Swaziland : La culture de marijuana permet aux veuves de subvenir aux besoins de leurs petits-enfants orphelins

| juin 1, 2015

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*Note de la rédaction : les noms ont été changés pour des raisons de sécurité

Angela Dlamini* s’enfonce dans la forêt située non loin de chez elle. Après une heure de longue marche, elle commence à récolter ses plants de marijuana qui dégagent une odeur très forte.

La femme de 60 ans fait partie d’un groupe de plus de deux mille veuves swazies âgées qui cultivent clandestinement ce qu’elles appellent « l’or swazi. » Non seulement la marijuana a des vertus efficaces, mais elle rapporte également beaucoup d’argent.

Mme Dlamini sait que ce qu’elle fait est illégal, mais elle croit qu’elle n’a pas trop le choix.

Elle raconte : « Mon unique fils est mort du VIH en 2012, de même que sa femme. Il m’a laissé six orphelins à élever. » Des larmes lui montent aux yeux. Elle ajoute : « Si je cultive du maïs, je n’obtiendrai que [4 $US] par sac. Rien que pour leurs frais de scolarité, mes petits-enfants ont besoin de [80 $US]. »

Jikela Ngele est sociologiste à Oxfam, au Swaziland. Elle explique : « La vie est très dure pour ces grands-mères, et parfois même, la police fait semblant de ne pas voir leurs champs de marijuana. »

Le marché de l’or swazi est prospère dans le pays voisin de l’Afrique du Sud. Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’Afrique du Sud est le marché le plus florissant des drogues illicites en Afrique.

Teko Siwela* est une autre productrice de marijuana. Elle a commencé à en cultiver en 2013. Ses deux filles sont décédées en 2011 à la suite de complications liées au VIH. Un de ses petits-enfants est né avec le virus et doit se rendre tous les mois à l’hôpital pour des visites. Mme Siwela déclare : « Elles ont laissé derrière elles quatre orphelins. Les enfants pleurent toujours de faim. Que puis-je faire? Si je cultive des carottes ou des pois, les singes sauvages les déterreront. »

Le Swaziland est un petit royaume avec une population de moins d’un million et demi d’habitant(e)s. L’État n’offre aux vieilles femmes et aux orphelins aucune subvention au bien-être social.

Gretta Nolwazi est économiste à la Fédération des syndicats du Swaziland. Elle déclare : « Chaque récolte de marijuana rapporte des bénéfices convenables de 700 $. Cela représente beaucoup d’argent pour ces pauvres grands-mères. »

Mme Dlamini connaît bien la culture. Elle peut récolter plus de 20 kilogrammes sur son champ. Pendant qu’elle verse un pichet de lait à boire à sa petite-fille de quatre ans, elle déclare : « Je ne suis pas une criminelle. Tous les profits de ma marijuana sont engloutis par les frais de scolarité, la nourriture et les médicaments de ces orphelins. »