Zambie : Des règlements aident les agriculteurs à pratiquer l’agriculture de conservation

| juillet 31, 2017

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Lorsque l’époux ivrogne de Tasila Tembo l’abandonna en lui laissant quatre enfants à charge, elle n’eut pour seule option que de cultiver pour gagner sa vie. Toutefois, elle n’avait pas les moyens d’acheter des engrais.

Par conséquent, elle adhéra à une association d’agriculture de conservation de son village avec laquelle elle apprit à conserver le sol et produire des denrées sans utiliser des engrais coûteux.

Madame Tembo vit dans le village de Rukuzhye, dans la région de l’est du chef Chanje, en Zambie. Avec d’autres membres du groupe, elle a appris les techniques de l’agriculture de conservation grâce à Miriam Phiri, la meilleure agricultrice de la région.

Madame Phiri affirme que pour les agriculteurs et les agricultrices qui pratiquent l’agriculture de conservation, le plus important c’est de perturber le moins possible le sol, d’alterner les cultures principales et de garder les résidus de culture dans les champs. La récupération de l’eau, l’utilisation du fumier de compost et les pratiques agroforestières sont également avantageuses.

Madame Phiri déclare : « Lorsqu’on les laisse dans le champ et qu’on les étale uniformément sur le sol, les résidus de culture protègent le sol des rayons du soleil et du vent. »

Elle explique qu’en saison pluvieuse, les eaux de pluie peuvent lessiver le sol. Mais les résidus de culture évitent non seulement que la terre soit emportée, mais elles réduisent également la quantité d’eau qui s’évapore du sol. En conséquence, les cultures peuvent profiter de l’humidité du sol plus longtemps.

Elle déclare aux membres du groupe que, lorsque les résidus de culture se décomposent, ils se mélangent à la terre, et améliorent sa texture et sa fertilité. Cela représente un avantage particulier pour les agriculteurs et les agricultrices comme Mme Tembo qui n’ont pas les moyens d’acheter des engrais.

Toutefois, Mme Tembo a rencontré des difficultés lorsqu’elle s’est lancée dans l’agriculture de conservation. Quand l’herbe séchait, les gardiens de troupeaux incendiaient les buissons pour chasser les souris. Et chaque fois qu’elle laissait les résidus de culture dans son champ, les garçons laissaient le bétail paître librement. Lorsque les bêtes entraient dans son champ, leurs sabots ameublissaient la terre et une grande partie de la couche arable était balayée par des vents violents. Le peu de terre meuble qui restait était emporté par les premières fortes pluies, laissant un sous-sol pauvre qui avait besoin d’engrais chimique pour produire de bons rendements.

Mme Tembo s’est plainte auprès des propriétaires de bétail, et leur a demandé de limiter les déplacements de leurs animaux et de cesser de brûler les champs, mais ses plaintes n’ont servi à rien.

Après s’être débattue pendant des années, en 2012, Mme Tembo fit part de ses soucis aux autres membres du groupe de paysans pratiquant l’agriculture de conservation. À son étonnement, plusieurs étaient confrontés aux mêmes difficultés.

Lorsque la meilleure agricultrice entendit cela, elle aida les membres du groupe à solliciter Chef Chanje.

Le chef invita les meilleurs des agriculteurs et des agricultrices, ainsi que l’agent(e) de vulgarisation à former un comité afin d’établir des directives et des règlements afférents à l’agriculture de conservation pour la région.

Ce comité était formé d’hommes et de femmes possédant du bétail, et ceux et celles qui n’en ont pas.

Les directives stipulent que les propriétaires de bétail doivent respecter le bien-être des agriculteurs et des agricultrices ne possédant pas de bétail, et vice versa. Mme Tembo siégeait au comité, et elle s’assurait que les directives et les règlements étaient équitables pour les agriculteurs et les agricultrices de conservation comme elle.

Ces directives interdisent toute forme de pâturage libre. Elles exigent également des paysans et des paysannes possédant des bœufs et des chèvres d’employer des bergers responsables pour s’assurer que leurs bêtes broutent uniquement sur des aires particulières, loin des champs des agriculteurs et des agricultrices.

Les propriétaires d’animaux qui mangent les cultures, les résidus de culture ou même les arbres se trouvant dans le champ, le potager ou le lot boisé d’une personne paient une amende équivalent aux dégâts causés. Le non-paiement des amendes entraîne une confiscation des bêtes qui sont par la suite conduites au palais du chef.

Mme Tembo affirme qu’au début les cultivateurs et les cultivatrices qui élèvent des animaux ne se respectaient pas les directives, car ils pensaient que celles-ci favorisaient les cultivateurs et les cultivatrices sans bétail. Mais Chef Chanje a signé les règlements, et a envoyé des exemplaires au chef de chaque village. Le comité a mis en place une commission de discipline pour appliquer les règlements.

Mme Tembo déclare : « Les effets des règlements se sont fait sentir immédiatement, je peux désormais laisser les résidus de culture dans mon champ sans craindre que des bestiaux viennent les consommer. »

Elle est parvenue aussi à utiliser les résidus de culture pour fabriquer du compost. Elle ajoute : « J’en ai répandu également sur tout mon champ, pour qu’à l’arrivée des pluies, ces résidus constituent du paillis qui protège le sol contre l’érosion et améliore sa capacité à retenir l’humidité. De ce fait, malgré les maigres pluies reçues durant la saison 2012/13, j’ai pu obtenir des rendements plus élevés. »

En fait, beaucoup de membres de son groupe d’agriculture de conservation ont eu de bons rendements. Lorsque les agriculteurs et les agricultrices des chefferies voisines réalisèrent à quel point les règlements étaient efficaces pour le contrôle du pâturage, ils pressèrent leurs chefs d’intervenir.