admin | novembre 23, 2020
Nouvelle en bref
La pandémie du coronavirus a entraîné la hausse des prix des aliments et la baisse des revenus de plusieurs personnes, y compris au Zimbabwe, où les récentes sécheresses aggravent l’insécurité alimentaire. Cependant, Sinikiwe Sibanda qui cultive à 42 kilomètres, au nord-ouest de Bulawayo, est satisfaite de sa récolte. Elle cultive plus de sorgho et de mil que de maïs, s’assurant ainsi une récolte satisfaisante même pendant la sécheresse. Le mil et le sorgho tolèrent plus la sécheresse que la plupart des autres céréales, et ils sont très nourrissants. Même certain(e)s éleveurs(euses) se tournent vers le sorgho qu’ils/elles peuvent utiliser comme ensilage pour nourrir les animaux en saison sèche.
Pour Sinikiwe Sibanda, cultiver plus de sorgho et de mil que de maïs est avantageux. Avec la pandémie de coronavirus qui a entraîné une baisse des revenus et une hausse des prix des denrées alimentaires au Zimbabwe, la capacité d’adaptation de madame Sibanda avec les ressources alimentaires traditionnelles et indigènes pourrait assurer la sécurité alimentaire de sa famille.
Madame Sibanda cultive à Nyamandlovu, à 42 kilomètres, au nord de Bulawayo, la deuxième plus grande ville du Zimbabwe. Elle a récolté deux tonnes de mil cette année, contre moins de 700 kilogrammes de maïs. Pendant que certain(e)s agriculteurs(rices) n’ont pas du tout récolté de maïs, ceux et celles qui ont cultivé du sorgho et du mil auront assez de nourriture jusqu’à la prochaine saison agricole. Après la mauvaise pluviométrie qu’elle a connue durant la saison 2018-19, madame Sibanda est satisfaite.
Madame Sibanda fait partie du nombre croissant d’agriculteurs(rices) des régions semi-arides qui reçoivent peu de pluie et qui délaissent la culture du maïs blanc au profit du sorgho et du mil, des cultures traditionnelles résistantes pour leur sécurité alimentaire et nutritionnelle.
La sécurité alimentaire est un gros souci au Zimbabwe. Selon les estimations, plus de huit millions de Zimbabwéens et Zimbabwéennes auront besoin d’une aide alimentaire d’ici la prochaine saison de récolte en mars.
Cependant, la transition vers le sorgho et le mil n’a pas été facile. Madame Sibanda déclare : « J’aime le maïs, mais les sécheresses fréquentes font qu’il est difficile d’en cultiver régulièrement. »
Elle cultive aussi sur une superficie moins grande. Maintenant, elle ensemence juste cinq hectares de son exploitation, contre 10 dans le passé. Les coûts élevés des semences et de la main-d’œuvre, ainsi que la pluviométrie imprévisible chaque année l’ont obligée à réduire sa superficie.
Madame Sibanda explique : « J’ai appris ma leçon la saison dernière et j’ai cultivé un hectare de millet perlé, un autre de sorgho et une plus grande superficie de maïs, mais c’est le millet qui a le mieux produit. »
Elle affirme que sa récolte de maïs a été mauvaise ces dernières années. Elle explique : « La sécheresse qui survient chaque année réduit les récoltes de maïs et, plusieurs fois, je ne récolte rien si je ne sème pas encore entre temps durant la saison. … Le maïs a besoin de beaucoup de pluie et fane facilement lorsqu’il ne pleut pas bien comme ce fut le cas cette année. Mais je peux récolter quelque chose avec les petites céréales. »
Même les éleveurs(euses) de bétail se tournent vers le sorgho. L’éleveur Obert Chinhamo cultive le sorgho en association avec le maïs sous forme de production pluviale, à Biano Farm, à 30 kilomètres au sud de Bulawayo. Il transforme le sorgho et le maïs en ensilage pour nourrir ses 300 bœufs de race Simmental en saison sèche lorsque le pâturage se raréfie et manque de nutriments. Monsieur Chinhamo apprend également aux agriculteurs(rices) à faire leurs propres aliments pour animaux au moyen du sorgho pluvial.
Cette transition vers la consommation d’aliments à base de sorgho n’a pas été facile pour la famille de madame Sibanda. Le Zimbabwe est une nation qui aime le maïs et où la farine de maïs est consommée au moins trois fois par semaine lorsqu’il y en a.
Madame Sibanda affirme qu’elle aime la farine de mil qu’elle utilise pour faire une bouillie délicieuse et de l’isitshwala (un plat de base riche en glucides, fait à base de farine). Mais ses enfants urbanisés n’aiment pas ça.
La sécheresse et la pandémie du COVID-19 contribuent à l’insécurité alimentaire au Zimbabwe. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies au Zimbabwe, les familles en proie à l’insécurité alimentaire auront besoin d’une aide pour avoir suffisamment de calories et éviter la détérioration de la situation nutritionnelle des enfants, ainsi que celle des femmes et des groupes vulnérables comme les personnes handicapées.
La production accrue du sorgho et du mil pourrait contribuer à la sécurité alimentaire et nutritionnelle. Hapson Mushoriwa est le sélectionneur en chef pour l’Afrique orientale et australe à l’Institut international de recherche sur les cultures des zones tropicales semi-arides, ou ICRISAT. Pour lui, les petites céréales sont les aliments du futur.
Elles sont durables, nutritives et ont une faible empreinte carbone contrairement au maïs à cause de leurs niveaux plus bas d’émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d’oxyde nitreux dans l’atmosphère pendant la production, selon monsieur Mushoriwa.
L’ICRISAT développe des variétés adaptées de six céréales et légumineuses majeures, dont le sorgho, le millet perlé, les arachides et les pois d’Angole. Monsieur Mushoriwa a déclaré que ces cultures étaient développées de sorte qu’elles soient hautement productives, résistantes, acceptables du point de vue et satisfaisantes pour les marchés.
Monsieur Mushoriwa déclare : « Quand vous prenez ces six cultures que nous avons été mandatées de développer, nous les qualifions « d’aliments intelligents », car elles sont bonnes pour vous et très nutritives, bonnes pour la planète (ils ont une faible empreinte aquatique et carbone), bonnes pour les sols et nécessitent peu de produits chimiques. »
Il ajoute : « Ces cultures sont bonnes pour l’agriculteur d’exploitation familiale, car elles survivent dans les conditions climatiques les plus rudes, ont multiples usages, produisent considérablement et la demande de consommation est encore inexploitées. »
La présente nouvelle est adaptée d’un article rédigé par Busani Bafana pour Interpress News Service, intitulé « Utiliser les ressources alimentaires traditionnelles et autochtones pour lutter contre des années successives de sécheresse. » Pour lire l’intégralité de l’article, cliquez sur http://ipsnews.net/francais/2020/10/27/utiliser-les-ressources-alimentaires-traditionnelles-et-autochtones-pour-lutter-contre-des-annees-successives-de-secheresse/.