la récolte.

    Tous : (Des rires et des cris) Ha, vous!

    Président : (Criant lui aussi). Les pluies ne se sont pas arrêtées seulement du côté de l’engrais. Elles se sont arrêtées aussi du côté du fumier. N’est-ce pas?

    Tous les gens : Oui! (Scandent de nouveau) Le fumier! Le fumier!

    Président : Cela signifie que, même si vous avez qualifié le fumier de fardeau, il améliore la qualité du sol.

    Tous : (Murmures)

    Président : Attendez, est-ce que le chef du village a quelque chose à dire?

    Effets spéciaux : Pendant que le chef arrive, les gens applaudissent en son honneur.

    Chef : (Ils scandent « oui » en bruit de fond, en accord avec ce qu’il dit) Je n’ai pas grand chose à dire… Tout le monde a constaté que, en plus d’améliorer le rendement, le fumier retient également l’humidité. Vous rappelez-vous de quelle façon nous avons appliqué le fumier? La première application, nous l’avons tout juste effectuée entre les billons avant de billonner? Un seau d’un gallon rempli de fumier répandu le long de la jachère entre les billons. Ensuite, la deuxième application avec deux poignées pleines à la base des plantes et recouvertes de sol après le second désherbage. Allez le faire dans vos jardins. Chassez la faim de mon village!

    Tous : Ouais!

    Musique

    Animateur : Le fumier ajoute de la fertilité au sol et conserve l’humidité. Si vous avez des périodes de sécheresse, le fumier garde les plantes fortes. Combattez les effets secondaires des changements climatiques en utilisant le fumier. Rappelez-vous que le maïs n’a pas flétri du côté qui avait le fumier comme l’autre côté. N’oubliez pas que vous devez composter le fumier animal en le mélangeant avec des résidus d’herbes. Le fumier composté bien décomposé ne brûle pas les récoltes mais libère tous les nutriments nécessaires à nos cultures et conserve l’humidité dans le sol. Essayez-le. Les agriculteurs doivent faire preuve d’intelligence et de détermination. Souvenez-vous que nos amis n’ont pas réussi à atteindre leur objectif au cours de la première année. Ils n’ont pas abandonné mais ont pensé à modifier la méthode. Ils ont décidé d’appliquer le fumier deux fois. N’abandonnez pas!

    La leçon à retenir c’est que certaines sortes de fumier contiennent plus de nutriments que d’autres. Le fumier composté fabriqué à partir d’un mélange de plantes fixatrices d’azote, de légumineuses comme les gourganes, de feuilles de haricots, de feuilles d’arachides, de feuilles et d’excréments d’animaux est plus riche en nutriments. Le fumier de poulets, de porcs et de lapins contient plus d’azote que le fumier de bovins et de chèvres. N’entreposez pas le fumier à découvert et exposé à la pluie et au soleil ou trop longtemps – par exemple plus de deux mois – avant de l’utiliser, parce que le fumier perd certains nutriments avec le temps. Pour obtenir plus de renseignements, demandez à n’importe quel travailleur agricole ou à votre collègue agriculteur qui utilise le fumier de vous renseigner sur son utilisation.

    Indicatif musical

    Animateur : Nous voici arrivés à la fin de notre émission d’aujourd’hui, Farmers Parade. En attendant mardi prochain à 18 heures 30 sur votre station radiophonique préférée MBC, c’est Gladson Makowa qui vous dit… l’endurance finit par payer! Essayez le fumier! Surmontez les changements climatiques.

    Montée de l’indicatif musical et sortie en fondu enchaîné

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    Remerciements
    Rédaction : Gladson Makowa, The Story Workshop, Blantyre, Malawi.
    Révision : John FitzSimons, professeur agrégé, École de design environnemental et de développement rural, Université de Guelph, Canada.

    De l’engrais organique à portée de main

    De l’engrais organique à portée de main
    Notes au radiodiffuseur
    Tinga est un paysan formé à la technique de construction d’une fosse compostière. Bila, son cousin plaisantin, vient lui rendre visite pendant qu’il creuse la fosse avec quelques membres de sa famille. Un dialogue s’engage entre les deux paysans du village de Godin, où la dégradation des sols est devenue une réelle préoccupation des habitants.

    Le phénomène de la désertification a été accentué par la sécheresse au cours de ces trois dernières décennies. Dans les pays sahéliens, les terres se sont considérablement dégradées et les précipitations sont devenues plus faibles. La chaleur et les évaporations sont de plus en plus fortes et persistantes. De fait, les récoltes connaissent, d’année en année, des baisses notables. Aujourd’hui, pour faire face à cette situation, des agriculteurs développent des initiatives. La fosse compostière est l’une de ces méthodes qui peuvent les aider à s’adapter aux incidences de changements climatiques.

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    Paroles et bruits de pioches et de pelles

    Bila : Bonjour! (Blaguant) Ne me dites pas que vous creusez la tombe de votre grand-père? Depuis quand a-t-il fait du vide?

    Tinga : (Blaguant aussi) Plutôt celle de ta grand-mère qui est bien croulante. Cette tombe, comme tu l’appelles, va me permettre de nourrir mes terres de culture et d’avoir de bonnes récoltes. De nos jours, le poulet et la bière dolo (note du rédacteur : bière de mil) ne suffisent plus aux ancêtres pour exaucer nos prières.

    Bila : Ainsi commence la folie chez certains. Tu n’as pas encore fini de nourrir tes enfants que tu te préoccupes de la terre. Tu peux me dire comment tu comptes la nourrir?

