Tanzanie : Des communautés emploient des pratiques culturelles pour gérer les mangroves, les récifs et les ressources d’eau douce

| mars 3, 2025

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Nouvelle en bref

Sur l’îlot de Tumbatu, au Zanzibar, Didah Seif, une fonctionnaire et plongeuse certifiée, recueille soigneusement de l’eau d’une grotte d’eau douce protégée. Elle explique : « Il y a des récifs, des palétuviers en bonne santé, et de l’eau douce, car nous respectons ces normes. » Les traditions communautaires, telles que la restriction de la corvée d’eau aux matins et l’interdiction d’activités, comme la pêche nocturne, permettent de préserver les ressources. Madame Seif déclare : « Les récifs coralliens en bonne santé entourant Tumbatu forment des barrières naturelles, et réduisent les dommages causés par les tempêtes. » Les aînés, comme Mary Khatibu, continuent de transmettre ces pratiques de conservation importantes, préservant ainsi le niveau de ressources pour les générations futures de Zanzibar.

Il est tôt dimanche matin sur l’îlot de Tumbatu, au Zanzibar, une île au large de la côte est de la Tanzanie. Une senteur de poisson remplit l’air alors que les marées océaniques s’écrasent sur le littoral. Didah Seif, une fonctionnaire, descend dans une grotte souterraine, tenant une torche dans une main et un bidon en plastique dans l’autre. Cette source d’eau douce, protégée par des normes communautaires, a survécu aux impacts du changement climatique.

Madame Seif explique que des normes traditionnelles régissent l’utilisation des ressources sur l’île. Par exemple, l’approvisionnement en eau est autorisé uniquement le matin, et les activités humaines sont strictement interdites près des sources d’eau ou le long du littoral.

Elle déclare : « Il y a des récifs sains, des palétuviers et de l’eau douce parce que nous respectons ces normes. »

Zanzibar, qui regroupe les îles de Pemba et d’Unguja, fait partie de la République unie de Tanzanie. Les insulaires, comme madame Seif affirment que leurs normes culturelles jouent un rôle clé dans la conservation des ressources naturelles et l’atténuation des impacts du changement climatique.

Ces normes dictent le moment où les membres de la communauté peuvent accéder aux forêts, empêchant ainsi la destruction des ressources naturelles. Les activités, telles que la pêche nocturne, les lotissements sauvages et la pratique de l’agriculture sur les îlots sont interdites. Madame Seif explique qu’il est interdit aux femmes et aux jeunes de couper les palétuviers pour se procurer du combustible ou la construction, afin de protéger les arbres qui contribuent à réduire l’érosion côtière.

Madame Seif travaille au département de la conservation marine de Zanzibar et est également une plongeuse certifiée. Elle note que les règles traditionnelles limitent les pratiques de pêches nocives, telles que l’utilisation de filets à petites mailles qui endommagent les récifs coralliens, et épuisent les stocks de poissons.

Les récifs coralliens, les stocks de poissons et l’eau douce sont importants pour les communautés de Zanzibar. Elle déclare : « Les récifs coralliens sains autour de Tumbatu servent de barrières naturelles, et réduisent ainsi les dommages causés par les tempêtes, en plus de prévenir l’intrusion de l’eau salée. La communauté profite également de l’eau douce provenant des grottes, grâce à ces pratiques. »

Khadija Juma, une fonctionnaire de l’île voisine de Pemba, raconte les légendes concernant les sanctions qui accompagnent la violation des règles. Elle déclare : « Les étrangers qui entrent seuls dans les forêts risquent d’être blessés, de disparaître mystérieusement ou de rencontrer des créatures étranges. » Ces croyances sont transmises d’une génération à l’autre, encourageant ainsi le respect des règles.

Samira Makame est garde forestière au ministère de l’Agriculture et des Ressources naturelles à Pemba. Elle note que les normes culturelles préservent les mangroves et les forêts, assurant ainsi la disponibilité des fruits, des légumes et des champignons toute l’année. Ces forêts procurent de l’ombre, réduisent la chaleur extrême et purifient l’air. Cependant, elle note les préjugés sexistes historiques qui empêchent les femmes d’accéder aux ressources forestières.

Elle déclare : « Pour pallier cela, nous avons formé des comités de gestion collaborative des forêts communautaires qui regroupent des hommes et des femmes. » Nous avons fait cela dans le cadre d’un effort délibéré des organisateurs et des organisatrices de promouvoir l’égalité des genres, la diversité et l’inclusion.

Dans le cadre d’accords, les membres de la communauté délimitent des zones particulières dans la forêt pour leurs besoins tout en appliquant des lignes directrices de conservation. Cette initiative a facilité l’accès des femmes aux ressources essentielles, comme les fruits, les légumes et le poisson.

Malgré ces succès, les influences modernes remettent en question les pratiques traditionnelles. Madame Makame raconte que les jeunes ignorent de plus en plus les normes culturelles. Pour contrer cela, les communautés ont adopté des règlements intérieurs visant à sanctionner les contrevenants et les contrevenantes, et assurer ainsi le respect des pratiques de conservation.

Mary Khatibu, géographe à l’Université d’État de Zanzibar, soutient que le partage de savoir intergénérationnel demeure essentiel. Les anciens de Tumbatu enseignent aux jeunes générations les normes de conservation et leur implication.

Elle explique : « Par exemple, l’interdiction de l’approvisionnement en eau dans les grottes la nuit empêche la contamination. » Les anciens prodiguent également aux communautés des conseils sur les meilleurs moments pour aller chercher l’eau et le moment où l’eau souterraine devient saline.

Madame Khatibu ajoute que les pratiques saisonnières, telles que la fermeture des récifs de poulpes pendant trois mois pour leur permettre de se multiplier, renforcent encore la durabilité. Elle ajoute : « Durant des saisons spécifiques, les pêcheurs restent à terre, rencontrent les anciens et élaborent des solutions pour les défis océaniques. »

Pour madame Seif, la symbiose entre les normes culturelles, les connaissances locales et les techniques modernes est fondamentale face au changement climatique. Elle déclare : « Ces pratiques protègent l’environnement, améliorent les moyens de subsistance et réduisent les impacts du changement climatique. »