Zimbabwe : Une agricultrice en ascension

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Ella Mubayiwa était une bénéficiaire de la Third Chimurenga, le nom que portait le programme de réforme agraire de l’an 2000 au Zimbabwe. La veuve de 60 ans et mère de quatre enfants vivait à l’étranger, mais elle a été encouragée par sa mère de revenir au Zimbabwe et de réclamer une terre.

« Après avoir décroché mon diplôme en administration des affaires, je suis allée en Angleterre… Puis, j’ai entendu dire que le président avait autorisé la remise de notre terre. Nous avons été transportés par autobus vers divers endroits du pays et nous avons pu choisir la terre que nous voulions », explique-t-elle.

Mme Mubayiwa a acquis un bail de 99 ans pour une ferme de 35 hectares à Nyabira, à environ 30 kilomètres à l’ouest de la capitale, Harare. Son ménage figurait parmi les 38 ménages réinstallés en 2000 dans une ancienne ferme appartenant à des blancs.

Au début, elle a dû louer des tracteurs parce qu’il n’y avait pas d’autre façon de labourer sa terre. Elle a commencé à cultiver du tabac comme culture de rente. En 2012, elle a pu se permettre l’achat d’un tracteur.

Elle est toujours confrontée à des embûches quant à l’accès au capital pour financer ses activités agricoles. Les banques n’acceptent pas de considérer les baux de 99 ans du gouvernement à titre de garantie pour les prêts. Le bail donne aux titulaires de domaine à bail le droit de cultiver la terre de l’État, mais ne leur donne pas le titre de propriétaires de la terre.

Mme Mubayiwa a tenté sa chance dans l’élevage du bétail, mais n’a pas eu de succès; ses quatre bovins sont morts. Heureusement, sa chance a commencé à tourner quand elle a été choisie pour faire partie d’un projet-pilote du gouvernement consistant à cultiver des semences de maïs. Le projet est géré par le Scientific and Industrial Research and Development Centre (centre de recherche et de développement scientifiques et industriels dont l’acronyme en anglais est SIRDC) du gouvernement.

Edith Mazhawidza est la présidente de la Women Farmers Association (association des agricultrices). Elle a négocié un partenariat entre le SIRDC et 11 agricultrices. Les agricultrices doivent cultiver des semences de maïs développées par le SIRDC sur 200 hectares de parcelles de terre partout au Zimbabwe.

« [Le SIRDC] offre des semences, de l’engrais et du savoir-faire technique », explique Mme Mazhawidza. Conformément au contrat, les femmes sont tenues de vendre leur récolte au SIRDC. Après la déduction du coût des intrants, les femmes reçoivent la différence en argent. La culture de semences de maïs vaut vraiment la peine. Une tonne de semences rapporte jusqu’à 660 $ US par rapport à 390 $ US pour une tonne de maïs cultivé pour la consommation.

Mme Mubayiwa cultive des semences de maïs prometteuses sur 15 hectares. « J’ai bon espoir que, grâce aux pluies abondantes, j’aurai une bonne récolte. J’espère doubler la superficie de mes terres l’année prochaine », déclare-t-elle. Elle s’attend à récolter cinq tonnes par hectare.

Mme Mubayiwa emploie 10 travailleurs à temps plein qui vivent sur la ferme avec leurs familles et embauche 15 travailleurs saisonniers. Elle paie les travailleurs à temps plein 75 $ US par mois et leur fournit les aliments de base.

Son succès en matière de culture de semences de maïs l’a encouragée à utiliser sa maison à Harare comme garantie pour un prêt. Elle ne veut plus faire la navette et veut construire une maison sur la ferme. Elle veut aussi installer un système d’irrigation.

« J’avais l’habitude de refuser de céder les titres de propriété de ma maison à la banque à titre de garantie en raison de l’incertitude des pluies … [mais] la saison des pluies a été bonne cette année, alors je suis prêt à prendre un risque. Je veux être une agricultrice à temps plein », de dire Mme Mubayiwa.

Pour lire l’article sur lequel se fonde cette histoire, visitez le http://www.irinnews.org/report/100135/zimbabwe-s-women-farmers-on-the-rise (en anglais seulement).