    Tinga : Qui de nous deux est devenu fou? Nos terres sont usées par des années d’exploitation. Elles sont devenues pauvres. Les récoltes diminuent d’année en année. L’accès aux intrants agricoles est de plus en plus difficile. Il pleut de moins en moins. Fais-tu le même constat que moi? La terre a faim et soif et ne peut plus nous donner satisfaction. Elle nous est reconnaissante quand elle est rassasiée. La terre a aussi besoin de la nourriture que l’homme peut lui offrir. Tu comprends ça? Le compost peut aider le sol à mieux retenir l’eau et les cultures à résister aux poches de sécheresse qui sont de plus en plus fréquentes maintenant.

    Bila : Oui, je comprends cela, mais ma question demeure.

    Bruit de pioches et de pelles en fond sonore

    Tinga : Ta tombe en question est en fait une fosse fumière que je suis en train de creuser. Cette fosse va me procurer de l’engrais organique pour mes champs de culture.

    Bila : Tinga, je t’ai toujours reproché ton égoïsme. Si je ne passais pas par là, je ne saurais rien de cette fosse. Pourquoi n’aimes-tu pas partager avec les autres ce que tu sais?

    Tinga : Sois sérieux, puisque je t’en parle justement. Et je le fais avec plaisir et bonheur. Je vais reprendre pour toi les indications du technicien agricole qui nous a formés. Nous étions 25 paysans à recevoir cette formation et nous avons l’obligation de vulgariser cette technique dans nos villages. Bientôt, je vais réunir le village et l’enseigner à tous ceux qui le veulent. Bila : Va droit au but. Jusque-là, tu ne m’as rien dit de ce que j’attends.

    Tinga : Bien! Pour obtenir des nutriments pour la terre, il faut creuser un trou comme celui que tu vois. Il doit mesurer trois mètres de long sur trois mètres de large. Sa profondeur ne doit pas dépasser un mètre et demi. Autrement dit, la longueur et la largeur de la fosse sont égales à au moins trois fois un long bras et la profondeur à une fois et demie le bras.

    Dans ce trou, on met des tiges de mil en première couche. Puis on ajoute de la cendre, des ordures ménagères, des excréments de caprins, ovins et bovins notamment, et ainsi de suite, jusqu’à remplir la fosse. Le compost doit demeurer humide et non mouillé. Il faut éviter de jeter dans la fosse des matières qui ne peuvent pas se décomposer, tel le plastique. Il faut éloigner les enfants de la fosse pour leur sécurité.

    Bila : Qu’est-ce que ces ordures apportent à la terre?

    Tinga : Ces ordures vont constituer de la nourriture pour la terre. En effet, les tiges de mil, les ordures ménagères, les excréments des animaux, et la cendre vont se décomposer pour devenir des éléments nutritifs pour le sol. Ces ordures constituent de l’engrais organique et vont rendre le sol facilement labourable. Elles vont permettre au sol de retrouver un peu de sa fertilité qu’il a perdue et de retenir beaucoup d’eau. La dégradation des sols sera amoindrie et les évaporations atténuées, car le couvert végétal va se reconstituer progressivement. Tu vois, on aura ainsi donné de la nourriture à la terre.

    Bila : Alors, moi, qu’est-ce que ce travail me rapportera?

    Tinga : Ta question est digne d’un fou.

    Bila : Ne m’insulte pas, hein!

    Tinga : (Rires) Comment, après tout ce discours, tu oses demander ce que tu peux attendre de ce travail? Tends les oreilles et écoute-moi bien : tu as de l’engrais organique à portée de main et en grande quantité (plus de dix tonnes de compost si la fosse est bien pleine). Tes terres de culture seront plus fertiles, les plantes se développeront bien et ton champ donnera de gros épis et de bons grains. La saveur et la qualité des produits seront bonnes. Tes rendements seront améliorés. L’engrais organique réduira considérablement ta dépendance vis-à-vis des engrais chimiques. Il te fera économiser de l’argent qui servira à autre chose. L’engrais organique nous offre des avantages inestimables. Tu comprends ça?

    Bila : Je serais bien le fou si je te répondais non. À mon avis, c’est une technique qui peut nous sauver d’une situation qui devient de plus en plus inquiétante : l’épuisement de nos sols. Et elle n’est pas compliquée. Dis-moi, quand vas-tu commencer les séances de formation dans le village? Je serai parmi les premiers apprenants.

    Tinga : Je le sais. Que Dieu veille sur nous!

    Bila : Maintenant que tu m’as tout expliqué, je te laisse retourner à ta tombe. Je me sauve.

    Tinga : Je salue ta sorcière de grand-mère. Passe une bonne journée.

    Klaxon de vélo

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    Remerciements
    Rédaction : Adama G. Zongo, chef du service de la rédaction de la direction générale de la Radio Rurale du Burkina
    Révision : John FitzSimons, professeur associé, École de design environnemental et de développement rural, Université de Guelph, Canada.
    Correction : Alexis Télesphore Bagre, journaliste à la retraite
    Sources d’information
    Toula DIANDA, responsable du projet 50 000 fosses fumières (ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources Halieutiques, Burkina Faso).
    Serge Alfred SEDOGO, secrétaire exécutif du réseau MARP/BURKINA.
    Bobodo Blaise SAWADOGO, Communication sur les politiques nationales en matière de changements climatiques, 30 janvier 2008, Ouagadougou, Burkina Faso.