Zimbabwe : Des agriculteurs et des agricultrices adoptent l’irrigation par goutte-à-goutte

| mars 7, 2016

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Rose Mitchell est une petite productrice de citrouilles. Il y a quelques années, Mme Mitchell a commencé à utiliser le système d’irrigation par goutte-à-goutte dans son champ. Depuis lors, ses citrouilles se vendent à des prix plus élevés au marché de Bulawayo, la deuxième ville du Zimbabwe. En fait, une de ces citrouilles, qui pesait 80 kilogrammes, s’est vendue à 50 $.

Mme Mitchell ne pouvait pas contenir sa joie.

Photo: Mme Mitchell vend ses citrouilles au marché. Crédit: Nqobani Ndlovu

Photo: Mme Mitchell vend ses citrouilles au marché. Crédit: Nqobani Ndlovu

Mais la ferme de Mme Mitchell n’a pas toujours été aussi productive et rentable. Son mari avait l’habitude d’effectuer tous les travaux champêtres sur leur lopin de terre, et des années de mauvaise pluviométrie s’étaient soldées par de mauvaises récoltes.

Son mari est décédé en 2011. Après sa mort, Mme Mitchell était désemparée. La pension que lui versait le gouvernement tous les mois était insuffisante pour leurs besoins à sa famille et elle. Elle raconte « Honnêtement, je ne pensais pas pouvoir prendre soin de ma famille après le décès de mon époux. J’avais de la difficulté à payer les frais de scolarité des enfants, sans parler du loyer mensuel et des dépenses afférentes aux autres besoins essentiels. »

En 2012, elle a participé à un atelier de formation sur l’irrigation par goutte-à-goutte proposé par l’ONG Amalima aux agriculteurs et aux agricultrices d’exploitations familiales. Elle a appris que l’irrigation par goutte-à-goutte était une méthode qui aidait les agriculteurs et les agricultrices à économiser l’eau et les engrais en ce qu’elle permet à l’eau de dégouliner tout doucement sur les racines des cultures.

Après la formation, Mme Mitchell a pris un risque. Elle a hypothéqué une partie de son lopin de terre pour obtenir un prêt bancaire. Avec ce prêt, elle a acheté un kit d’irrigation par goutte-à-goutte. Le kit comprend une pompe, une citerne, des panneaux solaires et des batteries, le tout acquis au prix de 6 000 $US. Elle déclare : « C’était un pari très risqué [que d’acheter un équipement si coûteux], mais maintenant cela est rentable. Je suis parvenue depuis lors à rembourser le prêt et [arrive] à subvenir aux besoins de mes enfants. »

Stan Khumalo est un spécialiste en irrigation qui est installé dans la région de Lupane, dans la province du Matabeleland Nord, au Zimbabwe. Il affirme que l’irrigation goutte à goutte constitue la meilleure solution pour des agriculteurs et des agricultrices comme Mme Mitchell, qui vivent dans les régions plus arides du pays. M. Khumalo soutient que l’irrigation par goutte-à-goutte utilise l’eau plus efficacement que les systèmes d’irrigation par submersion ou par asperseur.

Garikayi Msika est le vice-président du syndicat national des agriculteurs du Zimbabwe. Selon M. Msika, la plupart des pays délaissent progressivement l’agriculture pluviale et adoptent l’irrigation par goutte-à-goutte, ainsi que d’autres techniques. Il ajoute : « Les configurations des pluies sont imprévisibles [d’où] la sérieuse menace pour l’agriculture. On ne peut pas ne pas tenir compte de l’irrigation par goutte-à-goutte. »

Mme Mitchell n’est pas la seule des agriculteurs et agricultrices à avoir réussi avec l’irrigation par goutte-à-goutte. Mme Nonsikelelo Mnguni cultive à Umguza, dans la région du centre-ouest du Zimbabwe. Elle affirme que le fait d’avoir délaissé l’agriculture pluviale au profit de l’irrigation par goutte-à-goutte a été la meilleure décision qu’elle ait jamais prise. Mme Mnguni soutient que l’irrigation goutte à goutte lui permet de récolter du maïs deux ou trois fois par an. Avec l’argent qu’elle a gagné, elle a acheté une voiture usagée de marque japonaise.

Mme Mitchell déclare : « L’avenir paraît radieux pour moi, et, grâce à Amalima, mon rêve de créer un orphelinat comme moyen de redonner à la communauté s’est concrétisé. »